Sarkozy se veut le "candidat du peuple"

Le président Nicolas Sarkozy s'est attaché le 19 février à peaufiner une image de "candidat du peuple", protecteur face à la crise et défenseur des valeurs identitaires.

Le candidat de la droite, Nicolas Sarkozy, le 19 février à Marseille.

Devant quelque 10.000 sympathisants brandissant des drapeaux tricolores dans une vaste salle d'un parc de Marseille (Sud-Est), le candidat de la droite, 57 ans, a commencé par dire qu'il était "venu parler de la France" qu'il "aime". "Je veux être le candidat du peuple de France. Je ne serai pas le candidat d'une petite élite contre le peuple", a-t-il lancé, défendant ainsi le référendum auquel il veut recourir notamment sur "le contentieux de l'immigration" et "la formation des chômeurs".

Le candidat a expliqué à une salle conquise s'adresser à ceux qui pensent que se tourner vers le peuple, "c'est du populisme, parce qu'au fond d'eux-mêmes ils trouvent que le peuple n'est pas assez raisonnable, pas assez intelligent pour qu'on lui demande son avis". Dès le 16 février à Annecy (Est), lors de son premier meeting, Nicolas Sarkozy s'était présenté en défenseur du "peuple" face à "l'entre-soi des élites", s'attirant des railleries de l'opposition, qui n'avait pas manqué de rappeler l'image d'un président fêtant sa victoire de 2007 au Fouquet's, restaurant chic des Champs-Élysées, ou adoptant comme première grande réforme un "bouclier fiscal" protecteur "pour les riches".

Le 14 février dans des propos au journal britannique The Guardian, le candidat socialiste François Hollande, que les sondages donnent largement vainqueur à deux mois du premier tour, avait tenté de tempérer les craintes de la finance à son égard, affirmant que la gauche, lorsqu'elle avait été au pouvoir en France, avait libéralisé l'économie, alors qu'il avait désigné, quelques jours auparavant, le "monde de la finance" comme son "seul adversaire".

À Marseille, ville cosmopolite et terre d'immigration, fortement touchée par un chômage galopant, Nicolas Sarkozy a une fois encore dramatisé la situation, affirmant que la France touchée par la crise de 2008 avait "échappé à une catastrophe". "Toutes les banques du monde ont failli disparaître (...), vos emplois étaient menacés. Nous avons réussi à empêcher cette catastrophe", s'est-il félicité, se posant en garant d'un État protecteur pour les Français face aux dérives de la finance.

Dans la salle, Brigitte Gensollen, 54 ans, est venue avec son père, Daniel, 81 ans. "La France est en pleine crise, il faut soutenir notre président", dit-elle. Lui reconnaît que la reconquête "va être difficile", parce que "beaucoup ont été chiffonnés" après "un début de mandat catastrophique". Nicolas Sarkozy a réaffirmé l'ancrage à droite de sa campagne, défendant les valeurs identitaires de la France et agitant le spectre d'une dérive communautariste pour justifier son opposition au vote des étrangers (hors UE) aux élections locales --alors qu'il y était favorable il y a quelques années.

Enfin, il s'est prononcé pour l'introduction "à la marge" d'une dose de proportionnelle pour les élections législatives, jugeant que le mode de scrutin actuel, majoritaire à deux tours, tenait à l'écart de "grands courants de notre vie politique", en allusion à l'extrême droite.

AFP/VNA/CVN

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