Les trois dirigeants se retrouvaient à Deauville, station balnéaire sur la Manche, 20 ans après que la chute du mur de Berlin a marqué la fin de la guerre froide et un mois avant un important sommet de l'OTAN sur son avenir.
"Nous allons parler pour voir s'il est possible que la Russie et l'OTAN coopèrent mieux, car le temps de la Guerre froide est définitivement révolu", a indiqué samedi dernier Mme Merkel dans son message vidéo (podcast) hebdomadaire. "Le président russe a proposé une architecture commune de sécurité (...). Il s'agit de définir pas à pas une telle architecture - bien sûr dans un esprit de partenariat de tous les pays européens avec la Russie", a précisé la chancelière allemande.
La France veut voir dans les attitudes récentes du maître du Kremlin des raisons d'espérer. "La Russie semble redécouvrir les mérites d'une attitude coopérative avec les Occidentaux", euphémise un proche de Nicolas Sarkozy.
Paris salue ainsi la signature en avril 2009 du nouveau traité russo-américain Start de réduction des ogives nucléaires, la bonne coopération de Moscou sur le dossier afghan ou son application "scrupuleuse" des dernières sanctions onusiennes contre l'Iran.
Mais la France juge cette évolution encore "fragile". Et en veut pour preuve les rodomontades récurrentes de Moscou contre l'OTAN et son projet de bouclier antimissile ou ses relations toujours difficiles avec certains pays de son ancien bloc de l'Est comme les Baltes, la Moldavie ou la Roumanie.
Malgré ces difficultés, Nicolas Sarkozy comme Angela Merkel jugent le moment opportun pour tenter d'arrimer définitivement Moscou à l'Ouest.
Il y a deux ans déjà, le président français avait repris au bond l'idée russe d'un "nouveau pacte de sécurité" allant "de Vancouver à Vladivostok" en proposant la création d'un "espace économique, humain et de sécurité commun" entre la Russie et l'Union européenne.
Avant de dîner hier soir avec M. Medvedev, M. Sarkozy et Mme Merkel devaient avoir l'occasion d'harmoniser leurs positions lors d'un entretien bilatéral hier après-midi.
Les responsables occidentaux espèrent que le président Medvedev confirmera à Deauville qu'il viendra au sommet de l'OTAN à Lisbonne.
De son côté, Dmitri Medvedev compte profiter de son séjour normand pour défendre son projet de "traité européen de sécurité" et demander une nouvelle fois la suppression des visas pour les citoyens russes souhaitant entrer dans l'UE, selon son conseiller Sergueï Prikhodko.
Cette rencontre doit "faciliter l'établissement d'un monde multipolaire qui écarte la possibilité de toute domination par un seul et même pays", a résumé le Kremlin dans une déclaration.
AFP/VNA/CVN