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Une décharge de déchets plastique à Bombay, le 13 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après deux ans de débats, cette cinquième session du Comité de négociation intergouvernemental (CNI5), dans la ville côtière de Busan face au Japon, est censée déboucher le 1er décembre sur un texte "légalement contraignant" pour combattre la pollution.
Des chiffres clé : les émissions de gaz à effet de serre des plastiques, issus de produits pétroliers fossiles - qui dépassent déjà ceux du transport aérien - devraient "plus que doubler" d'ici 2060, à 4,3 milliards de tonnes de CO2, selon l'OCDE.
Produits majoritairement en Asie, les plastiques, légers, solides et pas chers, "substances miracle" au moment de leur émergence dans les années 1950, sont devenus des "substances éternelles", dénonce Sunita Narain, directrice générale du Centre pour les sciences de l'environnement de New Delhi.
Dégradés en micro puis nano-plastiques et accumulés au fond des rivières ou dans les sols, "ils sont littéralement devenus (...) le symbole de notre impossibilité à gérer les matériaux que nous avons créés", a-t-elle dit mardi 19 novembre lors d'une présentation à la presse.
"Moment de vérité"
Les négociations durant ce marathon diplomatique de sept jours sont un "moment de vérité", a prévenu la directrice du programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), la danoise Inger Andersen, au début du mois.
"Busan peut et doit marquer la fin des négociations" a-t-elle ajouté.
Mais malgré le constat partagé par la communauté scientifique, la rédaction d'un traité international ambitieux - à l'unanimité selon les standards ONU - sera très difficile à tenir, selon plusieurs sources interrogées.
"Tout le monde veut la fin de la pollution plastique", mais nous avons besoin de "plus de convergence", a résumé Mme Andersen.
Des blocs solides et antagonistes ont émergé durant les quatre précédentes séances de négociation en Uruguay, en France, au Kenya et au Canada.
D'un côté, un groupe de pays dits de la haute ambition (Union européenne, Rwanda, Pérou..). Ils demandent que le futur traité couvre le plastique sur "toute sa durée de vie" et exigent une obligation de réduction de la production mondiale.
De l'autre, un groupe plus informel, dit "du même esprit" (like-minded en anglais), regroupe surtout des pays producteurs de pétrole, comme l'Arabie Saoudite ou la Russie.
Ils sont désireux de ne s'attaquer qu'à la deuxième partie de la vie des plastiques, lorsque le pot de yaourt ou le filet de pêche est devenu déchet.
Ce groupe ne souhaite parler que de recyclage et de gestion des flux de déchets, voire d'éco-conception, mais sans s'attaquer à la partie amont de la production liée à la pétro-chimie.
"Pas assez ambitieux"
Le document de travail, brouillon de traité de plus de 70 pages sur lequel s'appuient les délégués, a été critiqué. Trop long et trop d'avis divergents laissés entre parenthèses.
Le diplomate présidant les débats a publié un document alternatif plus resserré de 17 pages pour essayer de synthétiser les positions, y compris le besoin de promouvoir le réemploi des plastiques.
"Le texte n'est pas assez ambitieux", juge un diplomate européen requérant l'anonymat. "Il ne fait aucune référence à une réduction de production de plastique en se bornant à évoquer un +niveau soutenable+ de production", mais personne ne sait ce que cela veut vraiment dire, souligne-t-il.
"Une énorme majorité" de pays soutiennent des mesures légalement contraignantes portant sur toute la durée de vie des plastiques, estime Eirik Lindebjerg, qui suit les débats pour l'ONG WWF.
Selon lui, "c'est maintenant aux leaders de ces deux pays de livrer le traité dont le monde a besoin et de ne pas laisser une poignée de pays ou d'intérêts industriels arrêter" le processus.
AFP/VNA/CVN