Relance des négociations commerciales entre l'UE et le Mercosur

Une majorité d'États européens emmenés par la France ont exprimé le 17 mai leur inquiétude quant aux risques encourus par leur agriculture avec la relance de négociations commerciales entre l'UE et le Mercosur, officialisée le même jour à Madrid.

L'Union européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay) ont renoué le 17 mai des négociations en vue d'un accord commercial de libre-échange, qui étaient rompues depuis 2004 : les pays européens redoutaient alors une trop forte concurrence des produits agricoles et d'Amérique du Sud. Mais ces craintes ne sont pas pour autant apaisées aujourd'hui.

Particulièrement remonté, le ministre français Bruno Le Maire a rappelé que la France était "opposée" à ces pourparlers "qui se traduiront nécessairement par de nouvelles concessions au détriment des agriculteurs français et européens". "Je ne vois pas pourquoi l'agriculture serait toujours la variable d'ajustement des négociations commerciales en Europe", a-t-il déploré à son arrivée à Bruxelles.

La France a réuni autour d'elle 9 États jugeant "inacceptable" d'envisager de nouvelles concessions agricoles après celles offertes par la Commission européenne en 2008 dans le cadre des négociations dites du cycle de Doha de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), déjà considérées comme "une limite ultime" pour les agriculteurs européens.

Les Irlandais redoutent en particulier une concurrence accrue sur le segment du boeuf de haute qualité, et le ministre polonais a insisté sur les menaces que fait peser l'accord sur les volailles et le porc, selon une source diplomatique.

L'Autriche, la Roumanie, mais aussi Chypre, la Finlande, la Grèce, la Hongrie et le Luxembourg sont également sur la ligne française. Mais d'autres pays, comme la Belgique, la Lituanie, l'Italie, le Portugal, la Slovaquie et la Slovénie ont également exprimé leur préoccupation, selon un diplomate européen.

À l'inverse, la ministre espagnole Elena Espinosa, dont le pays préside l'UE, a défendu la reprise de ces négociations "très importantes" avec l'organisation économique sud-américaine.

Également favorables à des négociations, l'Allemagne ou les Pays-Bas ont insisté sur la nécessité de le faire "d'égal à égal, de façon équilibrée".

Pour la nouvelle ministre britannique Caroline Spelman a elle aussi estimé qu'un accord avec cet important partenaire commercial du Royaume-Uni pourrait être intéressant, à condition de "faire attention" à ses conséquences dans le secteur de la viande.

Le commissaire à l'Agriculture, Dacian Ciolos, a défendu le choix de l'exécutif européen, qui correspond à "l'intérêt économique de l'UE".

De fait, selon un haut fonctionnaire européen, ce dossier "est de loin le projet d'accord commercial le plus important de l'UE en Amérique latine".

Qui plus est, le Mercosur "est un bloc relativement protégé, avec des tarifs douaniers élevés, qui n'a aucun accord commercial préférentiel avec d'autres partenaires", a-t-il ajouté.

Le problème est effectivement qu'il compte "parmi les producteurs agricoles les plus compétitifs de la planète, spécialisés dans les mêmes produits que l'UE", reconnaît ce haut fonctionnaire.

En revanche, il représenterait des débouchés importants pour le secteur automobile européen, les pièces détachées, les produits chimiques, fait-on valoir à la Commission.

Dacian Ciolos a promis de se montrer "très vigilant". "Si conséquences il y a, il faudra être présents pour aider et soutenir" les filières concernées, a promis le commissaire européen.

AFP/VNA/CVN

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