Reconduite à la tête de la Commission, von der Leyen promet "une Europe forte"

Ursula von der Leyen a été largement reconduite jeudi 18 juillet par les eurodéputés pour un second mandat de cinq ans à la tête de la Commission européenne, promettant de faire de l'industrie, de la Défense ou encore du logement ses priorités.

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Ursula von der Leyen au Parlement européen à Strasbourg (France) le 18 juillet, après son élection pour un nouveau mandat de cinq ans à la présidence de la Commission européenne.
Photo : AFP/VNA/CVN

Devant le Parlement européen réuni à Strasbourg, elle a plaidé pour une "Europe forte" dans une "période de grande anxiété et d'incertitude" et pour défendre la démocratie contre "manipulations de l'information et ingérences étrangères".

"C'est un moment très émouvant (...) la reconnaissance du travail difficile accompli, nous n'avons pas ménagé nos peines face aux turbulences les plus fortes qu'ait jamais connues l'UE", a réagi la dirigeante conservatrice.

Devenue en 2019 la première femme à prendre la tête de l'exécutif européen, l'ex-ministre allemande s'est imposée à travers les crises.

Face au COVID-19, elle a piloté un gigantesque plan de relance financé par un endettement commun inédit.

Prônant de longue date une "Commission géopolitique", elle se veut gage de stabilité face aux tensions géopolitiques et s'est engagée à muscler massivement les investissements dans l'industrie de défense, avec un commissaire dédié.

Dans un long discours, elle s'est efforcée de répondre avant le vote aux attentes contradictoires des divers groupes.

L'eurodéputé français Jordan Bardella, président du groupe "Patriotes pour l'Europe", écoute le discours de Mme von der Leyen le 18 juillet à Strasbourg.
Photo : AFP/VNA/CVN

À l'issue d'un vote à bulletins secrets, elle a obtenu 401 votes de soutien, nettement au-delà de la majorité absolue (361) dont elle avait besoin. Elle avait décroché fin juin le feu vert des Vingt-Sept.

Sa reconduction démontre "notre capacité d'agir dans l'UE", a salué le chancelier allemand Olaf Scholz.

"Pragmatique"

À l'actif de son premier mandat : le paquet tentaculaire du Pacte vert pour décarboner industrie et transports, mais accusé d'imposer aux entreprises et agriculteurs un "fardeau" réglementaire.

Tout en préconisant son application "pragmatique", elle affiche d'ambitieuses priorités socio-environnementales : objectif climatique 2040 (-90% d'émissions), "plan logement abordable" avec commissaire chargé de cette question, protection des ressources d'eau...

Avec pour mot d'ordre "la compétitivité", elle promet de renforcer les investissements dans les industries critiques pour la transition.

Mme von der Leyen a aussi réaffirmé sa défense de l'usage de carburants automobiles synthétiques après 2035 et insisté sur les intérêts des agriculteurs, revendications-clés des élus conservateurs.

Suite aux élections de juin, le Parti populaire européen (PPE, droite), dont elle est issue, reste la première force avec 188 eurodéputés, contre 136 sociaux-démocrates (S&D) et 77 libéraux (Renew) -une vaste coalition majoritaire à eux trois.

Mais pour parer aux défections attendues -les libéraux allemands du FDP et les conservateurs français des Républicains entre autres-, Ursula von der Leyen lorgnait aussi les écologistes (53 sièges), promettant "adaptation climatique" et "pacte pour l'océan". Le groupe Verts a annoncé la soutenir -sans les écologistes français.

Des responsables Renew, Verts et S&D ont cependant averti que leur soutien n'était pas "un chèque en blanc", attendant des concrétisations politiques dans la durée.

Bataille sur les commissaires?

Enfin, après le Pacte asile et migration adopté mi-mai, Mme von der Leyen entend renforcer Frontex, l'agence de l'UE chargée des frontières, et tripler le nombre de garde-frontières et garde-côtes.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'exprime devant le Parlement européen à Strasbourg le 18 juillet.
Photo : AFP/VNA/CVN

Des gages donnés au PPE, mais aussi au groupe d'extrême droite ECR associé à la dirigeante italienne Giorgia Meloni.

Ursula von der Leyen, qui a proposé un commissaire chargé du "voisinage méditerranéen" susceptible de plaire à Rome, ne négligeait pas l'éventuel soutien d'une partie des 78 élus ECR, même si toute coopération assumée reste une ligne rouge pour les libéraux, socialistes et Verts.

L'autre groupe d'extrême droite, Patriotes pour l'Europe, réunissant Rassemblement national (France) et Fidesz (Hongrie) avec des positions réticentes au soutien à l'Ukraine, demeure exclu de toute majorité.

Mère de sept enfants, un temps considérée comme dauphine d'Angela Merkel en Allemagne, Ursula von der Leyen s'est finalement imposée à Bruxelles, ville qui l'a vue naître et grandir jusqu'à l'adolescence.

Elle s'appuie sur un cercle très restreint, mode de fonctionnement peu collégial qui lui a valu des critiques sur son opacité et de vives tensions avec le président du Conseil européen Charles Michel, qui représente les Vingt-Sept.

Les membres de sa future Commission, choisis par les États membres, seront auditionnés par les eurodéputés à l'automne, avec l'exigence de Mme von der Leyen d'y compter autant d'hommes que de femmes.

"Nous avions deux lignes rouges : aucune compromission avec l'extrême droite, pas de retour sur le Pacte vert (...) cela ne veut pas dire que derrière, il n'y aura pas de match extrêmement dur sur les commissaires" et la répartition des portefeuilles, prévient l'eurodéputé français S&D Raphaël Glucksmann.

AFP/VNA/CVN

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