Quelles solutions contre la crise de la main-d'œuvre à Hô Chi Minh-Ville ?

Grand pôle économique, culturel et technoscientifique du pays, Hô Chi Minh-Ville a d'immenses besoins en main-d'oeuvre qualifiée, auxquels répond difficilement un système de formation encore mal ajusté aux besoins réels du marché du travail. Une entrave sérieuse au développement socio-économique de la mégapole.

Avec 7 millions d'habitants, dont plus de 3 millions de travailleurs, Hô Chi Minh-Ville est la localité la plus peuplée du pays. Selon Trân Anh Tuân, directeur adjoint du Centre de prévisions des besoins en main-d'œuvre et d'information sur le marché du travail, "la croissance démographique annuelle de cette ville est d'environ 2,9%, tandis que celle des ressources humaines est de 3,3-3,5%. Malgré cela, Hô Chi Minh-Ville doit actuellement faire face à un manque de main-d'œuvre bien formée".

Pour 2009 et 2010, la ville a besoin de 270.000-280.000 travailleurs supplémentaires par an. "Beaucoup d'entreprises de transformation du bois et des produits aquatiques destinés à l'exportation n'arrivent pas à recruter suffisamment d'employés répondant à leurs critères. C'est dommage, car leurs besoins sont très importants", déplore l'agrégé Nguyên Ðình Ly, directeur du Centre d'assistance aux étudiants et aux relations interentreprises, relevant de l'École supérieure d'agriculture et de sylviculture de Hô Chi Minh-Ville. Selon lui, "ces entreprises doivent recourir aux établissements de formation professionnelle et payer des frais élevés, mais la situation n'évolue guère".

D'après le prof.-Docteur Hoàng Van Châu, recteur de l'École supérieure de commerce extérieur de Hô Chi Minh-Ville, les statistiques prouvent que la ville se heurte actuellement à une "grave pénurie de main-d'œuvre qualifiée". Selon les prévisions pour la seule municipalité, en 2010, le secteur banco-financier aurait besoin d'embaucher 70.000 personnes ; celui des technologies de l'information, 30.000 ; ceux du tourisme et de l'hôtellerie, 28.500 ; alors que le nombre de diplômés dans ces secteurs serait d'environ, respectivement, 7.320, 5.660 et 1.850.

Le problème de la main-d'oeuvre locale n'est pas seulement d'ordre quantitatif, il est aussi, et c'est beaucoup plus grave, d'ordre qualitatif. Les entreprises ne cessent de se plaindre de cette situation. "Les écoles de formation ne fournissent pas ce dont la société et les entreprises ont besoin", constate Pham Thi Thu Huong, directrice des ressources humaines de la compagnie Robert Bosch Vietnam. Et de relever les lacunes en termes de conscience professionnelle, de compétences, de capacité de travailler en groupe et, surtout, de niveau en langues étrangères. Partageant ce point de vue, le Docteur Nguyên Xuân Thu, directeur général de la Compagnie de conseils, d'investissement et de développement de l'éducation Viên Ðông, estime que les étudiants sont en général dépourvus de savoir-faire, de perspicacité, d'esprit d'initiative et de capacité de communication, considérant même que "l'incapacité de manier une langue étrangère concerne 70% d'entre eux".

Pour Lê Thi Thanh My, chef adjointe de la zone high-tech de Hô Chi Minh-Ville, "les entreprises ont besoin d'étudiants excellents, aptes au travail dès leur sortie de l'école. Mais, en réalité, seulement environ 5% des frais émoulus en sont capables".

C'est un fait : le taux de travailleurs qualifiés dans la mégapole du Sud reste étonnamment bas. "Seulement un tiers de la main-d'œuvre", évalue Nguyên Thanh Tùng, directeur du Centre d'offre d'emplois pour les zones franches et industrielles de Hô Chi Minh-Ville.

Vers un rapprochement écoles-entreprises

Le développement des ressources humaines s'avère plus important que jamais pour l'essor socio-économique de Hô Chi Minh-Ville. Les difficultés actuelles sont la résultante du manque d'informations au sein des universités concernant les besoins concrets des différents secteurs économiques.

Selon l'agrégé Nguyên Ðình Ly, il faut mettre l'accent sur le travail de prévision des besoins du marché de l'emploi, à court, moyen et long termes. "Ces informations contribueront à remédier à l'inadéquation entre l'offre et la demande, de même qu'au déséquilibre entre secteurs, avec pénurie de travailleurs pour certains et surplus pour d'autres", explique-t-il.

Pour sa part, le prof.-Docteur Hoàng Van Châu propose aux écoles de développer des programmes de formation axés sur les connaissances pratiques, le savoir-faire professionnel et les langues étrangères. Il s'agit aussi de renforcer le partenariat écoles-entreprises en invitant ces dernières à participer à l'enseignement et en organisant pour les étudiants des stages en entreprises où ils pourront se confronter aux réalités du monde du travail. De plus, "l'État devrait élaborer des politiques incitatives pour que les entreprises puissent mieux contribuer au perfectionnement du système d'éducation et de formation, plus investir dans l'enseignement supérieur et technique. Sans oublier de proposer de nouveaux mécanismes et politiques pour attirer les travailleurs qualifiés", estime-t-il.

Pour le vice-ministre permanent du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales, Ðàm Huu Ðac, bien que la main-d'œuvre au Vietnam soit abondante, sa qualité ne répond pas aux besoins actuels, faute de liens forts entre établissements de formation et acteurs économiques. Alors, conclut-il, "il faut développer la coopération entre les écoles et le tissu économique. Ce partenariat entre écoles et entreprises s'avère en effet indispensable pour adapter la formation aux besoins du marché du travail, de la société et améliorer la qualité des ressources humaines".

Hông Nga/CVN

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