Quelle université pour le 21e siècle ?

Le pays compte actuellement près de 380 écoles supérieures et celles à deuxième degré en activité, soit 3,7 fois de plus qu'il y a 2 décennies. Si le nombre d'étudiants a été multiplié par 13, celui d'enseignants n'a que triplé. "On peut vraiment parler de crise du corps enseignant en ce moment dans les universités vietnamiennes", estime Duong Trung Quôc, secrétaire général de l'Association des sciences et de l'histoire du Vietnam, à l'issue d'un colloque international récemment organisé à Hô Chi Minh-Ville, sur le thème "Quelle université pour le 21e siècle ?"

Ce séminaire s'est déroulé à l'initiative du Centre de recherche et de développement de l'éducation Trí Viêt et de la fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l'homme (FPH). Selon le directeur général de cette dernière, Pierre Calame, professeur d'une université américaine, ce thème a aussi été discuté au Brésil il y a quelques années, le gouvernement brésilien ayant affiché sa volonté d'engager une profonde transformation de l'université. Et le ministre de l'Éducation de ce populeux pays d'Amérique du Sud a estimé que "l'univer- sité du 21e siècle sera citoyenne, responsable et solidaire". Elle devra reposer sur un nouveau contrat avec la société. Sa construction appelle une stratégie de changement en réseau.

Lors de cette conférence internationale au Brésil, P. Calame a souligné la nécessité et l'urgence de définir un nouveau contrat social entre l'université et la société. Il a décrit les grandes lignes de ce nouveau contrat en s'appuyant sur la définition de la responsabilité telle qu'elle ressort de la Charte des responsabilités humaines. Il en découle que l'engagement de cette responsabilité doit se faire à 4 niveaux : les universitaires, les universités, les États et la communauté mondiale des universitaires.

Cette responsabilité a 2 grandes dimensions : la formation des futures élites à la gestion des relations et l'implication dans les affaires de la cité. Mais il ne suffit pas que les objectifs soient clairs, il faut concevoir une stratégie de changement construite dans la durée et à ces différents niveaux, en constituant des alliances de "partisans de la réforme".

La création de nouvelles universités est l'occasion de proposer les fondements, l'enseignement de la pédagogie de l'université du 21e siècle. Elle part de la compréhension du monde à venir et des mutations nécessaires pour identifier ce qu'on attendra des futures élites. De là, elle déduit le cahier des charges de la formation. Et elle conclut en soulignant l'enjeu que représentent, pour le succès de la démarche, la sélection et la formation du corps enseignant.

Mais "qui formera les formateurs ?" Le professeur Pierre Calame a rappelé une citation d'Edgar Morin, un sociologue et philosophe français. Selon M. Calame, la sélection des professeurs d'université conditionnera le succès. Cette procédure devra attacher de l'importance à l'adhésion au nouveau projet d'université et non aux seuls mérites universitaires, et le corps enseignant devra comporter une bonne proportion de professionnels désireux de partager leur expérience.

Quel enseignement supérieur au 21e siècle ?

Un panel exceptionnellement large d'universitaires a débattu de cette question lors du colloque international à Hô Chi Minh-Ville.

La question de l'université dans ses relations avec les communautés locales et internationales a été soulevée, à la fois pour les services que les universités sont amenées à dispenser auprès de ces communautés, mais aussi dans leurs apports réciproques pour le renforcement de leurs identités et projets respectifs. À l'échelle des nations et plus encore des régions ou du monde, "il n'existe pas de droit sans responsables pour en créer les conditions. C'est parce que nos sociétés sont interdépendantes et que notre interdépendance s'est étendue à l'échelle planétaire que nos responsabilités ont changé de nature", estime Pierre Calame, directeur général de la fondation Charles Léopold Mayer.

De l'avis des universitaires présents, ce champ universitaire multidimensionnel, en proie à de nouvelles interactions, nécessite plus que jamais la recherche d'une éthique universelle de la responsabilité ou, du moins, la mise en regard d'évolutions comparées dans cette recher-che. Les universités ont par essence pour mission de contribuer à cette recherche. Face à de tels enjeux planétaires, la possibilité pour elles de se constituer en réseaux thématiques, disciplinaires ou d'intérêt, offre en particulier une voie collégiale pour leur propre intégration internationale, mais répond aussi, dès à présent, à une attente et à des défis essentiels pour l'ensemble de la communauté internationale.

Huy Quang/CVN

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