Quand le musée soigne son entrée

Au Vietnam comme ailleurs, la clé du succès des musées réside dans leur faculté à proposer une nouvelle conception de l’exposition et de la présentation des collections au moyen de techniques qui leur sont propres. Certains établissements sont en cela très inspirants.

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Musée d’ethnographie du Vietnam, Musée des femmes du Vietnam, Musée d’histoire du Vietnam, Musée de la sculpture Cham, Musée de Dak Lak, Musée des vestiges de la guerre, Musée de la nature du Vietnam... Autant de noms fréquemment mentionnés par les touristes grâce à la vision novatrice de ces institutions incluant l’architecture, les installations, l’organisation, les techniques et technologies, des paramètres aujourd’hui essentiels face aux exigences nouvelles du public.

Un spectaculaire tyrannosaure accueille les visiteurs à l’entrée du Musée de la nature du Vietnam, à Hanoi.
Photo : Dac Giang/VNA/CVN

Changer de look pour changer de vie

Il y a dix ans, le musée était principalement un lieu pour étudiants et cadres qui venaient y chercher des documents pour leurs recherches. Mais dès qu’ils se sont rendus compte de l’efficacité de certains projets de rénovation menés tambour battant par le biais de la coopération internationale, les responsables des musées précités n’ont pas tardé à se frayer un chemin pour échapper aux subventions étatiques.

Selon la vice-ministre de la Culture, des Sports et du Tourisme, Ðang Thi Bích Liên, les aspects opératoires du musée ne se limitent pas seulement à des fins d’études et/ou de sensibilisation au patriotisme des habitants. Ils contribuent aussi à attirer les visiteurs nationaux et étrangers, dans l’optique d’augmenter sensiblement les recettes touristiques. «Au cours de ces dernières années, les musées vietnamiens ont étendu leurs relations de coopération avec de nombreux pays, organisations et musées du monde. Des expositions sur le patrimoine culturel du Vietnam ont été organisées en collaboration avec des partenaires étrangers tels que la Russie, les États-Unis, la France, la Belgique, Singapour, la Suède, la Chine, la République de Corée, le Japon... Ces expositions ont permis à la planète entière de découvrir toute la richesse culturelle du Vietnam et sa diversité», indique-t-elle.

Nguyên Thi Bích Vân, directrice du Musée des femmes du Vietnam, estime qu’en fixant des objectifs et des lignes directrices aux musées, les experts étrangers prennent en compte non seulement le rapport à l’objet, à son exposition et au lieu, mais aussi le rapport au public. Selon la méthode traditionnelle, une fois agrémentés d’une étiquette, ces documents et images sont implicitement considérés comme appartenant au passé. «La façon de raconter une histoire à travers chaque document, chaque objet a été un tournant dans ma profession. Les 25.000 objets du Musée des femmes du Vietnam racontent chacun une histoire», explique Mme Bích Vân.

Un concept, une histoire, un public

Changer la manière de présenter la documentation a métamorphosé l’atmosphère du Musée des femmes vietnamiennes. Pour le meilleur, puisque cette nouvelle approche lui a permis de figurer dans le top 3 des musées les plus fréquentés au Vietnam deux ans après sa mise à niveau, selon TripAdvisor.

Partageant le même point de vue que les personnes formées par des muséologues internationaux, le Pr.-Dr. Vo Quang Trong, directeur du Musée d’ethnographie du Vietnam, pense que «musée ne rime pas avec "vieux"». Une fois dans son établissement, les visiteurs peuvent non seulement admirer les expositions, mais aussi participer à des jeux populaires, produire des objets artisanaux sous le regard avisé des artisans mis à disposition, et profiter de spécialités locales lors des fêtes et autres festivals. «Notre musée donne de l’importance au rapport au public en proposant des histoires contemporaines, des questions d’actualité. Cette nouvelle vision prouve que le musée "vivant" est le modèle incontournable pour le développement durable du pôle muséal», affirme, convaincu, Vo Quang Trong.

Autre attrait du Musée d’ethnographie du Vietnam, le fait qu’outre les légendes photos captivantes, les informations sont traduites en neuf langues pour faciliter la visite du plus grand nombre d’étrangers possible.

Un musée plus vivant est la clé pour attirer les futures générations.
Photo : Dang Huê/CVN

En dix ans, 22 musées provinciaux et municipaux ont procédé à leur rénovation et leur modernisation dans la construction, l’aménagement et l’exposition que ce soit à Hanoi, Nam Dinh (Nord), Nghê An, Ninh Thuân (Centre) ou encore Soc Trang (Sud).

Lê Ngoc Thuy, directrice adjointe du Centre de recherche, de soutien et de développement de la culture (A&C), applique depuis de longues années le programme «Cours d’été de recherche et de pratique muséales», financé par la Fondation Ford. D’après elle, cette méthode élaborée par des experts étrangers devrait donner un sérieux coup de pouce aux musées subventionnés par l’État à changer de look. «Ce ne sont pas les directeurs renommés mais bien la nouvelle approche avec les objets qui permet d’aider les musées vietnamiens à se sortir du bourbier», insiste Mme Thuy.

Pour la vice-ministre Ðang Thi Bích Liên, le réseau muséal national se développe de plus en plus, les responsables donnant non seulement de l’importance à la modernisation de la forme, mais aussi plus de poids au contenu. Et de conclure : «Plusieurs musées sont devenus des destinations attrayantes, menant à bien leurs missions d’éducation à la tradition, d’amélioration des connaissances culturelles et scientifiques du public, tout en contribuant de manière significative à la mission d’édification et de développement socio-économique».

Huy Quang/CVN

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