La lutte s’intensifie contre l’abus d’alcool

Conscient des conséquences de l’abus des boissons alcoolisées, le gouvernement durcit le ton. Les mesures s’articulent autours de la prévention et de la prise en charge médicale des alcooliques. Mais c’est sans oublier l’adoption d’un arsenal plus répressif, notamment sur les routes.

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Au Vietnam, les buveurs sont pour l’essentiel des hommes.
Photo : CVN

Lors d’une récente interview accordée à la presse, le vice-ministre de la Santé, Nguyên Thanh Long, s’est alarmé de la consommation galopante de boissons alcoolisées au Vietnam, et plus particulièrement de la bière. «Au cours de ces dix dernières années, la consommation de bière a connu une hausse impressionnante de 200%. Parmi les 90% hommes buveurs, le quart en boit abusivement», précise le vice-ministre.

Pour rappel, un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) classe le Vietnam comme le 3e pays consommateur de bière en Asie, juste derrière le Japon et la Chine. Le résultat est pire pour l’alcool fort : le pays est numéro un en Asie du Sud-Est. Le rapport signale que les hommes constituent pour l’essentiel les buveurs, et que la consommation excessive touche un nombre croissant de jeunes (voir N023).

Éradiquer l’alcoolisme chez les jeunes

Le gouvernement est bien conscient des conséquences dramatiques, tant sur le plan personnel que sociétal, engendrées par l’abus de boisson. En 2014, il a approuvé le Programme national sur la lutte et la prévention des conséquences de l’abus des boissons alcoolisées, misant sur un message fort pour protéger les Vietnamiens. Il a entre autres renforcé le cadre juridique dans la prévention et la lutte contre l’alcoolisme, ou encore décidé de mettre progressivement fin à la commercialisation de produits dont la qualité et l’origine ne peuvent être vérifiées et attestées.

Le gouvernement table de ramener de 10% pour la période 2013-2016 à 6,5% entre 2017-2020 le taux des consommateurs excessifs âgés de plus de 18 ans et de limiter l’accès aux boissons alcoolisées chez les moins de 18 ans. On recommande également aux fonctionnaires, mais également aux ouvriers, cadres et employés dans les forces armées de ne pas boire pendant les heures de travail, et notamment lors du déjeuner.

Ce programme national vise également la réduction du nombre de conducteurs (voitures, bus, camions et moto) présentant un haut taux d’alcoolémie, mais aussi de diminuer les cas de violences conjugales provoquées par un excès de boisson.

Sur le plan de la santé, les autorités souhaitent qu’environ 30% des alcooliques bénéficient de consultations médicales, notamment pour aider à détecter à temps la maladie. Et que 25% d’entre eux puissent suivre des traitements médicaux dans des établissements spécialisés. En 2020, il est prévu que ces taux atteignent respectivement 50% et 40%.

La sensibilisation pour l’ensemble de la population n’est pas en reste, notamment via les médias. Le gouvernement prévoit pour 2016 que 70% de la population sera exposée aux campagnes d’information et de prévention, notamment sur les risques pour la santé. Cette année, le gouvernement prévoit de renforcer plusieurs grandes campagnes nationales d’information et de prévention, axées notamment sur les risques pour la santé.

Hausse drastique des amendes

Boire ou conduire, il faut choisir.

Malgré les progrès accomplis récemment dans la lutte contre la mortalité routière, l’alcool au volant continue de tuer. Les statistiques de l’OMS montrent qu’en 2014, 36,5% des accidents de la route sont dus à l’ivresse au Vietnam. Selon les études, le risque d’accident augmente avec la consommation d’alcool : à 0,5 g par litre d’alcool dans le sang, ce risque est multiplié par deux ; à 0,8 g par litre, il est multiplié par 10.

Le pays mise également sur la répression. Le récent arrêté 46, remplaçant l’existant, va fixer des amendes plus sévères à l’encontre de conducteurs ivres, et ce à partir du 1er août prochain. Pour une alcoolémie inférieure à 500 mg par 100 ml de sang (ou une concentration d’alcool dans l’air expiré inférieure à 0,25 mg), le chauffeur devra s’acquitter d’une contravention fixée à 3 millions de dôngs, contre 2 millions actuellement. L’amende passera de 7 millions à 8 millions de dôngs si le conducteur est suspecté d’avoir une alcoolémie comprise entre 50 et 80 mg par 100 ml de sang (ou une concentration d’alcool dans l’air expiré entre 0,25 et 0,4 mg par litre).

Si l’alcoolémie est supérieure à 80 mg par 100 ml de sang (ou une concentration d’alcool dans l’air expiré dépassant le seuil de 0,4 mg par litre), le conducteur devra payer entre 16 et 18 millions de dôngs.

Le gouvernement tient à préciser qu’il souhaite lutter contre l’abus de l’alcool, et non pas contre la boisson telle quelle. Outre la loi, les autorités veulent rappeler que chaque personne doit, d’elle-même, savoir boire avec modération pour se protéger.


Linh Thao/CVN

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