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Un groupe de touristes étrangers au Musée d’ethnographie du Vietnam, à Hanoi. |
Ces dix dernières années, la fréquentation des musées vietnamiens a connu une augmentation des plus frileuses. De 3 millions en 2006 à 5 millions aujourd’hui, les visiteurs - et plus particulièrement les touristes étrangers - ont encore du mal à se laisser tenter par les expositions et autres collections. Le Musée d’ethnographie du Vietnam, l’un des plus fréquentés du pays, a accueilli en 2015 plus de 400.000 visiteurs, dont seulement 40% d’étrangers.
Jusqu’à présent, aucun établissement ne peut s’autofinancer ou tout du moins générer suffisamment de recettes nécessaires à son fonctionnement. À une exception près, le Musée de la sculpture Cham à Dà Nang, dans la région du Centre, qui est capable de vivre de la vente de ses billets. «Au Vietnam, c’est le seul musée qui peut payer lui-même ses employés. Mais bien évidemment, les capitaux conséquents mais nécessaires à sa modernisation proviennent encore de l’État», reconnaît son directeur, Vo Van Thang. Contraint de trouver des sources d’autofinancement pour combler les réductions progressives des subventions étatiques, M. Thang identifie et gère les priorités de l’institution, une nécessité pour garantir sa survie. «Je plaide pour une pleine autonomie. Sinon, faute d’efforts assez ciblés, on continuera à compter passivement sur l’aide financière de l’État».
Bien que connu et plébiscité par les sites web internationaux de tourisme, le Musée des femmes du Vietnam, à Hanoi, n’arrive toujours pas à se prendre entièrement en charge. «Nous allons peut-être devenir autonomes financièrement prochainement», explique sa directrice, Nguyên Thi Bích Vân, tiraillée entre hésitation et prudence.
Entre qualité et quantité
Pourtant, en 2015, la capitale a été éprise d’un certain dynamisme en la matière, le Musée de la police de Hanoi et celui de la littérature du Vietnam ont vu notamment le jour.
Le premier, construit pendant plus d’un an sur une superficie de 1.613 m², a coûté au total 18,4 milliards de dôngs (plus de 745.000 euros). Il a été élaboré en collaboration avec des experts nationaux et des consultants étrangers. Selon les chiffres publiés sur le site TripAdvisor, le leader mondial dans les conseils touristiques sur Internet, le Musée de la police de Hanoi s’est classé à la 6e place des musées à visiter sur les 49 que compte la capitale, et il s’est hissé à la 27e place des lieux de divertissement sur les 210 recensés. Et ce en seulement deux mois.
La construction du Musée de la littérature du Vietnam, s’étalant sur 3.600 m², a nécessité 71 milliards de dôngs (près de 2,876 millions d’euros) et duré dix ans. Son architecture et ses espaces d’exposition ont été conçus par des experts nationaux. Et pourtant, il a du mal à attirer les foules. Pour le directeur adjoint du musée, Nguyên Thanh Minh, «de nombreuses raisons» peuvent expliquer cette faible fréquentation. Situé dans une petite ruelle à Âu Co, son emplacement n’est pas facile d’accès, et il devient compliqué de l’inclure dans les circuits touristiques. De plus, son budget étant des plus limités, la promotion est pratiquement inexistante. Enfin, le responsable reconnaît qu’il est difficile de satisfaire les différents goûts littéraires des visiteurs.
Aujourd’hui, la modernisation des musées au Vietnam ne se concentre que sur les infrastructures, et non sur les expositions en elles-mêmes. Exemple typique, le Musée de Hanoi, dont le projet a été entrepris par le Service municipal de la construction. Installé sur environ 54.000 m², tout près du Centre national des conférences du Vietnam, et pour un coût de 2.300 milliards de dôngs (soit 9.3 millions d’euros), il a ouvert ses portes il y a cinq ans. Malheureusement, il n’accueille que des expositions temporaires, et peine à intéresser les visiteurs malgré l’entrée gratuite.
Donner plus de poids au contenu
Pour pallier la situation, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a demandé aux organisations chargées de la gestion du Musée de Hanoi de focaliser les investissements sur les collections. «Il faut s’orienter peu à peu vers une réflexion davantage centrée sur le sens et la finalité des expositions et du musée», déclare Pham Ðinh Phong, directeur adjoint du Département du patrimoine culturel appartenant au ministère.
Un point de vue partagé par les experts. À l’ère du multimédia, le visiteur ne peut plus se contenter d’objets déposés derrière une vitrine, agrémentés d’une étiquette jaunie par le temps. La technologie et l’innovation doivent être intégrées dans toutes les facettes d’un musée, depuis la recherche des pièces pour mettre sur pied les collections à la restauration des œuvres, en passant par la conception et l’animation des expositions.
L’école se doit d’introduire des cours parascolaires dans les musées pour que les élèves puissent avoir accès de manière plus vivante aux documents. |
Photo : Hiên Hanh/VNA/CVN |
Les experts recommandent également aux directeurs d’intégrer une optique plus commerciale dans la gestion muséale, et de mettre en place un ensemble de services à l’attention du public, tels que des cafétérias, restaurants, boutiques et librairies.
Selon Vo Quang Trong, directeur du Musée d’ethnographie du Vietnam, pour permettre à toutes institutions culturelles de se faire connaître auprès du plus grand nombre, elles devraient se coordonner avec les agences de voyages, et coopérer étroitement avec le ministère de l’Éducation et de la Formation ainsi que les écoles pour enrichir la vie culturelle des élèves.
Un point de vue partagé par Nguyên Thi Bích Vân, directrice du Musée des femmes du Vietnam. «Le musée devrait d’abord être un livre intéressant. L’école se doit d’introduire des cours parascolaires dans les musées pour que les élèves puissent avoir accès de manière plus vivante aux documents», conclut-elle.