À Quang Tri, un village Pako dit non à l’alcool

Le village de Ku Pua, dans la province de Quang Tri est exclusivement peuplé de Pako, une minorité ethnique. Ici, l’alcool a été banni il y a 15 ans. Un cas unique dans le pays. Reportage.

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Pour les retrouvailles, les mariages ou les fêtes, les villageois boivent du thé, du café ou des sodas. Un substitut avantageux à l’alcool.

Comme le veut la tradition de la plupart des ethnies vietnamiennes, l’alcool est une offrande indispensable sur l’autel des ancêtres ou lors des cultes aux génies. Mais depuis 15 ans, les Pako du village de Ku Pua, district de Dakrông, province de Quang Tri (Centre) ont décidé d’abandonner tout breuvage alcoolisé, pour devenir un véritable mode de vie.

Aujourd’hui, placardé sur chaque maison de ce village d’environ 300 âmes, un petit panneau avec l’inscription en langue locale Choi ngoai ploong tâng dong (Village sans alcool ni tabac !).

«Depuis que nous, les hommes, ne nous réunissons plus pour boire, on a beaucoup de temps pour aider les femmes à s’occuper des enfants et des travaux champêtres», s’enthousiasme Hô E Nit, 30 ans, un villageois.

Victoire du patriarche Hô E Not

Il y a 15 ans, Ku Pua était l’un des villages montagneux les plus pauvres de la province de Quang Tri. Ici, l’alcool était considéré par les hommes comme «un remède génial» pour se relaxer et lutter contre le froid hivernal. Plongés dans l’alcoolisme, les maris abandonnaient leur famille à leur sort. Les enfants étaient déscolarisés et les violences conjugales, légion.

Le patriarche Hô E Not, désormais octogénaire, a décidé de mettre un terme à cette folie. Chaque soir, l’homme se rendait, accompagné par des cadres en charge des activités culturelles de la province, dans chaque famille pour persuader les hommes d’arrêter de boire et les empêcher de faire offrande d’alcool aux ancêtres.

«Dans un premier temps, les insultes volaient. On m’accusait d’offenser les génies et les ancêtres en ne présentant pas d’alcool comme offrande. Du coup, je leur ai raconté mes années de jeunesse misérable causées par cette drogue. Je leur ai montré mes multiples cicatrices, dues aux accidents et bagarres lorsque j’étais ivre», se souvient-il. Sa patience et sa sincérité ont fait mouche. «Maintenant, personne ne boit ni ne fume. Pour les festivités, le thé, le café instantané ont remplacé l’alcool. Les jeunes, eux, préfèrent les sodas». D’un village miséreux, Ku Pua s’est hissé au statut de village exemplaire dans la pratique d’un mode de vie sain. L’on ne peut que s’en féliciter.


Linh Thao/CVN

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