Le Vietnam ne représente actuellement que 0,4% des importations de la Russie, raison pour laquelle l'antenne de Hô Chi Minh-Ville de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Vietnam a organisé il y a peu un séminaire sur les mesures de soutien des entreprises vietnamiennes afin de développer leurs parts de marché en Russie.
Selon les données fournies par le Département général des douanes, les échanges commerciaux ont atteint deux milliards de dollars l'année dernière et 1,3 milliard de dollars au premier semestre de cette année, soit une croissance de 40,1% en glissement annuel. Le Vietnam exporte en Russie essentiellement vivres, produits alimentaires et agricoles bruts (26,8%), articles de textile-habillement et chaussures (21,5%), ainsi que produits chimiques (6,2%). Et il en importe métaux ferreux et produits dérivés, pétrole et produits pétroliers (33,2%), machines et équipement (41,2%), minerais (9,3%) et produits de la chimie (5,5%).
Le modeste montant du commerce bilatéral peut s'expliquer par les difficultés rencontrées en matière de formalités douanières ou administratives et les normes strictes appliquées par la Russie, souligne Dang Hoàng Hai, chef du Département du marché européen, relevant du ministère de l'Industrie et du Commerce. Le taux moyen de taxes d'importation appliqué aux produits vietnamiens est de 12,9%, un taux élevé par rapport aux autres pays européens. Par ailleurs, la Russie possède des normes très sévères au regard des produits importés, en particulier dans le secteur agroalimentaire. Autre raison entravant le développement des échanges commerciaux bilatéraux, c'est le manque de moyens de paiement pratiques. Actuellement, les règlements sont essentiellement effectués en liquide parce que l'emploi de lettres de crédit est très complexe. À cela, on peut ajouter le manque de prestataires de service professionnels dans l'import-export...
La Russie est d'un très grand attrait pour les entreprises vietnamiennes car sa population de 140 millions de personnes en fait un marché de forts potentiels à exploiter.
À la recherche d'une solution
Pour renforcer les exportations en Russie, les entreprises vietnamiennes doivent en maîtriser la législation et connaître les goûts des consommateurs, remarque Kardo Sysoev Alexander, représentant du Bureau de représentation au commerce de la Russie au Vietnam.
Dans l'agroalimentaire, les produits doivent répondre aux normes du Département de la sécurité alimentaire. Ainsi, pour les produits aquatiques, les Départements de contrôle de la sécurité alimentaire des deux pays désignent chaque année les entreprises exportatrices satisfaisant aux normes requises. Actuellement, une trentaine d'entreprises vietnamiennes ont la licence d'exportation en Russie. Mais ce qui est important, c'est que ces entreprises assurent une qualité stable de leur production. Par ailleurs, les entreprises vietnamiennes exportent depuis longtemps leurs articles d'artisanat et d'art en Russie, mais il n'y a toujours pas eu d'essor car ceux-ci ne répondent pas au goût des consommateurs russes, estime Kardo Sysoev Alexander. Elles devront donc solliciter des designers ou distributeurs russes pour leur donner des conseils sur la conception de leurs modèles. Les entreprises vietnamiennes devront par ailleurs participer davantage aux foires russes pour mieux présenter leurs produits.
Selon les estimations de Dang Hoàng Hai, chef du Département du marché européen, les exportations de produits vietnamiens en Russie ont de belles perspectives. Cette année, le commerce bilatéral est estimé à deux milliards de dollars, et les deux pays ont la ferme ambition d'atteindre leurs objectifs de trois milliards en 2012, puis de dix milliards en 2015. Ceux-ci sont parfaitement faisables compte tenu des efforts des deux pays pour simplifier les formalités douanières et faciliter les règlements. Sur ce point, le Vietnam va très prochainement signer un accord de libre-échange avec l'Alliance douanière regroupant la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan, lequel représente de larges potentiels avec une population de 170 millions de consommateurs.
Thê Linh/CVN