Tel est le projet de l'architecte Nguyên Nga, une Viêt kiêu de France, qui vise à créer un ouvrage de valeur tant d'un point de vue économique, culturel que social. Ce sera un patrimoine architectural de Hanoi, un espace original réservé à la culture et aux arts, et donc une attraction touristique.
Un séminaire sur ce projet de restauration du pont Long Biên a été organisé le 20 septembre à Hanoi par l'Association de liaison des Vietnamiens de l'étranger et la société Pont Dragon. Des experts des ponts et chaussées, des architectes ainsi que des représentants de la société française Eiffage, spécialisée dans la construction métallique et membre du groupe Eiffel, ont donné leurs avis sur ce projet ambitieux.
Le vieux pont serait ainsi rénové pour devenir un musée d'art contemporain à ciel ouvert. Les travées seraient vitrées et la voie ferrée centrale réservée aux activités culturelles. Une locomotive à vapeur serait exposée sur le pont. Les deux passages piétons de part et d'autre de la voie ferrée centrale seraient bordés d'arbres et de lampes.
Point d'orgue du projet : l'île au milieu du fleuve Rouge ("bai giua" en vietnamien) serait transformée un parc d'arts et de loisirs. Sur la rive droite du fleuve, une "tour du Lotus" serait érigée sur 2,5 ha de terres incultes. Cet ouvrage de neuf étages serait façonné en métal et en bois. Il présenterait des oeuvres d'art non seulement du Vietnam mais encore de l'étranger. Le château d'eau Hàng Dâu serait aménagé en musée. Les 131 voûtes en brique le long du chemin de fer conduisant au pont, qui sont actuellement fermées, seraient transformées en salles d'exposition sur les villages de métiers traditionnels...
Le plus remarquable serait une rue piétonne, dénommée "Avenue de la paix", de quatre kilomètres de long. Cette voie permettrait aux visiteurs de découvrir le centre-ville, depuis l'Opéra de Hanoi jusqu'au pont Long Biên.
"Les idées de l'architecte Nguyên Nga traduisent une vision à long terme à l'égard de ce vestige précieux de la capitale comme du pays. L'idée d'un musée à ciel ouvert, de jardins sur le pont, d'un musée contemporain... a de grandes chances de ce concrétiser", a déclaré l'architecte Hoàng Dao Kinh, de l'Association nationale de planification et d'urbanisme.
Marc Buonomo, directeur technique et du développement de la société française Eiffage, expérimentée dans la construction de ponts en acier partout dans le monde, dont le Viaduc de Millau, a apprécié ce projet de Nguyên Nga. "La restauration de ce pont centenaire est nécessaire car il s'agit d'un patrimoine de la capitale ; il permettra aussi de créer un nouveau site touristique", a-t-il estimé.
En tant que directeur du Centre d'étude, de conservation et de valorisation de la culture traditionnelle du Vietnam, le professeur Hoàng Chuong est enthousiasmé par ce projet. D'après lui, c'est une "bonne initiative qui permettra de sauvegarder ce haut lieu de la mémoire de la ville".
La France a promis 60 millions d'euros pour élargir à 15 m ce pont et le rehausser de 3 m. "Mais même sans cette enveloppe, le Vietnam a les moyens aujourd'hui de ses ambitions si tant est que l'ambition est d'afficher que le pont Long Biên doit vivre sans perdre son identité de +pont Dragon+", a affirmé Daniel Roussel, journaliste, ancien correspondant de presse à Hanoi de 1980 à 1986.
Selon Nguyên Nga, ce projet serait réalisé en dix ans.
* Inauguré en 1903, le pont Long Biên, ex-pont Paul Doumer, a été conçu par l'architecte français Gustave Eiffel. Il fut l'un des quatre plus grands ponts d'Extrême-Orient à la fin du XIXe- début du XXe siècle et le premier pont en acier au-dessus du fleuve Rouge. Témoin muet de plus d'un siècle de vicissitudes historiques, ce pont est l'un des symboles historique et culturel de la capitale.
Huong Giang/CVN