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Manifestation anti-corruption devant le Parlement à Bucarest, le 20 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous sommes ici pour demander aux dirigeants de ne pas toucher à la justice et de laisser tomber leur projet de réforme", a déclaré un entrepreneur, Marius Constantin, 49 ans, venu de Sibiu (Centre) pour se joindre aux manifestants - entre 30.000 et 50.000, selon les agences locales -, rassemblés place de l'Université, au centre de Bucarest.
"C'est une honte ce qui se passe: sous le prétexte d'améliorer les lois de la justice, ils ont introduit des articles qui leur permettent d'échapper à de possibles sanctions", estime pour sa part Amalia, 77 ans, ingénieur à la retraite.
Le Parlement dominé par les sociaux-démocrates (PSD) a approuvé fin décembre trois propositions de loi qui font craindre une réduction de l'indépendance des magistrats et une restriction des prérogatives du Parquet anticorruption, extrêmement actif dans les poursuites envers les élus soupçonnés de corruption.
Le président de centre droit Klaus Iohannis n'a pas indiqué s'il promulguerait ces textes qui ont été critiqués par Bruxelles et les États-Unis.
Ces nouvelles manifestations interviennent quelques jours après la démission forcée du Premier ministre social-démocrate Mihai Tudose et la nomination d'un nouveau chef de gouvernement, l'eurodéputée Viorica Dancila, qui a affiché son soutien à ces lois.
"Le PSD montre tous les jours qu'il n'est pas capable de diriger ce pays", s'indigne Horatiu Buzatu, un entrepreneur de Craiova (sud), en référence aux deux gouvernements de gauche renversés en l'espace de sept mois par l'homme fort du PSD Liviu Dragnea, condamné à deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale et jugé pour une affaire d'emplois fictifs.
Portant des drapeaux tricolores roumains ou des pancartes en forme de main sur lesquelles on pouvait lire "Tous pour la justice", les manifestants ont traversé le centre de Bucarest pour se rendre devant le Parlement, en scandant "Voleurs".
Environ 5.000 personnes ont manifesté à Cluj (Nord-Ouest). Ils étaient également 5.000 à protester à Timisoara (Ouest) et 3.000 à Iasi (Nord-Est), selon les médias locaux.
Dans un rapport publié jeudi 18 janvier, l'organisme anticorruption du Conseil de l'Europe, le GRECO, a rappelé que "la profession des magistrats s'est largement associée au mouvement de protestation" suscitée par cette réforme.
Une tentative d'assouplir le code pénal avait déjà provoqué l'hiver dernier une vague de contestation d'une ampleur sans précédent depuis la chute du régime communiste fin 1989, contraignant le gouvernement de faire machine arrière.