Plantes médicinales, une ressource inexploitée

Le Vietnam dispose d’une riche biodiversité, et les plantes médicinales constituent une ressource précieuse. Se pose pourtant le problème de leur préservation et leur exploitation, loin des attentes.

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Une pépinière de ginseng Ngoc Linh dans la province de Kon Tum (hauts plateaux du Centre).

Parmi les 12.000 espèces végétales recensées au Vietnam, près de 4.000 ont des vertus médicinales. Certaines d’entre elles sont rares telles que le Sâm Ngoc Linh (ginseng de Ngoc Linh), le Tam thât hoang (Panax bipinnatifidum), le Bach hop (Lilium brownii var. colchesteri), le Thông do (Taxus wallichiana) et le Vang dang (Coscinium usitatum).

Pourtant, leur protection et leur culture sont loin d’être optimales, notamment en termes d’aménagement d’espaces de culture, mais aussi d’activités de préservation et développement de variétés médicinales.

Surexploitation des plantes médicinales

La standardisation et la modernisation de la production de médicaments à bases de plantes restent insuffisantes et ne font pas l’objet de recherche scientifique et technologique.

En effet, la culture et l’exploitation des plantes médicinales ne se sont pas encore démocratisées et manquent d’organisation, provoquant un faible rendement et des prix instables. La surexploitation des plantes médicinales sans objectif de durabilité provoque leur disparition. Plusieurs espèces sont actuellement menacées d’extinction.

Dans certaines régions du pays, la culture des plantes médicinales est une ressource économique notable pouvant rapporter

100 millions de dôngs par hectare.

Outil de lutte contre la pauvreté

Dans le district de Sa Pa, province de Lào Cai (Nord), la culture d’artichauts permet aux producteurs d’encaisser 115 millions de dôngs par an. Dans le district de Viêt Yên, province de Bac Giang, la plantation de Kim tiên thao (Desmodium styracifolium) permet aux habitants de sortir de la pauvreté.

Toutefois, le Docteur Truong Quôc Cuong, chef du Département de gestion des produits pharmaceutiques (ministère de la Santé), fait savoir que le pays n’a pas assez valorisé ces cultures. Manquant ainsi une occasion de mieux se soigner et d’améliorer les conditions de vie des Vietnamiens.

Il prend l’exemple du ginseng de Ngoc Linh qui contient plus de saponines que celui de Corée du Sud. Pourtant, ce pays est parvenu à fabriquer plusieurs produits dérivés lui rapportant plusieurs milliards de dollars. Au Vietnam, son étude et sa transformation sont encore limitées. Idem pour le reishi vietnamien moins bien exploité qu’en Corée du Sud.

Pour Nguyên Van Hiêu, de l’Académie des sciences et des technologies du Vietnam, les plantes médicinales demandent des techniques particulières pour leur culture et des technologies modernes pour leur transformation. Le Vietnam manque aussi de travailleurs qualifiés et d’experts pour le développement des produits pharmaceutiques.

Plan de développement d’ici 2020 et 2030

Afin de préserver ces plantes et de développer leur usage pharmaceutique, Nguyên Tân Dung a approuvé, en 2013, un plan d’aménagement global pour le développement des plantes médicinales d’ici 2020 et 2030.

La culture de Linh Chi (Ganoderma lucidum) dans le district de Dông Triêu, province de Quang Ninh (Nord).

Il prévoit l’aménagement de huit zones de production de plantes médicinales où seront exploitées 24 espèces permettant la fabrication de 2.500 tonnes de produits pharmaceutiques chaque année. Ces huit zones seront situées dans le Nord-Ouest, le Nord-Est, le fleuve Rouge, le Centre septentrional, le littoral du Centre méridional, les hauts plateaux du Centre, le Nam Bô oriental et le Nam Bô occidental.

L’objectif est aussi de construire cinq parcs nationaux de préservation et de développement de plantes médicinales respectant la biodiversité spécifique à chaque région. En 2020, 50% des espèces de plantes médicinales devraient être préservées et 70% en 2030. La priorité doit être mise sur la sauvegarde des variétés menacées d’extinction. Il est important d’empêcher le vol des variétés vietnamiennes et leur envoi illégal à l’étranger.

En outre, cet aménagement a pour objectif de développer la culture de 54 espèces végétales, permettant de répondre à 60% en 2020 et 80% en 2030 des besoins en plantes médicinales du pays et d’exporter des produits pharmaceutiques.

Actuellement, le ministère de la Santé élabore une liste de 40 produits pharmaceutiques potentiellement exploitables pour la soumettre au gouvernement. L’État devrait de plus mettre en place des politiques privilégiant la culture de plantes médicinales dans les régions reculées, en faisant un outil de lutte contre la pauvreté. L’encouragement des organisations technoscientifiques, des secteurs de la recherche, du transfert technologique, et de l’application des technologies avancées dans la transformation de matières première est essentiel.

Il est nécessaire d’investir dans les instituts de recherche et les universités ou écoles de formation professionnelle. Il s’agit également de renforcer l’importation de variétés de plantes médicinales et l’acquisition des avancées scientifiques internationales.

Huong Linh/CVN

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