Orienter la filière vers des produits à forte valeur ajoutée

Si le Vietnam est le deuxième exportateur mondial de café, les profits qu’il en retire demeurent modestes comparés aux volumes expédiés. En cause, des exportations essentiellement de produit brut plutôt que de café transformé. Pour changer la donne, la filière planche sur sa restructuration.

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Lors d’un concours de café tenu en 2022 à Dak Lak (hauts plateaux du Centre). 
Photo : VNA/CVN

À la fin du XIXe siècle, le caféier a commencé à être cultivé dans les hauts plateaux du Centre par les Français, sur des plantations de centaines d’hectares. Actuellement, le Vietnam en compte plus de 700.000 ha, produisant annuellement 1,84 million de tonnes.

Ce secteur génère des emplois et des revenus pour plus de 600.000 foyers, avec deux millions de travailleurs, et contribue au développement socio-économique des localités caféières, surtout sur les hauts plateaux du Centre.

Le Vietnam exporte vers environ 80 pays et territoires, représentant 10% du marché international du café vert. Il possède différentes zones spécialisées dans la caféiculture, créant ainsi des emplois et des revenus pour des centaines de milliers de foyers”, a informé Nguyên Hoà Chinh, Pdg de la Société d’export-import du café de Dak Hà.

Immenses exportations, mais petits revenus

Récolte du café dans la province de Dak Nông (hauts plateaux du Centre). 
Photo : VNA/CVN

Alors que le volume de café exporté est important, ce produit est encore trop bon marché par rapport à d’autres pays producteurs. Selon les statistiques, le Vietnam est le deuxième exportateur mondial de café. En 2022, les exportations nationales de café ont atteint un chiffre record de près de 4 milliards d’USD, mais le revenu net reçu par les producteurs reste faible, à seulement 7 millions de dôngs/ha.

Lors d’un récent forum national sur le café, le groupe Vuon Thoi Dai (Jardin de Temps) a proposé de développer un service spécialisé dans la gestion des échanges de café et de produits agricoles dans la province de Dak Lak (hauts plateaux du Centre). Selon leur représentant, ce service jouerait le rôle de passerelle entre les producteurs, les exportateurs, les sociétés intermédiaires et les investisseurs, offrant des services d’échanges internationaux tout en assurant l’égalité, la transparence et l’accélération des échanges.

D’après des experts, même avec un tel service d’échanges de café et de produits agricoles, il est important de respecter les règles du marché, notamment en matière de transparence des informations, afin de favoriser la vente des produits et d’aider les producteurs à ne pas être obligés de vendre leurs produits à un prix trop bas.

En plus du café, d’autres produits agricoles tels que le poivre, le cacao, les noix de macadamia, le riz, le maïs, le soja et le sucre nécessitent leur propre plateforme d’échanges.

Selon le Pdg de la société Dak Hà, tant les producteurs que les commerçants de café doivent trouver une plateforme qui leur fournit des informations sur les prix, les volumes, la situation de la production et de la consommation, ainsi que d’autres éléments influençant le marché du café et des produits agricoles. “Ces informations permettront aux clients de prendre de bonnes décisions en matière d’échanges”, a souligné Nguyên Hoà Chinh.

Changer les manières de production

Des cerises de café récoltées dans la province de Dak Lak (hauts plateaux du Centre). 
Photo : VNA/CVN

Lors d’un autre forum portant sur la valorisation du café, de nombreux participants ont déploré que le café vietnamien était en partie exporté brut, ce qui le rend peu rentable et peu présent sur la carte du café international.

En effet, de nombreux producteurs vietnamiens n’ont pas évolué dans leurs méthodes de culture, ce qui conduit à des produits de qualité inférieure ne répondant pas aux normes élevées des marchés d’exportation. De plus, les plantations ne sont pas bien aménagées, ce qui empêche des cultures à grande échelle répondant aux critères de qualité.

Ainsi, selon ces participants, il est nécessaire d’aménager de grandes plantations et de collaborer étroitement pour utiliser les bonnes variétés et promouvoir les marques.

Cao Xuân Thu Vân, vice-présidente de l’Association des agriculteurs vietnamiens, a estimé qu’il était nécessaire de restructurer la production pour produire un café de qualité. Cela implique une coopération étroite entre les producteurs, un investissement à long terme qui entraînera des pertes initiales et la collaboration entre la société et les agriculteurs.

Doàn Ngoc Co, directeur adjoint du Service de l’agriculture et du développement rural de la province de Gia Lai (hauts plateaux du Centre), a suggéré de modifier différents éléments déterminant le prix et la qualité du produit. “D’abord, il faut faire baisser le prix des matières premières, ainsi que des variétés de plantes, des outils agricoles et des engrais. Ensuite, les agriculteurs doivent réduire l’utilisation de pesticides, les remplacer par des engrais biologiques et privilégier la mécanisation”, a-t-il expliqué.

Il a également souligné la nécessité de produire du café répondant aux exigences des marchés en termes de “café propre”. “Si nous ne modifions pas notre méthode de culture, nos produits ne seront pas appréciés”, a-t-il ajouté.

Dinh Vinh Cuong, responsable du Club de connexion des hommes d’affaires vietnamiens et internationaux, a estimé que les entreprises devraient collaborer avec les producteurs pour créer une chaîne de valeur concernant la production et la vente des produits finis. “Pour valoriser le café vietnamien, il faut mettre l’accent sur la production répondant aux demandes des marchés les plus exigeants. En outre, la promotion de notre marque nationale est importante, car peu d’entreprises au Vietnam se spécialisent dans ce domaine”, a-t-il déclaré. Il a ajouté qu’aucune marque de café vietnamien ne figure parmi les dix meilleurs au monde, malgré le nombre de zones de culture dans le pays.

Bien que la quantité du café exporté soit importante, le chiffre d’affaires et le bénéfice qui en découlent ne sont pas satisfaisants. Les mesures proposées lors du forum devraient être prises en compte pour améliorer la valeur d’exportation de ce produit phare.

Mai Quynh/CVN

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