Le professeur Nguyên Lân (1er plan, centre) et ses sept fils. Photo : Dântri/CVN |
L’«Enseignant du Peuple» Nguyên Lân est considéré comme un arbre séculaire dans le paysage éducatif du pays. C’est grâce à lui que de nombreux professeurs ont trouvé leur vocation, comme Pham Minh Hac, Hà Minh Duc, ou l’écrivain Ma Van Khang. En décembre 2013, un colloque intitulé «Professeur et Enseignant du Peuple Nguyên Lân, sa vie et sa carrière» s’est tenu à l’Université de pédagogie de Hanoi, en présence des dizaines de ses anciens élèves.
Nguyên Lân dans les yeux de ses amis
Un colloque sur le professeur Nguyên Lân, tenu en décembre 2013 à Hanoi. |
Photo : Minh Quyêt/VNA/CVN |
Hà Minh Duc, raconte que, de 1954 à 1957, la filière de littérature de l’Université de pédagogie de Hanoi était prise en charge par les professeurs Dang Thai Mai, Hoàng Xuân Nhi, Nguyên Luong Ngoc et Truong Tuu, ainsi que Nguyên Lân, responsable des enseignements de pédagogie. En classe, M. Lân était toujours habillé simplement, sa voix était sonore et ses gestes résolus. Il prenait souvent le temps de discuter avec les étudiants et leur expliquait que les jeunes devaient avoir le goût du travail pour cultiver leurs talents. «La vie du professeur Nguyên Lân est un exemple. Il a montré que la volonté et l’énergie contribuaient à développer le caractère. Il parlait peu de sa vie et s’intéressait beaucoup aux autres», raconte Hà Minh Duc.
Le professeur Pham Tât Dong, secrétaire général de l’Association de l’encouragement à l’étude du Vietnam, se souvient de son premier cours d’histoire de la pédagogie. C’est M. Lân qui monte sur l’estrade. Sa personnalité et la qualité de ses cours séduisent la plupart des élèves. Il porte toujours le même vieux complet. Il le portait déjà durant les années précédant la Révolution d’Août, puis pendant les neuf années de guerre contre les Français. Mais il l’a conservé très soigneusement. Il ne le portait que lorsqu’il donnait cours.
Le célèbre écrivain Ma Van Khang est très fier d’avoir été l’élève de Nguyên Lân. Il s’est inspiré de ses expressions et de sa façon entrecoupée de parler dans ses écrits. Le professeur, bien qu’il ait principalement été responsable des cours de pédagogie, prenait aussi en charge des cours de littérature et d’histoire. «Pendant les pauses, au lieu de sortir de la classe, nous nous regroupions autour de lui pour continuer d’apprendre», explique M. Khang.
Un professeur rédigeant des ouvrages littéraires
Dictionnaire des locutions et des proverbes du Vietnam, une œuvre du professeur Nguyên Lân. Photo : Net/CVN |
D’après Nguyên Lân Dung, 3e fils du professeur Nguyên Lân, Tâp truyên Nguyên Lân, récemment publié, regroupe pour la première fois les ouvrages littéraires de son père publiés sous le pseudonyme «Tu Ngoc». Il s’agit de trois romans et huit nouvelles. La toute première création de M. Lân, Câu be nhà quê (Un garçon de la campagne), écrite en 1925, n’a cependant pas été retenue dans cette anthologie. La publication de cette nouvelle avait coïncidé, à l’époque, avec celle de Tô Tâm, une œuvre célèbre de Hoàng Ngoc Phach. Nguyên Lân et Hoàng Ngoc Phach étaient étudiants de l’École professionnelle de pédagogie d’Indochine. Le Docteur Trân Van Toàn, de l’Université de pédagogie de Hanoi, explique que la période où Câu be nhà quê et Tô Tâm ont été rédigés porte les germes de la littérature vietnamienne moderne et marque la naissance du roman vietnamien.
«+Câu be nhà quê+ n’est pas un chef-d’œuvre littéraire, mais, c’est un des premiers romans ayant pour thème la vie campagnarde vietnamienne. Quels que soient les thèmes, le type d’ouvrages (littérature ou essai), le noyau dur des écrits du professeur Nguyên Lân est sa volonté de faire de la pédagogie», commente le professeur Nguyên Dinh Chu. Il ajoute que pour de nombreuses raisons, M. Lân ne s’est pas consacré à la littérature. Mais l’auteur a laissé à la littérature vietnamienne son style limpide, précis et distingué.
Profil du professeur Nguyên Lân
Nguyên Lân (1906-2003) est le 17e enfant et le dernier-né d’une famille nombreuse du district de My Hào (province de Hung Yên, Nord). Dès l’enfance, il se montre très intelligent. En 1932, il est premier lauréat au concours de fin des études de l’Université de pédagogie d’Indochine. Il assume la fonction d’enseignant dans plusieurs écoles. Après la Révolution d’Août, il est invité à travailler comme Commissaire éducatif de la province de Thua Thiên (actuellement la province de Thua Thiên-Huê, Centre). Par la suite, il assume le poste de directeur de l’Enseignement du Centre. Plus tard, il a été muté à Hanoi. Depuis 1956, M. Lân était chef du Département de la psychologie et de l’éducation de l’Université de pédagogie de Hanoi. Il a huit enfants, tous des intellectuels publics qui ont apporté leur contribution pour la science et l’éducation nationale. Actuellement, sa famille compte sept professeurs, huit maîtres de conférence, douze docteurs (en comptant ses beaux fils et ses belles-filles).
Quê Anh/CVN