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De la fumée au-dessus de Rangoun, au Myanmar, le 27 mars 2021. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les militants pour le rétablissement de la démocratie avaient appelé à de nouvelles manifestations samedi 27 mars, jour où l'armée organise tous les ans un gigantesque défilé devant le chef de l'armée, désormais à la tête de la junte, le général Min Aung Hlaing.
"Au moins 90 personnes [avaient] été tuées" à la tombée de la nuit samedi 27 mars, a déclaré l'Association pour l'assistance aux prisonniers politiques (AAPP), une ONG locale qui recense le nombre de morts depuis le putsch.
Le nombre de morts depuis le coup d'État du 1er février est passé à au moins 423, selon l'AAPP, une ONG locale de défense des prisonniers.
Le Myanmar est traversé par une grave crise depuis que la cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi a été évincée du pouvoir par un coup d'État militaire.
Dimanche 28 mars, les birmans descendront une nouvelle fois dans la rue pour réclamer le retour à la démocratie, et de nombreuses funérailles devraient avoir lieu à travers le pays, qui se remet de sa journée la plus sanglante depuis le putsch.
Capture d'image via AFPTV diffusée par Myawaddy TV montrant le général Min Aung Hlaing, chef des forces armées de Myanmar, lors d'une parade miitaire à Naypyidaw, le 27 mars 2021. |
Au moins 90 personnes tuées
Les chefs des forces de défense de 12 pays, dont les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Japon et l'Allemagne, ont condamné dans la nuit du 27 au 28 mars l'utilisation de la force meurtrière par l'armée birmane contre des civils.
"En tant que chefs d'état-major, nous condamnons l'usage de la force létale contre des personnes non armées par les forces armées du Myanmar et les services de sécurité associés. Une armée professionnelle suit les normes internationales de conduite et a la responsabilité de protéger le peuple qu'elle sert, non de lui nuire", indique le communiqué conjoint.
"Nous exhortons les forces armées birmanes à cesser la violence et à œuvrer pour restaurer le respect et la crédibilité auprès du peuple du Myanmar qu'elle a perdus à travers ses actions", est-il ajouté dans ce rare communiqué commun.
Auparavant, l'ONU avait évoqué des "rapports" faisant état "de dizaines de morts, dont des enfants, de centaines de blessés", et son secrétaire général, Antonio Guterres, a condamné "dans les termes les plus forts" cette "tuerie".
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'est dit "horrifié" par la "terreur" que font régner les militaires birmans. Son homologue britannique Dominic Raab a estimé que la junte avait franchi un "nouveau palier" dans la répression.
Pour la traditionnelle Journée des forces armées qui commémore la résistance contre l'occupation japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale, des milliers de soldats, des chars, des missiles et des hélicoptères se sont succédés sur une immense esplanade de la capitale Naypyidaw, devant un parterre de généraux et des délégations russe et chinoise.
Le général Min Aung Hlaing a de nouveau défendu le coup d'État, dénonçant des irrégularités dans les législatives de novembre, remportées par le parti d'Aung San Suu Kyi, et a promis un "transfert de responsabilité de l'État" après des élections.
Les actes de "terrorisme qui peuvent nuire à la tranquillité et à la sécurité de l'État sont inacceptables", a-t-il déclaré dans un discours.
La violence a éclaté dans tout le pays, l'armée utilisant des balles réelles dans plus de 40 cantons de neuf régions, y compris à Rangoun, la plus grande ville du pays, selon l'AAPP.
Capture d'image via AFPTV diffusée par Myawaddy TV montrant le général Min Aung Hlaing, chef des forces armées de Myanmar, lors d'une parade miitaire à Naypyidaw, le 27 mars 2021. |
Acte "d'inhumanité grave"
"Les forces de la junte ont tiré à l'arme automatique sur les zones résidentielles, tuant de nombreux civils, dont six enfants entre 10 et 16 ans", a déclaré l'ONG. "Le fait que le régime militaire illégitime vise les enfants est un acte d'inhumanité grave".
Un journaliste du canton de Kyeikhto, dans l'État de Mon (Sud-Est), a été blessé d'une balle dans la jambe.
Parallèlement, un groupe de rebelles armés de la minorité ethnique des Karens, l'Union nationale karen, a affirmé avoir été bombardé par des chasseurs de la junte dans l'Est samedi 27 mars, quelques heures après que le groupe rebelle s'est emparé d'une base militaire.
Les autorités n'avaient pas réagi à ces accusations dans la matinée de dimanche 28 mars et on ignorait si l'attaque avait fait des morts ou des blessés.
Cette action marque le premier assaut aérien de ce type depuis la prise du pouvoir par l'armée, contre la cinquième brigade de l'Union nationale karen (KNU) - l'un des plus grands groupes armés du pays, et qui affirme représenter le peuple karen.