>>Le Royaume-Uni en pleine tourmente, l'Europe s'impatiente
Le tableau des changes le 27 juin à la bourse de Tokyo. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il est important de garder à l'esprit qu'on n'en a pas fini avec les retombées du Brexit", a commenté dans une note Stephen Innes, courtier chez Oanda Asia Pacific. "Nous allons probablement ressentir les secousses pour les semaines, voire les mois, à venir, mais il est difficile d'anticiper leur fréquence et leur amplitude".
En Europe, la Bourse de Paris était attendue en nette baisse, encore sonnée par le résultat du référendum britannique.
Le 24 juin, la nouvelle d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne avait pris les investisseurs par surprise, et la monnaie britannique était tombée à des niveaux inédits depuis 1985, jusqu'à 1,3229 dollar.
Toujours secouée, la livre sterling est repassée sous la barre de 1,34 dollar dans les échanges asiatiques lundi 27 juin, contre 1,3670 dollar en fin de semaine dernière. L'euro cédait également du terrain vis-à-vis du billet vert, tombant autour de 1,10 dollar, contre 1,1112 dollar précédemment.
Comme l'once d'or, le yen, valeur refuge, demeurait à l'inverse à des niveaux élevés : le dollar s'affichait autour de 101,80 yens dans l'après-midi à Tokyo, contre 104,68 yens à la veille des résultats du vote britannique, tandis que la monnaie unique valait un peu plus de 112 yens, contre 118,77 yens.
"Je pense que la livre va continuer à sombrer, tout comme l'euro, tandis que le dollar et le yen vont avoir les faveurs des cambistes. Le marché n'a pas digéré l'impact du référendum britannique", a estimé Marito Ueda, responsable des changes chez FX Prime à Tokyo.
Devant ce regain de la monnaie américaine, la Banque centrale chinoise (PBOC) a fixé le 27 juin le niveau de référence du yuan à son plus bas niveau depuis fin 2010 face au dollar afin d'éviter une appréciation trop forte de sa monnaie dommageable pour ses exportations. Il s'agit de la plus forte diminution journalière depuis la spectaculaire dévaluation d'août 2015 qui avait ébranlé les marchés.
"Nombreuses incertitudes"
Du côté des Bourses, la tonalité était mitigée, loin du chaos du 24 juin : Séoul était stable, Singapour perdait 0,2%, Hong Kong (Chine) se repliait de 0,47% en milieu d'après-midi et Shanghai évoluait en hausse.
À Tokyo, grâce à des espoirs d'intervention des autorités sur le marché des changes l'indice Nikkei a rebondi de 2,39%, après un plongeon de 7,92% le 24 juin.
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe (1er à gauche) lors d'une réunion avec son ministre des Finances, Taro Aso (droite), et un haut responsable de la Banque du Japon, le 27 juin à Tokyo. |
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a promis de "ne pas ménager ses efforts pour que le Brexit n'affecte pas négativement l'économie japonaise et ses entreprises", alors que les firmes exportatrices sont durement touchées par l'envolée de la devise nippone.
Après un début d'année calamiteux sur fond d'inquiétudes liées au ralentissement de l'économie chinoise, les analystes craignent une nouvelle débâcle des places boursières mondiales.
Le 24 juin, les banques centrales, prêtes à fournir des liquidités pour contrer des mouvements extrêmes de changes, n'ont pas réussi à apaiser les craintes.
Dans un climat rappelant la crise financière de 2008, même si le système financier ne semble pas menacé à ce stade, Paris avait décroché de 8,04%, Francfort de 6,82%, Madrid et Milan de plus de 12%, tandis que Londres tirait paradoxalement son épingle du jeu (-3,15%). À New York, le Dow Jones avait lâché 3,39% et le Nasdaq 4,12%.
"Les incertitudes sont nombreuses sur le calendrier du Brexit", a souligné Toshihiko Matsuno, analyste chez SMBC Friend Securities. "Il va probablement falloir attendre octobre pour y voir plus clair".
Le Royaume-Uni doit gérer les demandes pressantes des dirigeants et responsables de l'Union européenne d'accélérer un divorce que le Premier ministre David Cameron veut laisser régler à son successeur, qui sera nommé début octobre lors du congrès de son parti.
"Au-delà, il y a d'autres problèmes", a prévenu M. Matsuno, craignant que le Brexit ne provoque une réaction en chaîne dans d'autres pays européens.
Affecté lui aussi, le pétrole, dont les cours avaient déjà perdu 5% le 24 juin, continuait de glisser.
"Les fondamentaux du marché expliquent qu'il n'y aura pas de recul important des cours du brut, puisque le Royaume-Uni représente moins de 2% de la demande mondiale mais les investisseurs vont rester sous pression tant que la volatilité des marchés financiers n'aura pas disparu", a jugé Sanjeev Gupta, analyste chez EY Services.