Mali : soldats français et maliens progressent vers le Nord, reprennent Konna

L'armée malienne, appuyée par les troupes françaises, a poursuivi le 18 janvier sa progression vers le Nord du Mali, reprenant le contrôle de la ville de Konna (Centre) aux islamistes, dont un groupe était toujours retranché avec des otages en Algérie.

Les informations demeuraient cependant contradictoires concernant la situation dans une autre localité malienne, celle de Diabali, située dans l'ouest, à 400 km au nord de la capitale Bamako.

Des soldats nigériens à l'aéroport de Bamako (Mali), le 17 janvier


L’après-midi du 18 janvier, le ministère français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a affirmé qu'il n'y avait "aucun combat à Diabali à cette heure", laissant entendre que cette ville n'avait pas été reprise aux combattants islamistes. Peu auparavant, une source sécuritaire régionale avait confirmé les dires d'une élue locale selon laquelle Diabali était désormais sous le contrôle des forces maliennes.
"Diabali est libérée, les islamistes sont partis, les militaires français et maliens sont entrés dans la ville", avait déclaré à l'AFP une de ses habitantes, membre du conseil municipal, ce qu'ont confirmé deux autres habitants de la région, dont un élu.
Cette localité avait été prise le 14 janvier par des islamistes, apparemment dirigés par l'Algérien Abou Zeid, un des chefs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Diabali a été bombardée à plusieurs reprises le 15 janvier par l'aviation française, mais les islamistes ne l'avaient pas pour autant totalement quittée et, d'après divers témoignages, ils se faisaient discrets et tentaient de se fondre dans la population. Dans cette zone se trouvent un millier de "terroristes" appartenant aux "groupes les plus durs, les plus fanatiques, les mieux organisés, les plus déterminés et les mieux armés", a assuré le ministre français de la Défense.
Le "calme" est revenu à Konna
Plus tôt dans la journée, l'armée malienne avait affirmé dans un bref communiqué avoir repris le 17 janvier "le contrôle total" de Konna, à 700 km au nord-est de Bamako, tombée le 10 janvier aux mains des combattants islamistes, ce qui avait précipité l'intervention française.
L'information a été confirmée par une source de sécurité régionale et par des habitants, joints par l'AFP, de cette zone qui reste inaccessible aux observateurs indépendants.
"Les troupes françaises ont été accueillies dans la joie et l'allégresse par la population. Tout est redevenu calme, les extrémistes sont partis et les gens vaquent à nouveau à leurs affaires", a témoigné au téléphone Amadou Guindo, troisième adjoint au maire de Konna.
Après des combats le 16 janvier, il a fallu de nouvelles frappes aériennes françaises, le 17 janvier, pour que les soldats maliens puissent entrer dans cette cité, dont les Français ont confirmé le 18 janvier que les forces maliennes l'occupaient.
La chute de Konna au cours d'une offensive surprise des combattants islamistes le 10 janvier, alors que le front entre armée malienne et groupes jihadistes était gelé depuis des mois, avait déclenché l'intervention de la France - qui redoutait une percée des jihadistes vers Bamako (Sud) -, d'abord par des frappes aériennes, celles-ci s'accompagnant désormais d'un engagement au sol toujours plus important.
Plus de 1.800 soldats français sont ainsi déjà présents au Mali, un chiffre qui devrait prochainement atteindre 2.500, selon Paris.
Accélérer le déploiement de la Misma

Une réunion de haut rang de l'Union européenne sur le conflit du Mali, le 17 janvier à Bruxelles


De leur côté, les premiers éléments de la force d'intervention ouest-africaine (Misma), qui doit chasser les groupes armés occupant une grande partie du Mali depuis neuf mois, une centaine de Togolais et de Nigérians, sont arrivés à Bamako, tandis qu'une trentaine de Béninois étaient en route pour les rejoindre.
La Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a à cet égard affiché le 18 janvier à Abidjan sa volonté d'"accélérer" le déploiement de sa force militaire au Mali. "La guerre qui nous est désormais imposée par le refus des mouvements criminels et terroristes de l'offre de paix suffisamment portée par les efforts de médiation de la Cédéao exige de nous l'accélération du déploiement de la Misma", a déclaré le président de la Commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo.
Le calendrier du déploiement sera au cœur du sommet extraordinaire de cette organisation régionale, consacré au Mali, le 19 janvier à Abidjan. "Nous allons voir avec nos amis africains comment accélérer la mise en place de la Misma", a déclaré vendredi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui participera à la réunion.
Quelque 2.000 membres de cette force, dirigée par un général nigérian, Shehu Abdulkadir, doivent être déployés au Mali d'ici au 26 janvier.
Huit pays ouest-africains - Nigeria, Togo, Bénin, Sénégal, Niger, Guinée, Ghana et Burkina Faso - plus le Tchad ont annoncé leur contribution à la Misma. Au total, ce seront quelque 5.500 soldats du continent africain qui seront déployés au Mali, pour prendre à terme le relais de l'armée française.
Dans le même temps, en Algérie, douze otages et dix-huit ravisseurs ont été tués, selon l'agence de presse officielle algérienne APS, dans l'assaut donné aux islamistes auteurs de la prise de centaines d'otages le 16 janvier sur un site gazier dans le Sahara. Ceux-ci détenaient encore le 18 janvier sept étrangers, d'après des sources islamistes citées par l'agence de presse mauritanienne ANI.
Les ravisseurs demandent à la France de "négocier" la fin de la guerre au Mali et proposent de libérer des "otages américains" contre des islamistes détenus aux États-Unis, a affirmé ANI.
Le conflit au Mali et la prise d'otages en Algérie sont une "source de vulnérabilité" pour l'économie des pays du Sahel, a pour sa part averti le 18 janvier un haut représentant du Fonds monétaire international (FMI), responsable pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale, Masood Ahmed.

AFP/VNA/CVN


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