Malgré des revers, des industriels croient toujours aux "taxis volants"

Malgré des revers essuyés par des fabricants de "taxis volants" électriques ces derniers mois, des entreprises continuent à développer de tels aéronefs innovants, pour l'instant davantage orientés vers la clientèle aisée que les usagers des transports en commun.

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Volocopter, l'une des entreprises principales en termes de taxi drone avec ces VeloCity. 
Photo : Wikipedia/CVN

Depuis le milieu des années 2010, le Salon de l'aéronautique du Bourget, au-delà des jets et des hélicoptères, a offert une place grandissante aux engins électriques à décollage et atterrissage vertical (en anglais : electric vertical take-off and landing, eVTOL).

Effet de mode passé, écrémage des plus faibles ou plus grande place donnée à l'industrie de défense ? Lors de l'édition 2025 de la manifestation, organisée jusqu'à la fin de la semaine au nord de Paris, ces appareils se font plus rares.

Les entreprises restantes gardent pourtant la foi.

Ainsi de Wisk, filiale de Boeing, qui y montre la sixième génération de son projet de "taxi aérien" à quatre places, piloté depuis le sol. Il vise une entrée en service "d'ici à la fin de la décennie", d'abord aux États-Unis et en Australie, le temps de faire aboutir de complexes processus de certification.

Le régulateur américain de l'aviation (FAA) "nous a dit que les planètes étaient alignées en ce moment, et que le soutien politique était total" envers les eVTOL, se réjouit le Pdg de Wisk, le français Sébastien Vigneron, lors d'une conférence de presse au Bourget.

Confiance affichée

Même confiance affichée par Adam Goldstein, Pdg de l'américain Archer dont l'aéronef "Midnight" surmonté de six propulseurs a séduit United Airlines. "Jamais notre secteur n'a fait l'objet d'autant d'attention, ce qui est formidable pour nous", affirme-t-il, en vantant des commandes fermes et des comptes "solides" avec deux milliards de dollars de liquidités.

Pourtant, plusieurs autres entreprises du secteur souffrent, notamment les allemandes Lilium et Volocopter qui ont déposé leur bilan. Volocopter avait noué un partenariat avec l'exploitant des aéroports parisiens mais a raté la fenêtre des Jeux olympiques, en l'absence de certification.

"Nous sommes en plein dans la période d'assainissement" du secteur, décrit à Jim Harris, consultant chez Bain & Company : "de nombreuses start-up (...) sont désormais jugées sur la validité de leurs concepts, et la solidité de leurs commandes".

"La certification et l'adoption par le marché prendront plus longtemps que ce qui était prévu par ces start-up, qui vont avoir besoin de davantage de financements", selon M. Harris, qui se dit toutefois persuadé que "le marché a du potentiel", d'abord dans le transport de fret, puis de passagers au-dessus de zones très denses et riches, afin de remplacer des hélicoptères.

Transport élitiste ?

"Ce n'est pas un mirage. On pense que l'industrie va décoller, ça va prendre du temps (...) mais il y a toutes les indications qui montrent que ça peut arriver", affirme Mikaël Le Mouëllic, partenaire au Boston Consulting Group, évoquant des zones propices à leur développement comme "Miami, Sao Paulo", ou encore la Côte d'Azur, à l'unisson de M. Goldstein, qui voit ses aéronefs conquérir les Émirats arabes unis et les autres pays du Golfe.

D'autres observateurs restent peu convaincus, et soulignent a minima la nature élitiste de tels projets.

L'un des arguments des avocats des eVTOL est qu'ils vont "réduire les temps de trajet, qui se compteront en minutes et plus en heures, dans les trois à cinq prochaines années", relève l'expert de l'aérien Bill Sweetman, dans une note publiée fin 2024 par la Société royale britannique d'aéronautique.

"Une voiture de métro transporte autant de personnes que plus de 200 eVTOL. Combien en faudra-t-il pour commencer à réduire les embouteillages ?", demande-t-il, en posant aussi des questions sur les limites techniques de ces engins, dues à la moindre densité énergétique des batteries par rapport à celle des hydrocarbures.

Au-delà de ces débats, M. Le Mouëllic regrette que l'Europe soit "en train de perdre tout le leadership" dont elle disposait dans ces technologies, faute d'investisseurs, alors qu'aux États-Unis "aujourd'hui, les acteurs (des eVTOL) n'ont pas vraiment de problème de financement" et que les industriels chinois, forts de l'avance prise dans les drones, "sont en train d'accélérer" pour faire le saut vers le transport de passagers. C'est d'ailleurs un groupe chinois qui vient de racheter Volocopter.

AFP/VNA/CVN

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