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Emmanuel Macron (gauche) et Olaf Scholz ont échangé sourires et poignées de main devant les photographes à l'Élysée, le 22 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les deux dirigeants vont se retrouver pour un déjeuner - précédé de déclarations à 13h15 (12h15 GMT) - l'un de leurs derniers grands rendez-vous bilatéraux avant les élections du 23 février, dont le chrétien-démocrate Friedrich Merz est favori.
Avec au menu l'Europe et l'Ukraine, deux jours après le retour de Donald Trump à la Maison blanche et une probable recomposition de la relation transatlantique.
"Ils vont mettre en avant l'importance du travail franco-allemand pour consolider une Europe unie, forte et souveraine, attachée au lien transatlantique et qui sache affirmer ses intérêts propres, ses valeurs et les défendre", a souligné l'Élysée mardi 21 janvier.
Le président français et le chancelier allemand devraient notamment discuter des garanties de sécurité à apporter à l'Ukraine alors que le nouveau président américain promet de faire la paix au plus vite entre Kiev et Moscou, sans dire comment.
La rencontre est organisée le jour du 62e anniversaire du Traité de l'Élysée, signé en 1963, qui avait scellé la réconciliation des deux pays après la Seconde Guerre mondiale.
"Ce sera une visite de courtoisie", anticipe Hans Stark, conseiller pour les relations franco-allemandes à l'Institut français de relations internationales (Ifri).
"Au travail"
Contrairement aux dernières décennies, "il n'y a pas eu de +couple franco-allemand+ sous Macron et Scholz. On était en désaccord sur presque tous les grands sujets", résume-t-il trois ans après l'arrivée du social-démocrate à la tête du gouvernement allemand en décembre 2021.
À Paris, tous les yeux sont désormais tournés vers le chef de l'opposition allemande, Friedrich Merz, avec lequel l'Élysée a déjà établi des contacts, comme il est d'usage entre partenaires de l'Union européenne.
En coulisse, la diplomatie française fait le pari d'une relation moins laborieuse qu'avec Olaf Scholz même si les deux capitales ont continué à travailler de façon étroite ces dernières années sur tous les grands sujets européens.
"Ça va un peu soulager tout le monde même si Merz n'est pas facile non plus et si tout ne va pas changer de manière radicale avec lui", relève Hélène Miard-Delacroix, spécialiste de l'Allemagne à La Sorbonne.
"La façon qu'a Scholz d'être buté c'est de ne rien dire. Merz, s'il est buté, on va l'entendre. Il est un peu colérique", pointe-t-elle.
Avec le probable futur chancelier, l'exécutif français espère enfin avancer sur les sujets qui fâchent.
"Je voudrais qu'on se mette au travail", lâche le ministre français aux Affaires européennes Benjamin Haddad, interrogé par l'AFP, citant la relance de la compétitivité et de l'investissement en Europe ou la défense.
"Faire des coups"
De l'avis général, les torts sont partagés dans le rendez-vous manqué entre Emmanuel Macron et Olaf Scholz, deux tempéraments aux antipodes, omniprésent pour l'un, taiseux pour l'autre.
"Il y a eu davantage de volonté de la part d'Helmut Kohl ou Angela Merkel d'aller vers la France et de montrer une attitude de bonne compréhension que de la part de Scholz", constate Hans Stark.
L'ex-ministre des Finances d'Angela Merkel est arrivé à la chancellerie avec une vision peu enthousiaste de la France et de ses dérapages budgétaires à répétition.
"Scholz n'a jamais été sur les questions européennes, de défense et de sécurité un partenaire rêvé pour la France", souligne également le conseiller de l'Ifri.
Les désaccords sont nombreux, sur le projet de bouclier antimissile européen, la livraison de missiles longue portée à l'Ukraine ou la mise en œuvre de l'accord de libre-échange entre l'UE et les pays du Mercosur, réclamée par Berlin contre l'avis de Paris.
Emmanuel Macron, qui se pose volontiers en chef de file de l'UE, suscite aussi beaucoup d'incompréhension outre-Rhin.
"Il a une façon d'être, de se comporter, de faire des coups, de lancer des phrases, de provoquer le destin qui est orthogonale à ce qu'est Scholz", observe Hélène Miard-Delacroix.
"Certaines de ses décisions, dont la dissolution de l'Assemblée, n'ont pas été comprises, comme le fait que la France s'assoie littéralement sur les critères de convergence" de la zone euro, renchérit Hans Stark. Vu d'Allemagne, il passe pour "un président très affaibli et isolé", esquisse-t-il aussi.
AFP/VNA/CVN