Le gouvernement danois a jeté un froid avec l'annonce du rétablissement de contrôles douaniers permanents à ses frontières nationales avec l'Allemagne et la Suède pour lutter contre l'immigration illégale et la criminalité organisée.
La mesure, prise sous la pression du Parti du Peuple danois (PPD, extrême droite) opposé à l'immigration, a été annoncée sans aucune concertation préalable avec les autres pays concernés et a été immédiatement dénoncée au Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg.
"Les fossoyeurs de l'Europe se déchaînent", ont accusé les Socialistes. "Les vannes étant ouvertes, l'un des gouvernements les plus à droite d'Europe profite de la brèche pour s'y engouffrer", ont-ils dénoncé.
"Les risques de troubles à l'ordre public ne peuvent être prévenus de manière efficace par des mesures purement nationales aux frontières", a pour sa part averti le chef de file des Libéraux, l'ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt.
Le ministre danois en charge de l'Intégration, Soeren Pind, a cherché à désamorcer les critiques. "On fait beaucoup d'histoires autour de notre décision (...) mais nous n'allons pas rétablir des contrôles des passeports et des personnes", a-t-il assuré.
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso reconnaît être préoccupé par les tendances au repli constatées dans de nombreux États sous la pression de mouvements populistes et xénophobes.
"Nous avons identifié des problèmes dans la gestion de Schengen, mais nous devons éviter les cavaliers seuls pour résoudre les problèmes, car ils donnent des arguments aux populistes et aux extrémistes qui veulent remettre en question l'acquis communautaire", a-t-il déclaré le 10 mai devant le Parlement européen. "Il est temps d'étouffer dans l'œuf les mauvaises tendances", a-t-il affirmé. Le lendemain, Copenhague annonçait le rétablissement des contrôles à ses frontières.
La France, à l'origine de la proposition, la défend comme "un renforcement des capacités de réaction de l'Europe face à des situations exceptionnelles". "Il faut éviter de théâtraliser les positions", plaident les négociateurs français.
AFP/VNA/CVN