Le rapporteur spécial, Frank La Rue, se trouvait dans le village palestinien de Nabi Saleh, en Cisjordanie occupée, le 9 décembre lorsqu'un jeune manifestant palestinien y a été mortellement touché en plein visage par une grenade lacrymogène tirée par un soldat israélien. "J'ai appris qu'un jeune homme avait été blessé à la tête par une cartouche de gaz lacrymogène", a-t-il raconté lors d'une conférence de presse à Jérusalem-Est en soulignant qu'il n'avait "pas été témoin de l'incident lui-même". "Tout recours à la force contre des manifestants ou des émeutiers doit être réduit au minimum et proportionné à la menace qu'ils représentent", a-t-il plaidé. "Si l'usage de gaz lacrymogène pour disperser une foule peut être légitime dans certaines circonstances, il ne devrait en aucun cas y avoir des tirs de grenades lacrymogènes visant directement des manifestants", a ajouté M. La Rue.
Moustapha Abderrazek al-Tamimi, 28 ans, est décédé à l'hôpital de ses blessures à la tête. Il participait à la manifestation hebdomadaire des habitants de Nabi Saleh contre l'empiètement de la colonie israélienne voisine de Halamish. Deux enquêtes parallèles ont été ouvertes par l'armée. Les premiers résultats sont attendus le 20 décembre.
Le rapporteur de l'ONU a déploré que les directives de l'armée israélienne, qui interdisent les tirs tendus lacrymogènes contre les protestataires, ne soient pas toujours respectées sur le terrain par les troupes. "J'ai été informé de cas comparables, avec des tirs de grenades lacrymogènes qui ont entraîné un décès et fait des blessés. Si les violations des règlements ne sont pas sanctionnées de façon adéquate, les directives (de l'armée) risquent de devenir purement symboliques", a-t-il averti.
La visite du rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à la liberté d'opinion et d'expression était la première en Israël et dans les Territoires occupés depuis la création de ce poste bénévole en 1993.
AFP/VNA/CVN