>>La zone euro a reçu les nouvelles propositions de réformes d'Athènes
>>Tsipras se dit confiant et appelle l’Europe à ne pas se "diviser"
>>Grèce : les Européens laissent à Tsipras victorieux une mince chance de négocier
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras lors d'une réunion de son groupe parlementaire, le 10 juillet 2015 à Athènes |
Cette proposition sera examinée le 11 juillet par les ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe), dont le président Jeroen Dijsselbloem estime qu'une "décision majeure" devrait être prise à cette occasion.
À première vue, ces propositions, publiées par Athènes dans la nuit du 9 juillet au 10 juillet, sont désormais très proches du dernier texte des créanciers, le 26 juin, sur la plupart des sujets qui fâchent : retraites, TVA, privatisations, taxe sur les sociétés....
Des échos optimistes, bien que prudents, sont venus de plusieurs capitales européennes, comme Paris, Vienne, Rome. Berlin attend de voir.
Les marchés financiers ont réagi positivement à ces nouveaux développements avec un raffermissement de l'euro, une hausse des bourses européennes et une nette détente des taux d'emprunt des pays du Sud de l'Europe, la Grèce en tête.
À la tête du camp des conciliants, le président français François Hollande a jugé les dernières propositions d'Athènes "sérieuses" et "crédibles", ajoutant toutefois que "rien n'est encore fait".
De nombreuses rumeurs font état d'un soutien actif de la France, très engagée en faveur d'un compromis, dans la préparation des mesures.
"On continue ou on chute ensemble"
Le gouvernement allemand a montré qu'il ne voulait pas être bousculé, indiquant "ne pas pouvoir juger du contenu" des propositions à ce stade, et "attendre que les institutions (BCE, UE, FMI) communiquent leur avis", avant l'Eurogroupe.
Chronologie de la crise financière grecque depuis 2010. Photo: AFP/VNA/CVN |
Cet avis se faisait toujours attendre le 10 juillet vers 14h00 GMT.
Peter Kazimir, le ministre des Finances de la Slovaquie, autre pays très dur vis-à-vis de la Grèce, a quant à lui concédé "un progrès".
Athènes doit obtenir à la fois le feu vert des créanciers, des Grecs qui ont rejeté le 12 juillet dernier à 61% lors d'un référendum une potion d'austérité similaire à celle offerte aujourd'hui par le gouvernement, et de l'aile gauche de Syriza, le propre parti du Premier ministre Alexis Tsipras.
Cinq membres de la plateforme de gauche du parti, dont trois députés, ont d'ores et déjà estimé le 10 juillet que le gouvernement ne devait pas céder au "chantage" des créanciers, et tout simplement cesser de rembourser la dette.
Mais M. Tsipras pourrait aussi compter sur l'appui des grands partis d'opposition, qu'il a abondamment consultés cette semaine.
Signe de sa volonté d'aller vite, il demande dès le 10 juillet l'avis du parlement grec sur les propositions du gouvernement. Les députés ont commencé à débattre en commission à partir de 15h00 (12h00 GMT) avant un vote en séance plénière, sans doute dans la nuit.
Dans le document de 13 pages expédié in extremis le soir du 9 juillet à Bruxelles, et intitulé "Actions prioritaires et engagements", le gouvernement s'engage à adopter la quasi-totalité des mesures réclamées par les créanciers.
Aux premières heures de la matinée, M. Tsipras avait fait la leçon à son propre groupe parlementaire réuni à huis clos. "Ou on continue ensemble, ou on chute ensemble", aurait-il averti, arguant qu'au-delà des mesures d'austérité qu'ils n'aiment pas, les Grecs voulaient, pour les trois quarts, rester dans l'euro.
"Il y avait beaucoup de oui dans le non et beaucoup de non dans le oui", expliquait, philosophe et résigné, Grigoris Manthoulis, un commerçant dont l'activité est au ralenti depuis la fermeture des banques et l'instauration d'un contrôle des capitaux, le 29 juin.
Une mesure prévue pour durer jusqu'à lundi, le 13 juillet mais dont le vice-ministre des Finances Dimitris Mardas a laissé entendre le 10 juillet qu'elle pourrait encore se prolonger, avec des aménagements.
Après avoir été étudiées par les institutions, puis l'Eurogroupe, les propositions grecques seront soumises le 12 juillet à un sommet extraordinaire des 28 pays de l'Union européenne à Bruxelles.
Et maintenant, la dette
Mais il n'y a pas que les propositions de réformes. Parallèlement à celles-ci, la Grèce a adressé formellement le 8 juillet à la zone euro, son principal créancier, une nouvelle demande d'aide sur trois ans, la troisième depuis 2010, en échange de l'effort budgétaire promis.
Et sa principale concession attendue concerne un allègement de sa dette, qui représente 180% de son PIB.
Le sujet divise les Européens mais Athènes insiste, avec le soutien affiché du FMI (dont l'ancien directeur général, Dominique Strauss-Kahn, a plaidé à titre personnel pour un allègement de la dette grecque dans sa première prise de position publique depuis 2011) et de nombreux économistes.
Après le président du Conseil européen Donald Tusk le 9 juillet le ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron, a affirmé le 10 juillet que la question de la "restructuration" de la dette de la Grèce devrait être abordée.
Berlin a vu le 10 juillet "très peu de marge de manœuvre" pour restructurer cette dette. Une sorte d'avancée néanmoins par rapport au 9 juillet quand la chancelière Angela Merkel avait dit qu'une réduction de la dette grecque était "hors de question".
Le sommet du 12 juillet risque ainsi d'être un moment-clé, ouvrant enfin la porte à l'apaisement, après cinq mois de tension exténuantes, ou amorçant une sortie de la Grèce de la monnaie unique.
AFP/VNA/CVN