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Le président de la BCE, Mario Draghi, arrive à Bruxelles pour un sommet européen, le 25 juin. |
Quoi qu'elle fasse, c'est l'avenir du bloc monétaire qui est en question: en lâchant la Grèce, l'institution monétaire de Francfort, bouée de sauvetage de ses banques et dans le même temps de toute l'économie, précipitera le "Grexit", sortie du pays de la monnaie unique. Ce sera à elle d'en gérer les conséquences, notamment d'essayer, par les outils de politique monétaire à sa disposition, de contenir les risques de contagion.
Mais en continuant à maintenir les banques sous perfusion, la BCE violerait ses règles, elle dont son président Mario Draghi aime à dire qu'elle est une "institution basée sur des règles". Pour certains, ce serait tout autant le début de la fin de la zone euro.
M. Draghi, qui s'est soigneusement tenu à l'écart ces derniers mois des passes d'armes entre la Grèce et ses créanciers, se retrouve ainsi sur la sellette, là où il ne voulait surtout pas être. Inlassablement, il a appelé les politiques à prendre leurs responsabilités, voulant n'être qu'un exécutant de leurs décisions. "La sortie ou pas de la Grèce de la zone euro dépend maintenant de la BCE. Quelle responsabilité terrible pour un personnel non élu", a commenté sur Twitter l'économiste Paul de Grauwe, de l'Université de Leuven.
Réunion du conseil
Le conseil des gouverneurs de la BCE va se réunir "en temps voulu" - matin du 28 juin, selon plusieurs sources - "pour discuter de la situation", selon un bref communiqué de l'institution après que les ministres des Finances de la zone euro réunis à Bruxelles ont signifié à la Grèce l'échec de son dernier coup de poker. Le gouvernement d'Alexis Tsipras avait demandé un sursis de quelques jours au programme d'aide en cours, qui expire le 30 juin, pour pouvoir organiser un référendum dans son pays.
Le conseil des gouverneurs, qui réunit les six membres du directoire de l'institution et les 19 gouverneurs des banques centrales de la zone euro, a maintenu ces derniers mois un dernier filet de sécurité pour le système bancaire grec, au moyen de prêts d'urgence.
Les prêts d'urgence, baptisés ELA, sont approuvés par les gouverneurs, qui en fixent le plafond - actuellement autour de 90 milliards d'euros. Ces derniers jours, dans un contexte d'incertitude croissante conduisant Grecs à retirer leurs économies, c'est tous les jours que les gouverneurs ont été appelés à se prononcer sur le prolongement du mécanisme, au moyen de conférences téléphoniques.
M. Draghi a toujours insisté sur le fait que l'octroi des prêts ELA obéissait à des règles strictes: l'existence d'un programme d'aide à l'intention du pays concerné, et la solvabilité des banques.
Conditions plus remplies
Ni l'une ni l'autre condition n'étaient plus remplies samedi le 27 juin, alors que la zone euro a signifié qu'elle n'était pas prête à prolonger le programme d'aide en cours au-delà du 30 juin. Les banques pendant ce temps sont en butte à des retraits massifs, leur solvabilité n'est plus assurée.
Certains membres du conseil étaient notoirement opposés à l'octroi des prêts ELA avant même le tour pris par les événements ces dernières 48 heures, parmi eux le président de la Bundesbank allemande Jens Weidmann. Mais portés par l'espoir d'un accord entre la Grèce et ses créanciers, beaucoup de ses confrères surmontaient leurs réserves.
S'ils coupent dimanche 28 juin les financements des banques, ils devront dans le même temps de concerter sur les moyens de gérer les conséquences de la sortie quasi inéluctable de la Grèce de la zone euro.
Pour éviter que les taux d'emprunt européens ne s'enflamment, la BCE pourrait par exemple muscler un peu son "QE", son programme d'achats d'obligations soigneusement calibré et déjà en cours. Concrètement, racheter encore plus de dette, alors que la justice européenne vient de donner son feu vert à son précédent programme de déversement massif de liquidités.