Référendum grec
Le oui progresse, Tsipras tente de mobiliser ses compatriotes

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras s'est efforcé le 3 juillet de galvaniser ses compatriotes, les appelant à dire non pour "vivre avec dignité en Europe", alors que le oui semblait progresser avant le référendum crucial du 5 juillet.

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Le Premier ministre grec a rejoint en début de soirée le rassemblement des partisans du non, fendant la foule de plus de 25.000 personnes massée sur la place Syntagma, devant le Parlement à Athènes. "Nous fêtons la victoire de la démocratie, la Grèce envoie un message de dignité, personne n'a le droit de menacer de diviser l'Europe", a lancé M. Tsipras sous les acclamations.

"Nous avons le droit de décider pour nous-mêmes", soutenait une manifestante, Katerina, 51 ans, interrogée par l'AFP. "Les mesures d'austérité qu'on nous a imposées nous ont menés à une situation encore pire".

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras salue la foule de ses partisans, le 3 juillet 2015 à Athènes, venus manifester pour le non au référendum.
Photo : AFP/VNA/CVN

Au même moment, plus de 22.000 partisans du oui se rassemblaient devant le stade où ont eu lieu en 1986 les premiers jeux Olympiques modernes, reprenant des slogans en faveur de l'Union européenne dans une mer de drapeaux grecs. "Le oui va donner un meilleur avenir à nos enfants", a assuré à la tribune le présentateur vedette Nikos Aliagas.

Pour la première fois, un sondage (de l'institut Alco) donnait le 3 juillet l'avantage au oui, crédité de 44,8% des voix alors que le non recueillait 43,4%.Mais un autre sondage, réalisé pour Bloomberg par l'Université de Macédoine, montrait un très léger avantage du non avec 43%, contre 42,5% pour le oui.

"Ce référendum a coupé la société grecque en deux groupes qui ont une compréhension différente de la question posée", a relevé le responsable de ce sondage, Nikos Marantzidis, professeur de sciences politiques à l'Université de Macédoine, cité par Bloomberg.

Avec une victoire du non, Alexis Tsipras se verrait "mieux armé" pour repartir à la table des négociations avec les créanciers (UE, BCE, FMI), qui d'ailleurs, selon le ministre des Finances Yanis Varoufakis, ont continué en coulisses cette semaine, avec "un accord plus ou moins scellé".

Deux lectures

Mais l'instauration forcée d'un contrôle du crédit pour parer à un début de panique bancaire, et les discours de plus en plus anxiogènes des créanciers, ont convaincu de nombreux Grecs que l'enjeu était bien, comme les créanciers le disent, la sortie de l'euro auquel, selon Alco, 74% d'entre eux sont attachés. "Si les Grecs votent non, la position grecque sera considérablement affaiblie", a de nouveau affirmé le 3 juillet le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Des milliers de manifestants pro-non au référendum, le 3 juillet 2015 à Athènes.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a quant à lui relativisé, conseillant d'éviter les "messages dramatiques". Mais le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a une nouvelle fois critiqué le gouvernement de M. Tsipras, qui selon lui "ne veut aucun programme de réformes".

"J'étais dès le début très sceptique quant à un résultat des discussions avec le gouvernement d'Athènes. Que ce scepticisme soit finalement confirmé ne m'étonne pas vraiment", a déclaré M. Schäuble au quotidien allemand Bild. Dans l'après-midi, Alexis Tsipras a réclamé une baisse de 30% du montant de la dette grecque et "un délai de grâce" de 20 ans pour son remboursement.

M. Tsipras s'appuie sur un allié de poids, le FMI, qui a publié le 2 juillet un rapport explosif appelant les Européens à de gros efforts sur la dette grecque (176% du PIB), dont ceux-ci ne veulent pour l'instant pas entendre parler. Le Premier ministre grec a aussi de nouveau appelé le peuple à ne pas céder "aux ultimatums, au chantage et à la campagne de la peur".

Mon argent est mieux chez moi

Pendant ce temps, les Grecs continuent à faire la queue devant les distributeurs pour prendre leurs 60 euros quotidiens. Et les retraités dépourvus de carte de crédit doivent patienter pendant des heures devant certaines succursales ouvertes afin de retirer 120 euros pour la semaine.

M. Varoufakis a fustigé un article du Financial Times selon lequel les titulaires grecs de comptes en banque pourraient se voir prélever 30% de leurs dépôts pour renflouer le système bancaire du pays. L'article du quotidien économique britannique "est une rumeur malveillante que le chef de l'Association des banques grecques a démentie", a écrit M. Varoufakis sur son compte Twitter.

Une manifestante pour le oui au référendum, le 3 juillet 2015 à Athènes.
Photo : AFP/VNA/CVN

À Thessalonique, un retraité, Giorgos Chatzifotiadi, 77 ans, abattu de n'avoir pas pu percevoir ses 120 euros pour un problème administratif, pleurait d'épuisement, assis sur le trottoir, ses papiers en vrac près de lui. Sa photo a fait le tour du monde. Quelques heures plus tard, rasséréné, il confiait à l'AFP: "Je ne peux pas supporter de voir mon pays dans cette misère. C'est pour ça que j'étais abattu, plutôt que par mon problème personnel".

Dans les commerces, l'activité était réduite, les Grecs préférant apparemment économiser, tels Kostas, un retraité du quartier populaire athénien de Pangrati, qui déclarait: "Mon argent est mieux chez moi".

Louka Katseli, directrice de l'Union des banques grecques et dirigeante de la Banque nationale grecque (BNG), a assuré que les banques grecques avaient "des liquidités suffisantes jusqu'à la réouverture des banques prévue pour mardi 7 juillet".

Le ministre grec Varoufakis accuse les créanciers de "terrorisme"

Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a accusé le 4 juillet les créanciers du pays de "terrorisme" et de vouloir "humilier les Grecs", qui se prononceront lors du référendum du 5 juillet sur leurs dernières propositions de réformes. "Ce qu'ils font avec la Grèce a un nom : terrorisme", accuse Yanis Varoufakis, connu pour sa liberté de ton, dans un entretien au quotidien espagnol El Mundo.

Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, le 28 juin à Athènes
Photo : AFP/VNA/CVN

"Pourquoi est-ce qu'ils nous ont forcés à fermer les banques ? Pour insuffler la peur aux gens. Et quand il s'agit de répandre la peur, on appelle ce phénomène le terrorisme", développe le ministre en parlant de la politique menée par les créanciers d'Athènes, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et l'Union européenne.

Faute d'être parvenu à un accord avec les créanciers sur une prolongation d'un programme d'aide financière au-delà du 30 juin, le gouvernement de gauche radicale grec a annoncé la fermeture des banques et le contrôle des capitaux jusqu'au 6 juillet.

Quel que soit le résultat du référendum de dimanche -le Premier ministre Alexis Tsipras appelle à voter non, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker oui- les banques du pays rouvriront et il y aura un accord avec les créanciers, assure Yanis Varoufakis.

"Quel que soit le résultat du référendum, le lundi il y aura un accord, j'en suis complètement et absolument convaincu. L'Europe a besoin d'un accord, la Grèce a besoin d'un accord, de sorte que nous arriverons à un accord."

Pour le ministre des Finances, qui répète qu'en cas de victoire du oui il démissionnera, "aujourd'hui ce que veulent Bruxelles et la troïka, c'est que le oui gagne pour pouvoir ainsi humilier les Grecs". Il accuse aussi ses opposants de vouloir faire de "la Grèce un exemple pour les autres" à l'heure où en Espagne le parti de gauche radicale Podemos, allié du grec Syriza, gagne en force à l'approche d'élections législatives.

"Je crois que dans toute l'Europe il y a besoin de partis comme Syriza et Podemos, des partis à la fois critiques à l'égard du système mais en même temps pro-européens et démocrates. Ceux qui nous détestent veulent nous faire passer pour anti-européens, mais non, ce n'est pas vrai, nous ne le sommes pas".

AFP/VNA/CVN

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