L'industrie des super yachts lorgne sur les riches Asiatiques

L'industrie des super yachts déprimée par la crise financière mondiale lorgne sur les milliardaires asiatiques, désormais plus nombreux que les Européens et à la recherche de nouveaux signes extérieurs de richesse, pour renouer avec des taux de croissance à deux chiffres.

Quand on possède déjà des voitures de très grande marque, des appartements luxueux et un jet privé, que reste-t-il pour se démarquer ? Un super yacht, défini comme un navire de plus de 24 mètres. "J'adore posséder un yacht, c'est une résidence qui se déplace et m'offre une vue différente chaque jour", confie Arthur Tay, un magnat singapourien, propriétaire de Hye Seas II, navire de 35,4 mètres, amarré dans une marina de Sentosa, à Singapour.

Président du groupe SUTL (commerce, services), M. Tay ne souhaite pas dévoiler le prix de son luxueux bateau équipé d'un bar et d'écrans plats. Mais selon un spécialiste, il s'agit d'un plaisir à 12 millions de dollars américains (8,3 millions d'euros).

En quatre ans, le nombre de super yachts a doublé en Asie, passant à 216, ce qui est cependant encore très peu au regard des 7.000 qui naviguent dans le monde, explique le Français Jean-Jacques Lavigne, directeur général de l'Association des super yachts de Singapour (SSA). "Deux facteurs contribuent à cette croissance : d'abord la très forte création de richesse en Asie, ensuite le développement des infrastructures, essentiellement des marinas de bonne qualité", analyse M. Lavigne.

La clientèle asiatique potentielle croît en effet plus vite que dans le reste du monde : en 2001 et sur un an, le nombre d'Asiatiques possédant une fortune de plus d'un milliard de dollars américains est passé de 234 à 332, dont 115 uniquement en Chine, selon le magazine Forbes.

L'Asie concentre désormais un plus grand nombre de milliardaires que l'Europe (300), mais reste derrière les États-Unis (413).

La flotte asiatique de super yachts, encore réduite, n'en représente pas moins un secteur pesant cinq milliards de dollars, si l'on ajoute les transactions, la maintenance et le salaire des équipages. "Il n'est pas déraisonnable de penser que le secteur va connaître une croissance à deux chiffres sur les cinq prochaines années", estime Jonathan Galaviz, économiste américain spécialiste du marché du luxe. "Dans la mesure où les pays asiatiques continuent à connaître une croissance exceptionnelle, les achats d'articles de très grand luxe, comme les super yachts, devraient augmenter", pronostique-t-il.

Afin de profiter de cette aubaine, le premier Salon du yacht de Singapour, à l'initiative de Informa Yacht Group, l'organisateur du Monaco Yacht Show, s'est tenu le week-end dernier. Objectif : permettre aux constructeurs de présenter leurs produits et aux propriétaires de yachts de découvrir la destination Singapour. "Il est clair qu'il existe ici une propension à s'offrir de tels bijoux. Nous faisons notre possible pour faire de Singapour le carrefour de l'industrie du super yacht en Asie du Sud-Est, à l'instar de Monaco pour l'Europe", déclare Andy Treadwell, directeur général de Informa Yacht Group.

Voir des yachts naviguer dans les eaux de la région donnera envie aux acheteurs, souligne M. Treadwell. "Plus les super yachts viendront, plus les clients potentiels qui n'y connaissent encore rien seront attirés", ajoute-t-il.

En 2010, 81 de ces super yachts ont jeté l'ancre à Singapour, contre seulement 16 en 2006, selon SSA. Encore limités par l'absence d'infrastructures, ils pourront à l'avenir fréquenter plus facilement les eaux de la région grâce aux nombreuses marinas en construction ou en projet à Singapour, en Chine, Corée du Sud ou Indonésie.

AFP/VNA/CVN

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