Khieu Samphan, l'un des rares cadres du régime khmer rouge à avoir eu des contacts avec l'étranger, affirme être resté à l'écart du cercle restreint autour de Pol Pot et n'avoir rien su du drame qui se jouait. "Vous semblez vouloir que tout le monde écoute vos contes de fée", a déclaré l'ancien chef de l'État du "Kampuchéa démocratique". "J'ai l'impression que vous voulez vraiment voir ma tête sur le billot".
Khieu Samphan comparaît depuis le 21 novembre aux côtés de l'ancien numéro deux du régime, Nuon Chea, et de l'ex-ministre des Affaires étran-gères, Ieng Sary. Trois octogénaires poursuivis pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre.
Le procès, enfin ouvert après des années de lourde procédure et dont beaucoup craignent qu'il durera trop longtemps compte tenu de leur âge, est attendu par les victimes comme l'ultime chance de comprendre ce qui a conduit à la mort de quelque deux millions de personnes.
Mais déjà privées de l'ex-ministre des Affaires, Ieng Thirith, devenue folle et inapte à être jugée, les parties civiles savent que la vérité sera délicate à établir.
Les 21 et 22 novembre, les deux procureurs avaient évoqué la "nature impitoyable" des évacuations des villes et les "conditions insupportables" des sites de travail forcé, qualifiant les accusés de "vulgaires meurtriers d'une génération entière de Cambodgiens".
Le régime khmer rouge a aussi aboli la monnaie et la religion, et supprimé la médecine et l'éducation scolaire. "Le parti du Kampuchéa a transformé le Cambodge en un immense camp d'esclavage, imposant à une population entière un système dont la brutalité continue jusqu'à aujourd'hui de défier l'entendement", avait déclaré la procureure cambodgienne, Chea Leang.
AFP/VNA/CVN