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Selon plusieurs témoins, les habitants fuyaient la ville par centaines face à l'avancée rebelle dans ce carrefour commercial de 300.000 habitants, situé sur la route qui relie Kaboul au Tadjikistan. Ceux qui n'avaient pas fui restaient calfeutrés chez eux.
Les talibans étaient parvenus en avril et en juin jusque dans les faubourgs de Kunduz, mais ils avaient été repoussés à chaque fois.
Des membres des forces de sécurité afghane circulent dans Kunduz, en Afghanistan, le 28 septembre |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le 28 septembre, ils ont pénétré dans la ville à la mi-journée et en contrôlaient la majeure partie "mais nos forces résistent encore dans certains quartiers", a déclaré Sayed Sarwar Hussaini, porte-parole de la police provinciale. Dans la foulée, ils ont attaqué la prison de Kunduz "et libéré des centaines de détenus", dont de nombreux talibans.
Les insurgés islamistes sont coutumiers du fait. Il y a deux semaines, ils ont libéré des centaines de leurs frères d'armes d'une prison du centre de l'Afghanistan au terme d'un raid meurtrier.
À Kunduz, les talibans auraient également hissé leur drapeau blanc sur la place principale, d'après un responsable local qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat, une information qui n'était pas confirmée officiellement.
Autre geste de défi : ils occupent le bureau du gouverneur de la province, d'après un responsable gouvernemental.
"C'est le chaos. Je ne peux pas vous parler, j'embarque à bord d'un hélicoptère pour partir", a lancé Safiullah, un élu local. "Les insurgés ont installé leurs drapeaux blancs sur la devanture de magasins", a renchéri Javed, un tailleur.
Les talibans ont également "pris le contrôle de l'hôpital municipal de Kunduz, qui compte 200 lits", a ajouté un responsable tribal. Ils y "font la chasse aux soldats blessés", a expliqué Sahad Mukhtar, directeur de l'établissement.
Un responsable du ministère de l'Intérieur a évoqué un bilan de deux policiers, 4 civils et 25 talibans tués dans les combats et l'ONG Médecins sans Frontières, qui compte un centre de soins à Kunduz, a dit traiter "des dizaines de personnes blessées".
Localisation de Kunduz en Afghanistan et récentes attaques des Talibans. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Face à la débâcle, le gouvernement afghan assure que des renforts ont été envoyés et "nous nous préparons à renverser la situation", a lancé le général Murad Ali Murad, chef d'état-major adjoint de l'armée afghane.
"Grande victoire"
Mais l'armée afghane, surmenée, ne peut plus guère compter sur l'appui des soldats étrangers de l'Otan, qui a retiré ses troupes de combat du pays en décembre dernier et n'y maintient plus que 13.000 hommes cantonnés à des missions de conseil et formation.
"Le manque de soutien aux forces de sécurité a renforcé les talibans", juge l'analyste Abdul Wahid Taqat.
La prise de Kunduz est un très grave revers pour le président afghan Ashraf Ghani qui avait promis, lors de son élection en 2014, de ramener la paix dans son pays, déchiré par plus de 30 ans de conflits, dont près de 14 avec les talibans.
La "grande victoire" de Kunduz, comme il l'a qualifiée dans un message, lui permet d'asseoir son autorité au sein d'un mouvement dont certains cadres lui niaient toute légitimité.
Le 27 septembre, des militants se réclamant de l'EI ont lancé une de leurs premières grandes offensives contre la police afghane dans la province de Nangarhar, tuant au moins deux policiers.