Burkina : désarmement du RSP sous forte tension

La transition semble avoir repris ses droits, mais des incertitudes demeurent autour du processus de désarmement du Régiment de sécurité présidentielle (RSP).

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Ouagadougou respire mieux, mais des incertitudes et une certaine tension ont accompagné samedi 26 septembre le désarmement du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l'unité d'élite auteur du coup d'État du 17 septembre et dissoute par le gouvernement, causait le 26 septembre.

Cette mesure de dissolution a été annoncée vendredi soir 25 septembre par le gouvernement de transition, qui a tenu son premier conseil après l'échec du putsch. Elle a été saluée par la société civile, notamment le collectif Balai citoyen qui demandait cette mesure depuis longtemps, et des hommes politiques. Le gouvernement a également créé une commission d'enquête sur les événements. Entamé vendredi soir 25 septembre, puis stoppé samedi matin 26 septembre, le processus de désarmement du RSP avait repris dans l'après-midi, selon une source de l'armée loyaliste envers le gouvernement de transition.

La transition semble avoir repris ses droits, mais des incertitudes demeurent autour du processus de désarmement du Régiment de sécurité présidentielle.
Photo : AFP/VNA/CVN

Auparavant, une rumeur a circulé sur les réseaux sociaux, selon laquelle une colonne de l'armée aurait fait route vers la caserne Naaba Koom 2 du RSP, située juste derrière le palais présidentiel Kosyam, dans le sud de Ouagadougou.

Train de mesures contre le RSP et les putschistes

Vendredi 26 septembre, l'armée avait annoncé que «le processus de désarmement du RSP au camp Nabaa Koom (avait) bien commencé» et qu'un premier chargement d'armes avait quitté la caserne. Selon une source du RSP cependant, les choses ne s'étaient pas déroulées si facilement, des soldats ne voulant pas rendre leurs armes sans des garanties sur leur sécurité et celle de leur famille. «On s'est précipité pour annoncer leur dissolution et les poursuites judiciaires. Il faut s'attendre à une réaction alors qu'ils n'ont pas encore rendu leurs armes», a réagi une source sécuritaire auprès de l'AFP.

Le régime de transition a annoncé samedi un deuxième train de mesures contre les putschistes et leurs soutiens supposés. La justice a ordonné le gel des avoirs du chef des putschistes, le général Gilbert Diendéré, ainsi que du parti de l'ancien président Blaise Compaoré, le CDP et d'une douzaine d'autres personnalités.

Le sort du général Diendéré restait toujours en suspens samedi 26 septembre, alors que les violences liées au coup d'État ont fait 10 morts parmi les manifestants anti-putsch. Les avoirs de sa femme, Fatou Diallo Diendéré, ex-députée du CDP, ceux de Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères et un des hommes forts du régime Compaoré - exclu de la course à la présidentielle par le régime de transition -, ont aussi été gelés, ainsi que ceux de Sidi Pare, ministre délégué à la Sécurité de la Transition, destitué de ses fonctions vendredi, car soupçonné de collusion avec les putschistes, et ceux de Léonce Koné, un des responsables du CDP qui n'avait pas condamné le putsch.

Les réactions à la dissolution du RSP

La dissolution du RSP a été saluée samedi 26 septembre par la société civile et une partie de la classe politique. Me Guy-Hervé Kam, porte-parole du Balai citoyen, qui avait eu un rôle capital dans la chute du régime de Blaise Compaoré en octobre 2014, a dit avoir appris la dissolution «avec soulagement et un sentiment de joie», soulignant qu'« il y a quelque chose de positif dans le coup (d'État)».

Le président par intérim du Burkina Fasso, Michel Kafando.

Halidou Ouedraogo, ancien président du collectif contre l'immunité dans l'affaire Zongo - des éléments du RSP avaient été mis en cause, sans être jugés, dans l'assassinat en 1998 du journaliste Norbert Zongo -, a lui estimé que « justice a été rendue à notre peuple. La leçon que le peuple burkinabé a administrée doit être suivie en Afrique pour la construction de la démocratie». Quant à Bénéwendé Sankara, candidat à la présidentielle, il se déclare «vraiment satisfait » tout en précisant qu'il "faut rester vigilant et déterminé jusqu'à la reddition totale des « terroristes»".

L'Union d'action syndicale, qui regroupe les principaux syndicats du pays dont la CGT-B, s'est aussi « félicitée » de la dissolution tout en suspendant son appel à la grève générale. «Le mot d'ordre est suspendu, mais pas levé », a précisé son secrétaire général Bassolma Bazié, ajoutant qu'il fallait rester «vigilant» et attendre « que la situation se calme ».

La vie reprend son cours

Au centre-ville de Ouagadougou, la vie avait repris ses droits avec une grande activité sur les marchés et le retour des traditionnels embouteillages. Au quartier Somgandé (Est), «on a fêté, et on a dansé quand on appris la dissolution. Ils nous emm... depuis des années», déclarait Abdou Gomina, à côté d'amis qui jouent tranquillement aux dames.

«C'était une épine dans le pied. On n'a plus peur maintenant. Vingt ans que le RSP était là. Même après le 30 et le 31 (octobre 2014, chute de Compaoré) ils sont restés. Ils ont trempé dans beaucoup de choses», réagissait Marc Belmouisgo, topographe à la retraite.

AFP/VNA/CVN

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