La plupart des entreprises le reconnaissent : la campagne n'est pas un marché où l'on peut faire de gros profits. Parfois, elles y font même des pertes. "Nous avons activement participé à ce programme malgré les pertes enregistrées car nous considérons celles-ci comme un investissement pour l'élargissement du marché", confie Luong Van Vinh, directeur général de la Société par actions des produits de beauté My Hao.
Pendant longtemps, les consommateurs ruraux ont dû se satisfaire de produits contrefaits, de mauvaise qualité et parfois nocifs pour la santé. "La responsabilité incombe aux services de gestion du marché et aux consommateurs eux-mêmes, mais aussi et surtout aux entreprises qui, durant des années, ont tourné le dos aux régions rurales", estime Kim Hanh, directrice du Centre d'études commerciales et d'assistance aux entreprises. C'est aussi une des raisons pour lesquelles des entreprises se sont coordonnées pour organiser ce programme. "Les entreprises considèrent les zones rurales comme des lieux où il est difficile de faire des profits. Mais elles acceptent dans un premier temps de faire des pertes dans l'intérêt des paysans et du leur à long terme", remarque Vu Kim Hanh.
Le programme "Produits vietnamiens à la campagne" réunit des entreprises proposant des produits de qualité et faisant des efforts pour s'orienter vers les zones rurales. "L'objectif principal de ce programme est de gagner le coeur des consommateurs paysans et d'établir des chaînes de distribution", fait savoir Mme Hanh.
Produits à bas prix mais de qualité
Se tourner vers les campagnes est une judicieuse décision des entreprises car le marché urbain est de plus en plus compétitif. Mais quelle stratégie les entreprises doivent-elles adopter pour y récolter des succès ? "La chose la plus importante, c'est d'abord de faire une étude de marché pour bien cerner les attentes des consommateurs", propose Mme Hanh. La plupart des consommateurs ruraux ont de bas revenus, donc sont surtout intéressés par les produits bon marché. "Les entreprises doivent donc proposer des marchandises à prix raisonnable mais, point important, de qualité".
Après avoir participé aux foires qui s'inscrivent dans le cadre du programme "Produits vietnamiens à la campagne", plusieurs experts et entrepreneurs ont avancé des propositions pour une plus grande efficacité. Selon Luong Van Vinh, directeur général de la Société par actions des produits de beauté My Hao, "les foires doivent durer au minimum 2 jours au lieu d'une matinée". Et "le programme devra être organisé encore pendant 2 ou 3 ans pour aider les entreprises à établir des chaînes de distribution", analyse Luong Van Vinh.
Vu Kim Hanh juge nécessaire pour le ministère de l'Industrie et du Commerce (MIC) d'élaborer des politiques spéciales en faveur des entreprises qui se tournent vers les consommateurs ruraux. Et dans ces politiques, à son avis, le MIC devrait préciser le rôle de chaque ministère et service, notamment dans l'assistance à la fondation de chaînes de distribution. Les entreprises souhaitent aussi bénéficier de l'assistance des autorités locales dans leurs études de marché. "Pour bien cerner les habitudes consommatoires, les entreprises effectuent d'abord des études de marché. Mais à cause du manque de personnel et des conditions spécifiques de la campagne, les autorités locales devraient apporter plus d'aides aux entreprises dans ce domaine", indique Trân Quôc Viêt, directeur général de la société par actions Kinh Dô.
Tùng Chi/CVN