Le Vietnam peut-il atteindre une croissance de 3% cette année ?

Pour atteindre une croissance de 3% cette année, contre les 13% prévus au début de l'année, les exportations devront rapporter 64,7 milliards de dollars. Mission impossible ? Nguyên Dinh Bich, expert en études de stratégie commerciale du ministère d'Industrie et de Commerce, se veut optimiste.

Selon votre oeil d'expert, quel est votre avis sur les 3 scénarii à propos des exportations du pays, présentés récemment par l'Institut central de recherche et de gestion économique (Ciem) ?

Entre janvier et juin, le pays a exporté pour seulement 27,6 milliards de dollars, soit une moyenne de 4,6 mil- liards de dollars par mois. Il reste plus de 37 milliards de dollars à combler d'ici la fin d'année, soit un volume de 6,2 milliards de dollars chaque mois.

Jusqu'à maintenant, du fait des soubresauts liés à la crise financière et à la récession économique mondiale, l'objectif d'atteindre une croissance des exportations de 13% cette année est totalement utopique. Cependant, les prévisions concernant la baisse des exportations de 7,2% (optimiste), de 12,2% (base) et de 25,5% (pessimiste), conformément aux 3 scénarii de la Ciem, s'avèrent peu réalistes.

En réalité, les exportations nationales ont fortement baissé. Pourtant, par rapport aux autres économies dans la région, la situation du Vietnam est plutôt bonne. Sur les 4 premiers mois, le pays a accusé une baisse de 13,4% pour ses exportations. Ce pourcentage s'élève à 20,7% en Chine et à 47,1% au Japon, les 2 économies motrices de l'Asie.

* Quels sont les facteurs qui peuvent aider le Vietnam à sortir de l'ornière?

Les succès vietnamiens trouvent leur explication dans 2 raisons majeures : la place importante de l'agriculture dans l'économie et une main-d'œuvre bon marché. Il s'agit-là de 2 atouts qui font défaut aux autres économies d'envergure.

En effet, le Vietnam reste un pays où l'agriculture occupe une part importante dans l'économie nationale, soit 20% de la valeur des exportations. Dans le contexte de la récession économique mondiale, les produits agricoles demeurent des marchandises de première nécessité. Selon le Fonds monétaire international (FMI), la baisse des prix des produits agricoles est la plus faible parmi les exportations sur le marché mondial, seulement 25,7% contre 31,4% pour les matières premières non-pétrolières et 61,2% pour le pétrole. Au Vietnam, la plupart des produits agricoles ont affiché une croissance positive en janvier et en avril. Une baisse légère a toutefois été observée pour le café et les noix de cajou. La bonne résistance du pays à la baisse des prix s'explique par le fait que sa main-d'œuvre est toujours bon marché.

En me basant sur cette situation, je soutiens un scénario optimiste pour les exportations du pays.

* Avez-vous pris en considération les fluctuations irrégulières sur le marché mondial ?

Maintenant, l'économie mondiale voit le bout du tunnel. Après 4 mois désastreux, les cours mondiaux remontent, selon un rapport récemment publié par le FMI. Cette hausse traduit une relance de l'économie mondiale, contrairement aux 4e trimestre de 2008 et 1er trimestre de cette année où la situation était vraiment sombre.

* Faîtes-vous preuve d'un peu d'optimisme ?

Personne ne peut prévoir la date de relance totale de l'économie mondiale. D'après moi, l'économie mondiale a touché le fond et commence à se ressaisir, graduellement. L'économie mondiale est sur le point de sortir d'une très mauvaise passe mais également de la crise.

* Quelles sont votre prévision sur les exportations nationales cette année?

J'ai constaté des facteurs qui conduisent à une hausse des prix sur le marché mondial. La première raison nuisant aux exportations s'est améliorée.

Par ailleurs, les exportateurs pourront profiter de privilèges apportés par l'Accord de partenariat économique Vietnam-Japon. Aux termes de cet accord, le textile-habillement vietnamien exporté au Japon, répondant à l'exigence japonaise en termes d'origine, c'est-à-dire l'utilisation des matières premières et accessoires provenant du Japon et des pays de l'ASEAN, est désormais exempté de taxes d'importation, contre 5-10% précédemment. Le Japon a en effet ramené depuis janvier à zéro pour cent l'impôt d'importation sur les produits textiles provenant des pays aséaniens, dont le Vietnam, dans le cadre de l'Accord de partenariat économique Japon-ASEAN.

Ngân Huong/CVN

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