Les shebab désignent un nouveau chef, la Somalie craint des représailles

Les islamistes shebab somaliens ont désigné un nouveau chef, Ahmed Umar Abou Oubaïda, après la mort de leur chef suprême, tué lundi 1er septembre par des missiles américains en Somalie, où le gouvernement craint des représailles sanglantes.

Des shebab somaliens à Mogadiscio, le 21 octobre 2010

La nomination du nouveau leader des insurgés a été annoncée le 6 septembre par le centre de surveillance des sites islamistes SITE. Dans leur communiqué publié sur des forums jihadistes, les shebab renouvellent également leur allégeance à Ayman al-Zawahiri, le chef d'Al-Qaïda, a précisé SITE.

Les shebab (les jeunes, en arabe) assurent qu'ils "vengeront" la mort de Godane, tué dans une frappe américaine en début de semaine. Les États-Unis avaient annoncé le 6 septembre la mort du chef shebab Ahmed Abdi "Godane", tué le 1er septembre  lors d'une frappe de missiles Hellfire et d'armes à guidage laser sur une réunion de hauts responsables shebab au sud de Mogadiscio, ce que les insurgés avaient confirmé samedi.

"Le chef des shebab a été tué par un drone américain lundi, avec deux autres camarades", a déclaré à l'AFP leur porte-parole militaire, Abdulaziz Abu Musab. Le président somalien espère que la mort de Godane sera un tournant: il a proposé aux combattants de déposer les armes dans le cadre d'une amnistie.

Le faible gouvernement somalien, tenu à bout de bras par la communauté internationale dans ce pays déchiré par la guerre civile depuis plus de 20 ans, redoute de sanglantes représailles. "Les services de sécurité ont reçu des informations indiquant que les shebab prévoient actuellement de mener des attaques désespérées contre les structures de santé, les centres éducatifs et d'autres structures publiques", a déclaré le ministre de la Sécurité nationale, Kalif Ahmed Ereg. "Les forces de sécurité sont prêtes à contrer leurs attaques", a-t-il assuré.

Partisan radical du jihad mondial

A 37 ans, Godane était l'une des 10 personnalités les plus recherchées pour terrorisme par les Etats-Unis, qui avaient mis sa tête à prix pour sept millions de dollars. Il aurait été formé aux armes en Afghanistan et avait dirigé la transformation du groupe d'une insurrection locale en un mouvement devenu incontournable en Afrique de l'Est. Les shebab ont mené d'importantes attaques contre des pays engagés militairement en Somalie dans le cadre de la force de l'Union africaine, l'Amisom.

La plus retentissante avait fait au moins 67 morts au centre commercial Westgate, à Nairobi, en septembre 2013. Le président kényan Uhuru Kenyatta a adressé ses "sincères remerciements" aux États-Unis après la mort de Godane, qui permet aux Kényans de "commencer enfin un processus de guérison".

Godane était au sein des insurgés l'un des partisans les plus radicaux du jihad mondial, face aux tenants d'une idéologie nationaliste somalienne. La Maison Blanche a estimé que sa mort constituait "une perte majeure du point de vue symbolique et opérationnel pour la plus importante des entités affiliées à Al-Qaïda".

D'autant que Godane n'avait désigné aucun successeur à la tête du mouvement, affaibli par des rivalités internes et une série de défaites militaires ces dernières années. "Il s'est débarrassé de tous ses rivaux de façon très efficace", a expliqué Matthew Olsen, directeur du Centre américain national antiterroriste. Il y a néanmoins "plusieurs candidats potentiels" à sa succession, a-t-il ajouté.

"Il est trop tôt pour déclarer la mort des shebab, mais le groupe va faire face à des choix difficiles pour remplacer un dirigeant brutal mais efficace", a jugé Joe Temin, de l'Institut américain pour la paix.

Pour le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud, cette mort donne "aux membres des shebab une chance d'embrasser la paix". Il a proposé "une amnistie à tous les shebab qui rejettent la violence et renoncent à leurs liens avec les shebab et avec Al-Qaïda, mais seulement durant les 45 prochains jours".

"Ceux qui choisiront de poursuivre la lutte connaissent leur sort. Les shebab s'effondrent", a-t-il martelé. Depuis 2011, les insurgés ont été chassés de Mogadiscio, puis de l'essentiel de leurs bastions du Sud et du Centre, mais tiennent toujours de vastes zones rurales et ont abandonné le combat conventionnel pour la guérilla. Les forces somaliennes et l'Amisom ont lancé il y a quelques jours une nouvelle offensive. L'un de leurs objectifs est maintenant Barawe, dernier grand port aux mains des shebab, afin de tarir l'une de leurs principales sources de revenus: les exportations de charbon vers les pays du Golfe. A Mogadiscio, les habitants craignent cependant que les shebab ne sévissent comme avant.

"C'est comme Oussama ben Laden, dont la mort n'a jamais mis fin à l'existence d'Al-Qaïda", a prédit Ahmed Moalim Duale, un policier somalien.

 

AFP/VNA/CVN

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