À quelques heures du discours inaugural que devait prononcer le président français Nicolas Sarkozy, et alors que, par un temps froid et sec, les 2.500 patrons et responsables politiques affluaient dans la station de ski des Grisons (Est), plusieurs intervenants ont mis en garde contre le "populisme" qui, selon eux, inspire ces gouvernements.
Isolé sur cette question, l'économiste Nouriel Roubini, connu pour avoir prévu la crise financière de 2008, a au contraire plaidé pour une action énergique. "Ce que propose Obama va dans le bon sens mais ne va pas assez loin. Nous devons séparer les banques commerciales des banques d'investissement", a affirmé l'économiste Nouriel Roubini, connu pour avoir prévu la crise financière de 2008.
Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont annoncé des mesures visant à taxer les banques ou limiter leurs activités spéculatives pour éviter une nouvelle crise.
Le président américain Barack Obama a annoncé la semaine dernière son intention de limiter la taille des banques et leurs activités sur les marchés pour leur propre compte. Le président de la banque britannique Barclays, Robert Diamond, a exprimé son scepticisme et son appréhension. "Je n'ai pas vu de preuve suggérant que réduire la taille des banques est la réponse" afin d'éviter une nouvelle crise financière", a-t-il dit.
Pour le président de Barclays, une telle réduction aurait un impact "très négatif" sur l'économie et l'emploi. "Les banques sont grandes parce qu'elles ont suivi leurs clients et les marchés", a-t-il ajouté.
Jaime Caruana, le directeur de la Banque des règlements internationaux (BRI), a estimé que les États et les régulateurs ne pouvaient pas régler à eux seuls les problèmes du secteur financier. "Il faut comprendre les limites de la régulation. Le secteur privé a beaucoup à faire, la coopération internationale doit être renforcée", a-t-il estimé.
David Rubenstein, directeur général du fonds d'investissement Carlyle Group, a jugé que "les investisseurs professionnels craignent que le gouvernement américain surréagisse".
"Le risque est que les projets de régulation ne s'attaquent qu'aux aspects les plus visibles et empêchent le secteur financier d'accompagner la reprise économique", a estimé Raghuram Rajan, professeur de finance à l'Université de Chicago.
Le président français Nicolas Sarkozy, qui a fait de la moralisation du secteur financier un de ses chevaux de bataille, devait ouvrir formellement en fin d'après-midi cette 40e édition du Forum économique mondial.
M. Sarkozy est le premier président français à s'exprimer à Davos. Il devait parler pour l'essentiel de "l'après-crise" et de la "régulation de la finance mondiale", ont indiqué ses services.
Outre M. Sarkozy, le forum accueillera, entre autres, les présidents brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, mexicain Felipe Calderon, sud-africain Jacob Zuma et afghan Hamid Karzaï ainsi que le premier ministre espagnol Jose Luis Zapatero. La reconstruction en Haïti figure au menu des débats du forum.
AFP/VNA/CVN