Les paysans pauvres sèment du ricin et parient sur les biocarburants au Brésil

Raimundo arpente les rangées d'arbustes de ricin qu'il plante dans son lopin de terre d'un village pauvre du Nord-Est : ce fruit toxique a remplacé ses cultures vivrières et sert à fabriquer des biocarburants, le grand pari énergétique du Brésil.

Ses mains calleuses témoignent de toute une vie consacrée au travail des champs, tourné désormais vers l'énergie renouvelable.

À 65 ans, Raimundo Barbosa da Silva, vit depuis 13 ans à Olivencia, près de Quixada dans l'État de Ceara, à quelque 3.000 km de Rio, sur des terres données aux paysans par le gouvernement dans le cadre de la réforme agraire. "Je plante du ricin mais aussi des haricots et du maïs", mais ces derniers sont uniquement pour ma consommation personnelle et plus pour la vente, explique-t-il.

Le "ricinus communis" qu'il cultive depuis peu pousse très rapidement en grappes et prend la forme d'un gros arbuste. Son fruit épineux et toxique sert de base à la production de combustibles propres, alternatifs à l'essence.

Raimundo sépare délicatement les grappes avec une baguette pour ne pas se piquer et les met dans des sacs en plastique.

Le géant pétrolier brésilien Petrobras a commencé il y a trois ans à encourager la culture de ricin dans la région, en garantissant l'achat de toute la production pour approvisionner son usine de Quixada qui produit 108,6 millions de litres de biodiesel par an.

"C'est un dur labeur mais on y est habitué. Je travaille dans les champs depuis l'âge de sept ans", déclare un autre paysan, Raimundo Neto, qui comme tous ici chausse des tongs en plastique et revêt une chemisette et un pantalon boueux.

À chaque récolte -jusqu'à cinq par an- les agriculteurs obtiennent 24 sacs de 32 kilos de ricin qu'ils vendent pour 30 dollars.

Petrobras a passé des contrats avec 40.000 paysans du Ceara et de quatre autres États de cette région pour approvisionner son usine de Quixada qui traite aussi du coton, de la graisse animale, du soja et du tournesol pour fabriquer du biodiesel.

Second producteur mondial de biocarburants derrière les États-Unis, le Brésil possède 74 usines d'une capacité de production de six millions de mètres cubes de carburant par an. En 2010, sa production a été de 2,4 millions de m3 et 276.000 petits agriculteurs y ont participé.

Petrobras qui opère dans quinze usines prévoit d'investir 4,1 milliards de dollars d'ici à 2015 dans les biocarburants (2% de ses investissements) surtout dans l'éthanol à base de canne à sucre.

Cette année, la compagnie pétrolière brésilienne a prévu d'acheter neuf tonnes de ricin aux petits producteurs de Quixada, selon le responsable des biocarburants, Miguel Rossetto.

Cette année, Petrobras a annoncé des investissements de 6,25 millions de dollars dans la région pour le traitement des sols et de 2,5 millions de dollars en améliorations technologiques.

À Olivencia, dix familles sur quatorze ont des accords avec le géant pétrolier qui achète leur récolte et leur donne une assistance technique. "Nous avons de meilleures conditions pour planter maintenant", s'est félicité l'agriculteur Evaristo Oliveira.

Néanmoins, à la différence des installations sophistiquées de l'usine de Quixada, les masures et les plantations témoignent de la misère qui règne encore dans les campagnes du Brésil.

AFP/VNA/CVN

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