Dans le même temps l'horizon s'est dégagé pour la mise en place de ce Fonds (FESF), dans sa forme actuelle, après l'annonce d'un accord à ce sujet au parlement slovaque.
Lors d'un discours devant le Parlement européen, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a invité l'Europe à recapitaliser "d'urgence" ses banques pour stopper la contagion de la crise de la dette, dont il a reconnu qu'elle avait désormais atteint une ampleur "systémique", menaçant donc de déstabiliser l'économie mondiale.
Concrètement, M. Barroso a proposé de relever fortement le niveau minimum de fonds propres demandé aux établissements et d'empêcher ceux qui ne s'y conformeraient pas de verser des dividendes à leurs actionnaires et des bonus à leurs cadres.
Selon une source européenne, le niveau minimum de fonds propres "durs" des banques (capital et bénéfices mis en réserve par rapport aux prêts accordés) devrait être relevé de 5% aujourd'hui à 9%. En France, BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole ont déjà annoncé en septembre tabler sur un ratio de fonds propres "durs" de 9% au moins début 2013.
Un tel durcissement des règles du jeu pourrait contraindre les banques à lever au total 275 milliards d'euros, selon les estimations de la banque américaine Morgan Stanley, citées le 12 octobre par le [i] Financial Times [/i].
Le FMI avait estimé lui début octobre qu'il faudrait injecter entre 100 et 200 milliards d'euros dans les banques européennes.
Pour se recapitaliser, a expliqué M. Barroso, les banques devront d'abord faire appel à des sources privées de capitaux, les autorités nationales apportant un soutien si nécessaire. Dans l'hypothèse où ce soutien ne serait pas disponible, la recapitalisation devrait être financée au moyen d'un prêt du FESF.
La fédération allemande des banques privées (BdB) a vertement critiqué le plan de M. Barroso. "L'incertitude des marchés pourrait augmenter davantage en raison des nombreuses questions juridiques que soulèverait une recapitalisation forcée", a déclaré son directeur Michael Kemmer.
Par ailleurs, au terme d'un bras de fer avec Berlin, Paris a finalement accepté le 12 octobre de ne pas avoir recours au FESF pour recapitaliser ses banques. La France préférait jusqu'ici l'idée de pouvoir puiser dans le Fonds européen plutôt qu'utiliser des capitaux publics nationaux afin de ne pas mettre en danger sa note "AAA", gage de confiance sur les marchés financiers.
L'Allemagne privilégiait, elle, un renflouement national, sachant qu'elle est le premier contributeur à ce Fonds au sein de la zone euro.
Le FESF est actuellement doté d'une capacité de prêts de 250 milliards d'euro. Il doit la voir portée à 440 milliards d'euros et être doté de nouveaux outils si le parlement slovaque finit par le ratifier.
AFP/VNA/CVN