Le Vietnam est le 6e exportateur mondial d’articles en bois, le 2e d’Asie et le premier d’Asie du Sud-Est. Mais sur le marché domestique, ses produits ont depuis longtemps cédé le pas à ceux qui sont importés. Toutefois, la situation a bien évolué ces dernières années.
Les articles en bois vietnamiens occupent 40% du marché domestique. |
En 2012, les exportations devraient atteindre 4 milliards de dollars grâce à de larges débouchés constitués de 120 pays, les États-Unis et l’Union européenne représentant à eux seuls 80% du chiffre d’affaires national. Le marché vietnamien, avec ses près de 90 millions d’habitants, est aussi jugé très prometteur avec un chiffre d’affaires potentiel de 3 milliards de dollars.
Les causes de cette évolution sont assez simples. D’une part, les entreprises de transformation du bois ont tendance à s’intéresser de nouveau au marché domestique, tendance qui s’est confirmée sans ambiguïté cette année en raison des difficultés que connaissent leurs marchés habituels à l’étranger. D’autre part, le consommateur domestique a aussi depuis peu un net regain d’intérêt pour les produits vietnamiens. Les importations de meubles ont ainsi connu une forte baisse, passant de 36% entre 2008 et 2009 à 5% de 2010 à 2011. Résultat, le rapport entre meubles importés et meubles vietnamiens vendus, qui était de 80/20% en 2009-2010, s’est rééquilibré au profit de ces derniers pour atteindre un taux de 60/40%.
Il s’agit d’une bonne nouvelle pour l’industrie de la décoration intérieure du Vietnam qui est classé en 12e place mondiale par le Centre de recherche industrielle de l’Italie dans une étude internationale portant sur 70 pays. Alors que les exportations pourraient connaître des aléas compte du fait de la conjoncture économique mondiale, elle voit se développer le marché intérieur qui, selon ce dernier centre, est au 22e rang de son classement.
Alliance entre créateurs, fabricants et distributeurs
En deux années, les produits de décoration intérieure en bois du Vietnam ont gagné 20% des parts de marchés, confirme Huynh Van Hanh, vice-président de l’Association des entreprises de transformation de bois et des objets d’art de Hô Chi Minh-Ville (Hawa).
Une alliance entre créateurs, fabricants et distributeurs est nécessaire pour renforcer l’écoulement des produits vietnamiens sur le marché domestique. |
Propriétaire d’un magasin d’objets de décoration en bois sur la rue Ngô Gia Tu, dans le 10e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville, Mme Lan indique que la production nationale représente 50% de son catalogue. Les fabricants ont agrandi leurs magasins en vente directe dans les rues Ngô Gia Tu et Ba Thang Hai du 10e arrondissement, et celle de Công Hoa de l’arrondissement de Tân Binh. Dans les magasins de cette dernière, la totalité des produits offerts sont vietnamiens. La chaîne de magasins d’objets de décoration intérieure Home Mart de la compagnie Ta Gia à Hanoi et à Hô Chi Minh-Ville, ainsi que ceux fabriqués localement, remplacent les importations, se réjouit Dào Công Phong, directeur de la filiale de la compagnie Ta Gia dans cette ville. Au point que pour mieux répondre à cette demande croissante, deux espaces de présentation ont été ouverts dans le 7e arrondissement. Il est indéniable que le consommateur vietnamien a de plus en plus d’intérêt pour les produits vietnamiens, affirme Dào Công Phong.
«Le marché domestique représente désormais 30% du chiffre d’affaires de notre compagnie, mais il est réalisé pour l’essentiel par de grandes commandes de projets immobiliers, la vente au détail ne dégageant qu’un chiffre modeste», précise Mme Hông Thu, vice-directrice générale du groupe de transformation de bois Truong Thành. Selon Duong Quôc Nam, directeur de la sarl Hoàng Nam qui exploite la chaîne de décoration intérieure Phô Xinh, les entreprises domestiques ont des atouts sur le plan de la connaissance des tendances au Vietnam, en revanche, leurs services client et après-vente demeurent limités...
Selon Nguyên Chiên Thang, président de Hawa, une plus grande conquête du marché domestique implique une alliance entre producteurs, créateurs et distributeurs. L’investissement dans le design et les réseaux de distribution est en effet trop important pour le producteur seul. L’intervention de vendeurs professionnels leur permettrait en revanche d’éviter les risques d’erreurs et donc des pertes, estime Diên Quang Hiêp, président de la compagnie Mifaco.
Nguyên Truong Luu, vice-président de l’Association des architectes de Hô Chi Minh-Ville, a souligné l’importance d’une telle coopération au niveau de la conception car les créateurs, au fait de l’évolution des modes, sont parfaitement au fait des goûts du consommateur vietnamien.
Thê Linh/CVN