Les grandes puissances et l'Iran arrachent à Lausanne un compromis

Épilogue d'une épopée diplomatique d'un an et demie, les grandes puissances et l'Iran ont conclu jeudi 2 avril à Lausanne un accord d'étape "historique" sur le nucléaire iranien, ouvrant la voie à la possibilité d'un accord final, sans toutefois lever toutes les inquiétudes et la méfiance réciproque.

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Les présentants des grandes puissances et de l'Iran après les négociations sur le dossier du nucléaire iranien, le 2 avril à Lausanne.
Photo : AFP/VNA/CVN

Après un incroyable marathon de tractations de 18 mois entre Genève, Vienne, New York et Lausanne, et une dernière ligne droite de discussions ininterrompues pendant huit jours et nuits au bord du lac Léman, les négociateurs sont parvenus à s'entendre sur la majorité des points clés du dossier.
"Une entente historique", a salué le président américain Barack Obama, qui, "si elle est pleinement appliquée, empêchera l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire".
Mais il a immédiatement souligné que l'accord final, censé être défini d'ici le 30 juin, ferait l'objet de "vérifications sans précédent" quant à son application.
L'accord cadre conclu entre Téhéran et le groupe 5+1 (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) marque un tournant dans le dossier du nucléaire iranien, qui empoisonne les relations internationales depuis plus de 12 ans.
Au-delà du nucléaire, il pourra, s'il est mis en œuvre, contribuer "à la paix et à la stabilité dans la région" du Proche-Orient, a estimé le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.
Principaux points de l'accord cadre conclu entre le gourpe 5+1 et l'Iran et carte actualisées des principales installations nucléaires iraniennes.
Photo : AFP/VNA/CVN

"L'écriture (d'un accord final) doit commencer immédiatement, pour être terminée d'ici le 30 juin", a déclaré le président iranien, Hassan Rohani, sur twitter.
6.000 centrifugeuses
Selon l'accord cadre, l'Iran a accepté de réduire des deux tiers le nombre de ses centrifugeuses, les machines servant à transformer l'uranium qui, enrichi à 90 pc, sert à la fabrication d'une bombe. L'Iran maintiendra près de 6.000 centrifugeuses contre 10.000 en activité actuellement. À l'origine, la communauté internationale exigeait que l'Iran ne puisse en garder que quelques centaines.
Téhéran a également accepté de ne plus enrichir d'uranium pendant au moins 15 ans dans le site de Fordo, enfoui sous la montagne et de ce fait impossible à détruire par une action militaire. Le site exploitera un programme à des fins médicales.
Sur la très délicate question de la levée des sanctions, l'accord prévoit que les mesures unilatérales américaines et européennes seront suspendues dès que le respect de ses engagements par l'Iran aura été certifié par l'AIEA, l'Agence internationale de l'Énergie atomique. Elles seront rétablies si l'accord n'est pas appliqué.
Tout accord final devra être endossé par le Conseil de sécurité de l'ONU, a en outre souligné la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, qui a été au cœur des discussions à Lausanne.
Autre acteur de la négociation, la Russie s'est félicité du compromis de Lausanne, estimant qu'il constituait une reconnaissance du droit "inconditionnel" de l'Iran à développer un programme civil. La France, traditionnellement plus dure sur ce dossier, a salué "un accord d'étape positif", mais "il reste du travail à faire", a souligné son chef de la diplomatie Laurent Fabius.
AFP/VNA/CVN

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