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La course a débuté sur un rituel : à midi (11h 00 GMT), le Premier ministre conservateur David Cameron s’est brièvement rendu au palais de Buckingham afin d’officialiser la démission de son gouvernement auprès de la reine, dans la foulée de la relève de la garde opérée au quotidien par les soldats en tunique rouge et bonnets à poil d’ours.
Une demi-heure plus tard, face à une mêlée de journalistes massés devant le 10 Downing street, M. Cameron a ouvert les hostilités en résumant ainsi «le choix entre deux extrêmes» qui s’offrira le 7 mai aux 48 millions d’électeurs : «Dans 38 jours le Premier ministre qui franchira cette porte sera soit moi soit Ed Miliband», le chef de l’opposition travailliste.
Le Premier ministre britannique, David Cameron, le 30 mars, jour de l'annonce de la dissolution du Parlement. |
«Vous pouvez choisir une économie en croissance (...) ou le chaos économique préconisé par Ed Miliband», a-t-il dit.
Cette alternative entre les deux hommes constitue l’une des rares certitudes du scrutin. Mais elle passe par une foultitude de combinaisons. «On se croirait au casino», a commenté Steven Fielding, professeur d’histoire politique à l’université de Nottingham.
Les pronostics sont d’autant plus hasardeux que le système de scrutin uninominal majoritaire à un tour introduit des distorsions considérables entre les scores exprimés en voix et leur traduction en sièges à la chambre des Communes.
À J-38, la moyenne des sondages établie par la BBC montre un paysage fragmenté et quasi figé depuis six mois.
Sur la ligne de départ, conservateurs et travaillistes sont à égalité parfaite, à 34%. L’Ukip europhobe, qui a triomphé l’an dernier aux européennes, arrive en 3e position à 13%. Les libéraux-démocrates, associés au gouvernement, sont relégués à 8%, les Verts obtiennent 5% et l’ensemble des autres partis (y compris les nationalistes écossais du SNP) représentent 6%.
En nombre de députés, ces scores garantissent au SNP de constituer le 3e groupe parlementaire, avec jusqu’à deux fois plus de députés que les Lib-dem. L’Ukip de Nigel Farage, qui promettait «un séisme politique», devrait se contenter d’une poignée d’élus.
Un flou favorable aux tractations
Lundi matin 30 mars, Ed Miliband a dénoncé les dégâts collatéraux de cinq années d’austérité, l’appauvrissement des classes moyennes et le creusement des inégalités, malgré un bilan conservateur se prévalant d’une croissance record en Europe à 2,5%, et d’un chômage sous la barre des 6%.
Balayant l’accusation de porter un projet anti-business, le chef de l’opposition a assuré que le plus grand danger pour l’économie était un Brexit (contraction de British et Exit), à l’occasion du référendum sur l’appartenance du pays à l’UE que David Cameron a promis de convoquer d’ici 2017, s’il est reconduit pour un deuxième quinquennat.
«Notre avenir à long terme est au sein de l’Europe, pas à l’extérieur», a martelé Miliband.
Tout laisse présager d’intenses tractations au lendemain du scrutin en l’absence de majorité absolue (326 sièges sur 650).
Le dispositif institutionnel incroyablement flou donne la priorité aux sortants pour former un gouvernement, mais indique que sera privilégié le montage «le plus susceptible d’obtenir la confiance du parlement». Un vote de défiance signifie le retour aux électeurs.
AFP/VNA/CVN