Les frictions se multiplient entre Karzaï et les États-Unis

Les déclarations agressives du président afgh an Hamid Karzaï ces derniers jours à l'encontre des États-Unis multiplient les sujets de friction avec Washington, compliquant la tâche du nouveau patron du Pentagone, Chuck Hagel au beau milieu de sa première visite officielle.

Le président afghan Hamid Karzaï (droite) et le nouveau patron du Pentagone, Chuck Hagel, le 10 mars à Kaboul. Photo : AFP/VNA/CVN

Le président afghan, qui doit laisser sa place au printemps 2014, n'a pas hésité le 10 mars à prendre le puissant protecteur américain de front, en laissant entendre que les talibans étaient des alliés objectifs des troupes américaines. Évoquant deux attentats suicide commis par les talibans la veille à Kaboul et à Khost (Est), il a estimé que "les bombes qui ont été activées n'ont pas servi à montrer leur force à l'Amérique, mais à la servir. Cela a servi la rhétorique (américaine) pour l'après-2014, qui cherche à nous effrayer en nous disant que s'ils (l'armée américaine) ne restent pas ici, notre peuple sera éliminé".

La nature des relations entre les deux capitales évolue alors que les troupes afghanes doivent prendre la responsabilité de la sécurité dans tout le pays cette année et que Kaboul et Washington négocient un pacte stratégique devant déterminer la nature de la présence américaine sur le territoire afghan après 2014, une fois la mission de combat de l'OTAN terminée. Les propos du président Karzaï ont suscité une levée de boucliers immédiate au sein de l'ISAF et de la délégation américaine accompagnant le nouveau secrétaire à la Défense pour sa première visite à ce poste en Afghanistan.

"C'est catégoriquement faux, nous n'avons aucune raison d'être de mèche avec les talibans", a asséné le général américain Joe Dunford, patron des forces américaines et internationales en Afghanistan. "Nous avons combattu trop durement ces 12 dernières années, versé trop de sang (...) pour que l'on puisse penser que la violence et l'instabilité soient à notre avantage", a-t-il ajouté devant des journalistes. Plus de 2.100 Américains et 1.080 soldats de l'OTAN ont été tués en Afghanistan depuis 2001.

Le patron du Pentagone a dit avoir abordé le sujet lors de son entretien avec Hamid Karzaï mais a relativisé la portée des critiques devant les journalistes estimant que le président afghan avait "sa façon d'agir" et des "problèmes" politiques. "Ce ne sont pas des problèmes que nous ne pouvons régler". "Nous verrons mais je suis confiant", a-t-il ajouté. "Nous lui avons indiqué en privé que la critique publique n'aide pas le partenariat, particulièrement quand il n'y a pas de fondement", a de son côté affirmé un haut responsable américain sous couvert d'anonymat.

Le report sine die du transfert du contrôle de la prison de Bagram

La conférence de presse que MM. Hagel et Karzaï devaient tenir a été annulée. Pour "raisons de sécurité" selon les Américains, à cause de "pressions au niveau du calendrier" d'après les Afghans. Elle "n'a pas été annulée à cause des récents propos du président", a assuré George Little, porte-parole du Pentagone.

Hamid Karzaï a pris une autre mesure vexatoire le 10 mars en signant un décret "interdisant les arrestations d'étudiants par les forces internationales et leurs soutiens afghans officieux". Le général Dunford a démenti tout "harcèlement" d'étudiants par la coalition.

Fin février, le président afghan avait annoncé l'expulsion des forces spéciales américaines de la province du Wardak, au Sud-Ouest de Kaboul, les accusant d'avoir créé des "groupes armés illégaux".

Les négociations se poursuivent sur ce sujet pour arriver à un compromis, a indiqué le général Dunford. Autre pierre d'achoppement dans la relation américano-afghane, le report sine die du transfert du contrôle de la prison de Bagram aux autorités afghanes, qui devait avoir lieu le 9 mars.

M. Karzaï a affirmé qu'il y avait des "innocents" parmi les prisonniers sous contrôle américain et que ceux-ci seraient remis en liberté une fois passés sous contrôle afghan. "Il y a sans doute une petite différence de perspective, nous tâchons d'y remédier", a ironisé le général Dunford, inquiet de voir des talibans rejoindre le combat une fois libérés.

En septembre, 3.000 prisonniers sont passés sous contrôle afghan mais les prisonniers étrangers et les Afghans capturés depuis lors de raids des forces spéciales restent toujours sous la garde des soldats américains. Ces frictions sont "importantes mais pas fondamentales" selon le général Dunford, qui pronostique "d'autres problèmes dans les mois à venir à mesure que notre relation mûrit".

AFP/VNA/CVN

 

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