Le président français François Hollande, le 4 mars à Blois. Photo : AFP/VNA/CVN |
Quelque 32 milliards d'euros sont consacrés chaque année à la formation professionnelle, un "investissement nécessaire", selon le chef de l'État, mais qui "ne donne pourtant pas toujours les résultats que l'on pourrait en attendre".
Objectif numéro un de la réforme : permettre "qu'un chômeur sur deux se voie proposer une formation dans un délai de deux mois" après la perte de son emploi contre un quart aujourd'hui, un quart aussi pouvant passer "quinze mois à Pôle d'emploi sans se voir offrir une formation". "On va doubler les moyens pour que très rapidement une formation soit proposée", a-t-il ainsi promis.
François Hollande veut en particulier un recentrage de la formation professionnelle sur les demandeurs d'emploi qui ne représentent que 13% de l'effort financier global et sur les jeunes dont un quart aussi est au chômage.
Paradoxe de la formation professionnelle, elle bénéficie en premier lieu aux cadres, aux salariés de moins de 40 ans et à ceux qui ont une bonne formation initiale, bref à ceux qui en ont peut-être le moins besoin. Les autres catégories restent "dans l'angle mort", dit-on dans l'entourage du président.
Avec les contrats de génération, les emplois d'avenir ou les contrats aidés, la réforme de la formation professionnelle complétera une politique de l'emploi "cohérente", selon François Hollande. Elle permettra, a-t-il réaffirmé, "d'inverser la courbe du chômage d'ici à la fin de l'année" .
"Il n'y a pas de préoccupation plus urgente, de cause plus importante pour la cohésion nationale, d'exigence plus forte pour le gouvernement que la lutte contre le chômage", a encore martelé le chef de l'État. Toutes catégories confondues, a-t-il rappelé, le nombre de sans-emploi a progressé de 1,5 million en cinq ans et atteint le seuil "inquiétant" de "5 millions de personnes privées d'avenir".
Vers les 300.000 offres d'emplois
François Hollande a reconnu qu'inverser cette courbe serait "difficile", faisant toutefois valoir que "si c'était simple, ça ne serait pas un objectif mais un voeu, un sentiment, une impression ou une parole".
Pour y parvenir, le président compte donc en particulier sur la formation professionnelle qui doit permettre, a-t-il souligné, de rapprocher les 300.000 offres d'emplois qui ne trouvent pas preneurs de candidats compétents. "Il nous faut régler une fois pour toutes cette adéquation", a-t-il encore souligné.
Mais il s'agit aussi, ont précisé ses conseillers, de "mettre de l'ordre dans les relations un peu compliquées entre l'État, les partenaires sociaux, Pôle emploi et les régions" qui financent plus de la moitié de l'effort de formation.
Appelant lui-même à une "clarification", François Hollande a précisé que l'État devait être "pilote en matière d'emploi" et les régions "en matière de formation des jeunes et des demandeurs d'emploi".
Dans le même esprit, "est-ce raisonnable d'avoir 55.000 organismes de formation?", s'est-il interrogé, prônant la mise en place d'un "véritable système de certification et d'évaluation pour garantir l'efficacité des prestations délivrées".
François Hollande a également plaidé pour une taxe d'apprentissage "entièrement consacrée" à cet objet alors qu'elle finance aussi à l'heure actuelle des établissements d'enseignement secondaire ou supérieur, ainsi que des grandes écoles.
Sur les deux milliards d'euros que rapporte chaque année la taxe d'apprentissage, moins des deux tiers (62%) sont effectivement affectés à l'apprentissage proprement dit.