Les centres de formation de jeunes footballeurs au creux de la vague

De nombreux centres de formation de jeunes footballeurs font grise mine, faute d'investissement, tant sur le plan financier que sur le plan humain.

Il y a quelques années, les centres de formation privés ont poussé comme des champignons, portant l'espoir d'un avenir particulièrement radieux pour le football national. Ainsi en 2004, la famille Van Sy, réputée pour ses footballeurs célèbres, Van Sy Thuy et Van Sy Hùng, a créé le Centre de formation de jeunes footballeurs VST (abréviation de Van Sy Thuy). De nombreux jeunes joueurs originaires de Thanh Hoa, Hà Tinh, sont arrivés à Nghê An (Centre), cherchant à tirer le meilleur de l'expérience des frères Van Sy, anciennes gloires de la fameuse équipe Sông Lam Nghê An et de la sélection nationale.

Les 2 premières années de fonctionnement du centre se sont déroulées sans encombre, en regroupant 64 élèves répartis selon 3 catégories d'âge : U13, U15, U17. Deux ans après la création du centre, l'équipe U17 de VST a participé au tournoi national des équipes U17 et s'est hissée jusqu'en demi-finale, ce qui a permis aux propriétaires de l'établissement de "transférer" une dizaine de jeunes footballeurs à certains clubs du Nord, engrangeant ainsi près de 10 milliards de dôngs.

Période de vaches maigres

Malheureusement, cette réussite ne s'est pas inscrite dans la durée et le centre VST vit actuellement au ralenti, avec des moyens financiers bien loin de ses ambitions initiales. Le maintien des 3 niveaux de formation (U13, U15, U17) coûte chaque année environ 6 milliards de dôngs. Les recettes provenant du transfert des jeunes footballeurs ne suffisent plus au fonctionnement de l'établis-sement. Certains professionnels ont par ailleurs jugé que le délai de transfert des joueurs après 3 ans de formation était trop juste.

Depuis 3 ans, le centre VST ne recrute plus de nouveaux apprentis. Seule une quarantaine de jeunes (U12 et U14) sont inscrits. La restriction de l'envergure de formation de cet établissement de la famille Van Sy est révélatrice de la difficulté de former au plus haut niveau les jeunes pousses. Certains professionnels avancent alors ce constat : la forma-tion des jeunes footballeurs nécessite un grand investissement finan- cier mais aussi... une sacrée dose de patience !

À Hô Chi Minh-Ville (Sud), le centre de formation Scavi Rocheteau, fondé il y a 3 ans, affiche la même morosité que le VST de Nghê An. La création de l'établissement Scavi Rocheteau est le fruit de coopération entre la compagnie à 100% capital étranger Scavi (du groupe de lingerie français, Corèle International), qui a apporté 55% des capitaux, la Fédération de football de Hô Chi Minh-Ville (15%) et le footballeur français Dominique Rocheteau (30%).

Chaque année, le centre reçoit 200.000 dollars d'investissement. Dès sa création, le centre a attiré l'intérêt de nombreux jeunes et de leurs parents. Ce, grâce à la réputation de Dominique Rocheteau (champion d'Europe 1984, 3e de la Coupe du monde 1982 et 1986) qui nourrit des relations étroites avec la Fédération internationale de football (FIFA) et l'Union des associations européennes de football (UEFA).

Trois ans après sa fondation, le centre Scavi Rocheteau est lui aussi dans le flou, en raison de l'indifférence de la Fédération de football de Hô Chi Minh-Ville (FFH) à son égard. Plusieurs gestionnaires de la FFH demandent de réexaminer ce modèle de coopération, qui visiblement souffre de quelques caren-ces. Des questions se posent : Quel est le rôle de la FFH dans cette coopération? C'est la FFH qui investit dans ce centre. Mais joue-t-elle un rôle important dans le transfert des jeunes joueurs? Face à ces problèmes, la FFH a tendance à botter en touche. Ces incertitudes ne rassurent pas les parents, de moins en moins enclins à envoyer leur progéniture, en raison de l'incertitude qui règne quant à l'avenir du centre en question en cas de désistement de la FFH. Une douzaine de familles n'envoient d'ailleurs plus leurs enfants.

Il n'y a pas que les centres de formation privés ou mixtes qui rencontrent des problèmes, d'autres établissements dépendant des localités comme ceux de la province de Nghê An ou de la ville portuaire de Hai Phong se trouvent eux aussi dans la tourmente.

Le centre de formation de jeunes joueurs de Hai Phong, fondé il y a 10 ans, souffre d'une pénurie d'infrastructures d'entraînement et de fonds pour loger et soigner correctement les jeunes apprentis et envoyer ses équipes au tournoi national. Le budget de ce centre est dérisoire, avec 1,7 milliard de dôngs par an. "Nous souffrons d'un manque de liquidités et d'intérêt des responsables. Il est difficile de se développer dans ce contexte", confie le directeur du centre, Pham Van Hùng.

Conditions de vie modestes des jeunes joueurs, entraîneurs sous-payés, la situation n'est pas meilleure au centre de formation du club Sông Lam Nghê An, province de Nghê An. Chaque année, l'établissement ne reçoit que 2 milliards de dôngs de la part du Comité populaire provincial. "Cette somme permet tout juste de maintenir un régime alimentaire normal pour les jeunes joueurs", déplore le directeur exécutif du club Sông Lam Nghê An, Hô Van Chiêm.

Les difficultés que rencontrent ce centre de formation s'expliquent aussi par les bouleversements que ce club connaît actuellement. Sông Lam Nghê An vient d'être reconverti pour devenir une compagnie, un statut qui lui permet d'acquérir plus d'autonomie financière.

Parole d'honneur

Face aux difficultés des centres de formation de jeunes footballeurs, les responsables de la Fédération vietnamienne de football (FVF) ont promis, selon son secrétaire général Trân Quôc Tuân, d'organiser bientôt des colloques sur la formation des joueurs pour discuter de l'orientation de ces établissements. "Des groupes d'experts seront envoyés dans ces centres de formation pour sonder la situation, diffuser les programmes d'entraînement et donner des conseils concernant la gestion", affirme le secrétaire général de la FVF. D'après lui, la fédération prévoit d'organiser plus de compétitions entre les centres de formation et d'envoyer des équipes de jeunes joueurs à l'étranger...

"La fédération va également mettre en place un dispositif de formation des entraîneurs afin d'en faire bénéficier les centres de formation", déclare pour sa part Pham Quang, chef du bureau chargé des sélections de jeunes joueurs et de la formation des footballeurs de la FVF.

Thuân Thiên/CVN

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