>>Pétrole : échec à l'OPEP, la Russie refuse de nouvelles baisses de production
>>En pleine crise du coronavirus, l'OPEP tente d'arrêter la chute des prix
>>L'OPEP et ses alliés restreignent encore leur production, le pétrole monte
Le logo de la Bourse de Ryad. |
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses alliés, Moscou en tête, n'ont pas réussi à s'entendre vendredi 6 mars à Vienne sur des coupes supplémentaires dans leur production pour faire face à la baisse de la consommation mondiale d'or noir en raison de l'épidémie du nouveau coronavirus. La Russie s'est opposée à une nouvelle réduction de 1,5 million de barils par jour destinée à enrayer la chute des cours du brut, qui ont encaissé une baisse brutale à l'annonce de l'échec des négociations.
En réponse, l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, dont dépendent ses recettes, a entamé une guerre des prix en procédant à sa plus grande réduction depuis une vingtaine d'années, selon l'agence Bloomberg, inondant ainsi le marché de barils à bas coût. Ryad a réduit son prix pour livraison en avril de 6 USD par baril comparé au mois de mars en Asie, de 7 USD aux États-Unis et de 6 à 8 USD en Europe occidentale et en région méditerranéenne où la Russie vend une grande partie de sa production.
"Bain de sang"
"L'Arabie saoudite répond au rejet de la Russie sur des réductions de production en lançant une guerre des prix", explique Bill Farren-Price, du Centre de recherche Petroleum Policy Intelligence. "Ils vont augmenter les volumes (d'exportations) et chercher à tout prix à gagner des parts de marché. Les prix du pétrole s'effondreront lundi 9 mars" lorsque les marchés mondiaux s'ouvriront, prédit-il.
Selon Bloomberg, l'Arabie saoudite aurait évoqué la possibilité d'augmenter sa production, actuellement de 9,7 millions de barils par jour, alors qu'elle l'avait drastiquement réduite à partir de 2017 dans le cadre d'un accord de l’OPEP et de ses alliés pour soutenir les prix. "La combinaison d'une production pétrolière plus élevée et d'une demande plus faible due au (nouveau) coronavirus rend (un effondrement des prix) inévitable. On va vers un bain de sang", estime l'expert.
Une guerre des prix du pétrole en 2014 avait déjà fait chuter les cours à moins de 30 USD le baril, affectant lourdement les économies du Golfe, obligées de recourir à des mesures d'austérité inédites pour combler leur déficit budgétaire. Les cours du pétrole ont déjà dégringolé de plus de 30% depuis le début de l'année sur fond de ralentissement économique dû à la propagation du nouveau coronavirus.
Vendredi 6 mars, l'échec de la réunion de Vienne a fait s'effondrer le WTI, baril de référence aux États-Unis, de plus de 10% à 41,28 USD. Le baril de Brent de la mer du Nord a lui chuté de plus de 9% à 45,27 à Londres, des niveaux plus vus depuis près de quatre ans.
Golfe dans le rouge
Déjà affectée par la propagation de l'épidémie de COVIF-19 et la baisse des prix du pétrole, la Bourse saoudienne, classée parmi les plus grandes places internationales en termes de valorisation, a clôturé en baisse de 8,3% dimanche 8 mars et a atteint son plus bas depuis novembre 2017. L'action du mastodonte pétrolier Saudi Aramco a dégringolé à 30 riyals, atteignant pour la première fois un prix inférieur à celui de lancement (32 riyals) en décembre lors d'une introduction en grande pompe à Ryad qui avait battu tous les records.
Avec la réduction décidée vendredi 6 mars, Aramco vend son baril d'Arabian Light à un prix sans précédent : 10,25 USD en dessous du baril de Brent de la mer du Nord, selon Bloomberg. Cette chute intervient également sur fond de turbulence politique en Arabie saoudite, où les autorités ont arrêté vendredi 6 mars trois princes accusés d'avoir comploté pour renverser le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane.
Les six autres Bourses du Golfe ont clôturé dans le rouge, après une journée de ventes d'actions dans la panique en raison des craintes de voir s'effondrer les prix de l'énergie, principale source des recettes publics dans la région. La Bourse de Dubaï a dévissé de 7,9%, atteignant son niveau de clôture le plus bas en six ans, tandis que la place de l'émirat voisin d'Abou Dhabi a chuté de 5,4%.
Celle du Qatar a enregistré une baisse de 2,9% et atteint son plus bas niveau depuis la mi-2018. L'indice principal de la place du Koweït, Premier Index, a dégringolé de 10% tandis que l'indice All-Shares a baissé de 8,3%. Les marchés financiers, moins importants, de Bahreïn et d'Oman ont chuté respectivement de 3,4% et 2,8%.
AFP/VNA/CVN