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Production de gel désinfectant aux "Laboratoires Gilbert" à Plouedern, en Bretagne, le 4 mars. |
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"Le standard explose. Ce matin on a eu des écoles, des mairies, les transports en commun Keolis : ils veulent tous du gel. On est assaillis", explique Muriel Jehanne, responsable du standard des laboratoires Gilbert à Hérouville-Saint-Clair dans l’agglomération de Caen.
L’entreprise familiale, qui dessert principalement les pharmacies et les hôpitaux, produit actuellement 80.000 à 100.000 flacons en plastique de gel hydroalcoolique par jour sur trois sites à Hérouville, Falaise (Calvados) et Plouedern (Finistère), précise à l’AFP Dominique Lecomte, son directeur général adjoint.
"Avec l’épisode H1N1, nous avions eu une augmentation considérable de la production, mais ce que l’on vit aujourd’hui c’est sans commune mesure", ajoute M. Lecomte.
Gilbert, qui se présente comme le numéro deux des gels hydroalcooliques vendus en pharmacie en France, vient d’en écouler 1,7 million en six semaines, contre 800.000 au cours des douze mois de 2019.
Un rythme qui contraste avec la pénurie affichée par nombre de pharmaciens. "On n’en a plus depuis samedi où on en a vendu une vingtaine dans la journée", explique l’un d’entre eux installé à quelque cinq kilomètres de l’usine Gilbert.
"Avec 20.000 pharmacies en France, si on en vend dix chacun par jour, il faudrait en produire 200.000" quotidiennement, relève ce propriétaire d’une petite pharmacie de quartier. Quant à fabriquer la recette diffusée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), "on n’a pas le droit", ajoute-t-il.
Cinq fois plus qu’en 2019
Les différentes étapes pour se laver les mains efficacement. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour faire face à la demande, Gilbert a augmenté ses effectifs d’une trentaine de personnes, principalement des intérimaires, est passé du deux-huit aux trois-huit et envisage de produire le samedi. Il pense qu’il aura produit 4,2 à 4,3 millions de ces flacons sur cinq mois d’ici à la fin mai, soit cinq fois plus que sur toute l’année 2019.
"Cette augmentation très importante de la demande, nous l’avons ressentie depuis janvier en particulier sur le territoire asiatique où nous avons une filiale à Hong Kong, puis à partir de février en France", explique le DG adjoint de l’entreprise qui emploie environ 1.000 personnes dont 10% à l’étranger.
Les gels hydroalcooliques représentent jusqu’à présent moins de 1% du chiffre d’affaires du laboratoire, qui s’élève à 200 millions d’euros annuel, son produit phare étant le sérum physiologique. La société va toutefois lancer lundi 9 mars une ligne de production supplémentaire de gels à Plouedern, où il fabrique déjà 65 flacons de gel hydroalcoolique à la minute.
Son concurrent Juva Santé à Behren-les-Forbach (Moselle) démarre, lui, une troisième ligne de production de gel hydroalcoolique vendredi 6 mars.
Cette entreprise du groupe Urgo affiche "2,5 millions de flacons commandés" depuis le début de l’année. "C’est dix fois plus qu’à la même date l’an dernier", précise-t-on à la direction.
Bouteille de gel hydroalcoolique, un produit dont beaucoup de pharmacies sont en rupture de stock. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Pour pouvoir augmenter nos capacités, on est passé de 80 à une centaine de collaborateurs sur cette période", via des intérimaires, ajoute-t-on à la direction de Juva Santé, qui ne fabrique pas que du gel hydroalcoolique. Juva Santé emploie 350 collaborateurs en France.
Les deux groupes ne s’expriment pas sur les bénéfices tirés de ces ventes. "Ce n’est pas le produit sur lequel on réalise les meilleurs marges et nous avons transféré des productions de cosmétiques vers des lignes moins compétitives pour libérer de la capacité de production" pour les gels hydroalcooliques, assure M. Lecomte.
"Le COVID-19 n’est pas une bonne nouvelle pour l’économie", les personnes confinées consommant moins, ajoute le DG adjoint de Gilbert.
Les deux fabricants assurent en outre ne pas avoir augmenté leur prix. Le gouvernement a annoncé mercredi un décret pour encadrer les prix de ces gels composé d’alcool, de gélifiant et d’actifs hydratants, après des "cas isolés" de "prix inacceptables".
Lorsque c’est possible, "se laver les mains avec du savon est tout aussi efficace", a alors souligné le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.
AFP/VNA/CVN