COVID-19 : le transport aérien redoute un coût abyssal

Liaisons suspendues, voyageurs tétanisés et annulations d'événements : l'épidémie de COVID-19 pourrait coûter plus de 100 milliards d'USD au transport aérien plongeant le secteur dans une situation "presque sans précédent", a annoncé jeudi 5 mars l'Association internationale du transport aérien (IATA).

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Désinfection d'un avion de la compagnie Vietnam Airlines, à Hanoï le 3 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN 

"En un peu plus de deux mois, les perspectives du secteur dans la plupart des régions du monde se sont radicalement assombries", a souligné le directeur général de d'IATA, Alexandre de Juniac, dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion à Singapour évoquant une situation "presque sans précédent".

Il a appelé les gouvernements à des baisses d'impôs et de charges. Il a aussi demandé l'assouplissement des exigences vis-à-vis des compagnies concernant leurs créneaux d'atterrissage et de décollage, qu'en temps normal elles risquent de perdre si elles tombent sous un seuil de 80% d'utilisation. "Nous vivons un moment exceptionnel", a-t-il déclaré.

L'IATA, qui regroupe 290 compagnies aériennes, a estimé les pertes de chiffre d'affaires des compagnies aériennes pour le transport de passagers entre 63 milliards d'USD si la propagation du virus est contenue (et 113 milliards si le nouveau coronavirus continue à se répandre). Cette estimation ne prend pas en compte les pertes du transport de fret.

Le scénario le plus critique représente une baisse de 19% des revenus mondiaux du transport aérien de passagers, un secteur qui a généré l'an dernier 838 milliards d'USD de chiffre d'affaires.

Les régions Afrique, Amérique latine et Caraïbes sont pour l'heure exclues de cette étude de marché en raison du très faible nombre de cas de personnes contaminées.

"Du point de vue financier, cela serait équivalent à ce qu'a subi le secteur" lors de la dernière crise financière mondiale de 2008-2009, note l'organisation.

Le 20 février, l'IATA avait publié une première estimation de 29,3 milliards d'USD de perte de chiffre d'affaires dans un scénario où l'impact était limité aux marchés associés à la Chine. Mais le virus a atteint depuis plus de 80 pays.

L'épidémie de nouveau coronavirus porte un nouveau coup dur au secteur, fortement affecté après les attentats du 11 septembre 2001 et lors de la crise financière de 2008-2009.

Flybe première victime 

Le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), à l'origine d'une épidémie meurtrière en 2002-2003, était jusqu'ici l'événement lié à une épidémie ayant eu l'impact le plus fort sur les volumes de trafic.

Depuis fin janvier, des dizaines de compagnies aériennes ont suspendu ou réduit leur desserte, dans un premier temps, de la Chine, berceau de l'épidémie, puis de l'Italie. Le mouvement de baisse de réservations a ensuite fait tache d'huile, atteignant désormais toutes les destinations y compris celles qui sont faiblement touchées par la maladie.

Les réservations aériennes à destination de l'Europe, en provenance des continents américains, asiatiques et africains, se sont effondrées de 79% lors de la dernière semaine de février en raison de l'épidémie de coronavirus, a indiqué jeudi 5 mars la société spécialisée Forwardkeys.

Un avion de la compagnie Flybe stationné sur le tarmac de l'aéroport Exeter dans le Sud-Ouest de l'Angleterre, le 5 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mardi 3 mars, les principales compagnies aériennes européennes réunies à Bruxelles avaient prévenu que la crise ferait des victimes parmi les plus faibles d'entre elles.

La compagnie aérienne britannique Flybe a été la première touchée en Europe. Elle a annoncé jeudi 5 mars qu'elle cessait ses activités, incapable de faire face à la chute du trafic aérien liée à l'épidémie, après avoir déjà échappé à la faillite plusieurs fois depuis un an.

Norwegian Air Shuttle a retiré jeudi 5 mars ses prévisions pour l'année en cours, conséquence du nouveau coronavirus qui accentue les difficultés de la compagnie à bas coûts.

Les compagnies aériennes ont déjà annoncé des mesures d'économie avec le gel des embauches, des salaires et promotions, la réduction des dépenses administratives, des congés sans solde, des formations non obligatoires ou encore du chômage technique temporaire.

La compagnie aérienne allemande Lufthansa a immobilisé 150 appareils. Jeudi  5 mars elle a suspendu tous ses vols vers Israël.

Seule bonne nouvelle pour l'heure, la baisse des prix du pétrole depuis le début de l'année qui pourrait faire baisser la facture du kérosène, selon l'IATA.

Plus de 95.000 personnes dans le monde ont été contaminées par le COVID-19 et 3.200 ont succombé au virus.

AFP/VNA/CVN

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