Les marchés toujours tourmentés par la propagation du coronavirus

Les marchés financiers ont de nouveau cédé à l'affolement vendredi 6 mars face à la nouvelle hausse du nombre de cas de coronavirus dans le monde, faisant dégringoler les indices boursiers, chuter les barils de pétrole d'environ 10% et précipiter les taux sur la dette des États.

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À la Bourse de New York, le 5 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Après avoir déjà dévissé de plus de 3% jeudi 5 mars, l'indice vedette de Wall Street est encore tombé de 0,98% vendredi 6 mars, effaçant toutefois une partie de ses pertes en fin de séance. Les Bourses européennes ont pour leur part toutes clôturé sur des pertes sévères, autour de 3,50% pour Milan et Madrid, Francfort terminant sur une chute de 3,26%, Londres de 3,62%, tandis que la palme est revenue à Paris avec un plongeon de 4,14%, inédit depuis le référendum sur le Brexit en juin 2016.

Les bonnes statistiques sur l'emploi aux États-Unis et le déficit commercial américain diffusées vendredi n'y ont rien fait. Une seule donnée semble intéresser désormais les investisseurs: le nombre de nouvelles contaminations quotidiennes au coronavirus dans le monde alors que l'épidémie vient de passer au global la barre des 100.000 cas.

"C'est de cela que dépendra l'évolution de la volatilité et des indices boursiers" dans les prochains jours, déclare Vincent Juvyns, un stratégiste de JP Morgan AM. "Il y a clairement un sentiment de panique qui se diffuse", abonde Nate Thooft, stratège chez Manulife Investment Management. "Personne n'est capable de prédire à quel point l'épidémie sera sévère ni quelles seront les répercussions sur l'économie", souligne-t-il.

Mais après une séquence déjà noire la semaine dernière pour les Bourses mondiales, les marchés mondiaux sont restés très fébriles depuis lundi 2 mars, alternant rebonds puissants et chutes vertigineuses. C'est "la semaine la plus volatile depuis que les États-Unis ont perdu leur triple A en août 2011", rappelle Florence Barjou, responsable de la gestion diversifiée chez Lyxor AM.

Et même si Donald Trump s'est voulu rassurant vendredi en estimant que les marchés allaient "rebondir" et a appelé la Fed à abaisser de nouveau ses taux pour stimuler l'économie, son principal conseiller économique, Larry Kudlow, a reconnu que l'économie américaine "devrait ralentir au prochain trimestre". À ces inquiétudes sur la propagation du virus sur le sol américain et sur l'économie des États-Unis, qui paraissait jusqu'alors relativement épargnée, se sont ajoutées celles liées à la chute brutale des cours du pétrole.

Le baril d'or noir coté à New York a plongé de 10,1% quand celui vendu à Londres a dégringolé de 9,4% alors que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et son principal allié russe ne sont pas parvenus à s'entendre pour amplifier leurs baisses de production. Signe d'une ruée vers les actifs considérés comme des valeurs refuges, le taux sur la dette à 10 ans des États-Unis a plongé sous le seuil des 0,7%, tandis que le taux allemand de même échéance est revenu à son plus bas historique atteint début septembre.

La BCE attendue au tournant

La banque centrale américaine a bien tenté de limiter les dégâts en décidant dans l'urgence mardi d'abaisser ses taux. D'autres banquiers centraux à travers le monde ont assuré qu'ils avaient aussi les outils pour atténuer les conséquences économiques de l'épidémie.

Un panneau indiquant les cours de la Bourse de Tokyo, le 6 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

"C'est une condition nécessaire mais pas suffisante", estime M. Juvyns. "Il est bon d'avoir cet assouplissement monétaire pour faire que le coût de l'argent demeure faible mais la condition suffisante, c'est l'activation de mesures publiques ciblées", dit-il. Nombre d'intervenants de marché considèrent en effet que la réponse à apporter devrait être beaucoup plus budgétaire que monétaire pour être efficace. Des plans de plusieurs milliards ont d'ores et déjà été débloqués aux États-Unis et en Italie pour répondre à cette crise sanitaire inédite.

Tous les regards sont désormais tournés vers la Banque centrale européenne (BCE), qui dévoilera ses intentions la semaine prochaine, et dispose a priori de moins de marges de manœuvre. Pour la BCE, il "sera difficile de ne pas suivre la Fed, surtout étant donné l'évolution de l'euro récemment", la devise européenne ayant temporairement pris 1% vendredi 6 mars face au dollar, juge Mme Barjou.

Si baisse de taux il y a en Europe, le marché s'attend toutefois à ce qu'elle ne dépasse pas 10 points de base. "Nous ne sommes pas à ce stade dans un contexte similaire à 2008 où nous avions réellement un problème fondamental dans notre économie", relativise également M. Juvyns, et "dans les trimestres à venir, la situation va immanquablement s'améliorer comme elle l'a déjà fait en Chine".


AFP/VNA/CVN

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