>>Coronavirus : quarantaine pour plus de 15 millions d'habitants en Italie
Une passagère en gare de Milan, placé en quarantaine en raison de l'épidémie de COVID-19, le 8 mars. |
Dans le large territoire du Nord du pays qui s'étend de Milan à Venise et où vivent plus de 15 millions d'Italiens, soit un quart de la population, les musées, salles de sports, piscines, discothèques, salles de jeux et pubs doivent rester fermés, selon le décret signé dans la nuit par le chef du gouvernement Giuseppe Conte. La population de Milan, alertée dès samedi soir 7 mars par des fuites dans les médias italiens, s'est comme résignée à une vie au ralenti. Les rues étaient peu fréquentées et calmes dimanche 8 mars.
La colère a en revanche éclaté dans certaines prisons, particulièrement dans le Nord. Des révoltes de détenus, provoquées par la suspension des visites familiales, ont ravagé quatre centres de détention, faisant au moins un mort à Modène (Nord) selon une association de visiteurs de prisons. "Restez chez vous le plus possible", a exhorté le maire de Milan, Beppe Sala, dans un message publié sur les réseaux sociaux. "Nous devons changer nos habitudes de vie, nous devons éviter le plus possible les contacts non nécessaires", a ajouté l'édile, qui évoque des "pertes incalculables" pour l'économie.
Milan, siège de la Bourse italienne, compte un peu moins de 1,4 million d'habitants, et dix millions de personnes vivent en Lombardie, cœur industriel de la péninsule. "Ça va être difficile pour l'économie et le tourisme, qui vont être très affectés", commente un élégant retraité de 79 ans, Ambrogio Bellini, qui se promène près de la cathédrale.
Quelque 366 morts
L'appel du maire semble avoir été étendu : aucune affluence extraordinaire à la gare centrale, très calme, où ont même été annulés des départs. Les deux aéroports milanais fonctionnent normalement, même si la Compagnie nationale d'aviation Alitalia a annoncé qu'elle suspendait dès lundi 9 mars ses vols à Malpensa et programmerait seulement des vols nationaux à Linate. Des journalistes de l'AFP dépêchés à la frontière franco-italienne n'ont pas non plus constaté de flux plus importants que d'habitude, et les contrôles restent classiques, sans prise de température.
Côté autrichien, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Peter Guschelbauer a estimé samedi 7 mars que "de nombreuses personnes (autrichiennes) en provenance des zones rouges étaient rentrées" en Autriche, cité par l'Agence de presse autrichienne APA. L'Italie est devenue dimanche 8 mars le pays le plus touché par l'épidémie de coronavirus après la Chine, selon un décompte à partir de chiffres officiels.
La péninsule a enregistré depuis le début de l'épidémie 7.375 cas positifs, dont 366 décès. En 24 heures ont été recensés 133 nouveaux décès. Les 21 régions italiennes sont toutes concernées, mais l'essentiel des cas sont concentrés dans le Nord.
Des personnes portent le masque de protection contre le COVID-19, le 8 mars à Venise. |
"Pure folie"
Depuis dimanche matin 8 mars, les déplacements sont en principe strictement limités à l'entrée et à la sortie des territoires sous quarantaine. "Les forces de police seront habilitées à demander des justifications" aux citoyens qui se déplacent, a prévenu le chef du gouvernement Giuseppe Conte en présentant son décret au milieu de la nuit de samedi 7 mars à dimanche 8 mars. Seuls sont autorisés ceux répondant à des "impératifs professionnels dûment vérifiés et à des situations d'urgence, pour des raisons de santé".
Dans les zones en quarantaine, les bars et restaurants peuvent rester ouverts à condition de respecter la distance de sécurité (un mètre entre deux personnes), sinon ils doivent fermer. Les mesures de confinement concernent toute la région de Lombardie, mais aussi des provinces proches du Piémont (Nord-Ouest) de l'Emilie-Romagne (Centre-Nord), de la région des Marches (Centre-Est), et de Vénétie (Nord-Est).
À Venise, où les gondoles vides de touristes flottent tristement le long des quais, Vincenzo Tosetti, un acteur de 34 ans, témoigne : "Beaucoup de mes amis ont fui, notamment de Milan. Ils ont fait leur valise et sont partis hier soir". "On va voir si les Italiens ont le sens des responsabilités et je dois dire que jusqu'à présent la réponse est plutôt non...". La presse italienne avait éventé dès samedi soir le contenu du décret du gouvernement italien paru durant la nuit, provoquant l'ire du chef du gouvernement.
Le professeur Massimo Galli, dont l'équipe a isolé une variante italienne du virus, a indiqué qu'il s'agissait d'une "désastreuse erreur de communication" et d'une "idiotie absolue". La fuite d'habitants est "une pure folie" car les voyageurs "emportent avec eux la contagion", s'est aussi inquiété le professeur de virologie Roberto Burioni, un scientifique respecté.
AFP/VNA/CVN