Lors d'une réunion informelle les 5 et 6 mars à Cordoue (Sud de l'Espagne), de nombreux ministres ont dit vouloir donner une chance à la baronne britannique, qui a subi au cours de ses premiers 100 jours en poste des volées de bois vert à Bruxelles et dans de nombreuses capitales européennes, souvent sous couvert d'anonymat. "Ashton est une personne très énergique, tenace et résistante et nous allons tous la soutenir, car cela équivaut à soutenir notre politique", a affirmé samedi le ministre luxembourgeois Jean Asselborn, appelant à "ne pas sous-estimer quelqu'un de réservé, peut-être un peu timide" au premier abord. "Elle n'aura du succès que si tous les ministres des Affaires étrangères la soutiennent", a déclaré de son côté l'Allemand Guido Westerwelle, sou- lignant avoir ressenti à Cordoue "beaucoup de soutien pour son travail".
"Elle montre beaucoup de bonne volonté politique, qui demande à être traduite dans les faits", a assuré l'Italien Franco Frattini.
Prise au milieu d'une bataille entre la Commission et les États pour la répartition des postes-clés au sein du "Service d'action extérieure" (SAE) de l'UE, un corps de 5.000 à 7.000 diplomates chargés de représenter l'Europe dans le monde, Mme Ashton doit aussi composer avec le souci de chaque État de s'y assurer de l'influence.
Aussi a-t-elle reçu ces derniers jours de nombreuses lettres aux allures de mises en garde ou de recadrage. Notamment après les irritations suscitées dans plusieurs capitales européennes par la nomination comme "ambassadeur" de l'UE à Washington d'un ex-directeur de cabinet du président de la Commission euro-péenne, José Manuel Barroso.
Des petits pays comme la Slovénie, la Lettonie, la Lituanie ou Chypre ont aussi réclamé une représentation "adéquate".
Ces commentaires sont des contributions "plutôt positives" au débat en cours, a jugé samedi Mme Ashton. Mais elle a, en même temps d'emblée, opposé une fin de non recevoir à l'idée de "quotas géographiques rigides" pour la répartition des postes, privilégiant une "sélection fondée sur le mérite", a indiqué une source proche de la présidence espagnole de l'UE.
Tout en assurant les ministres européens qu'au final, tous "les États européens seraient représentés" dans le SAE, selon cette source.
Mme Ashton doit présenter d'ici la fin avril son projet, aussi bien en matière d'organigramme que de budget. Et la bataille des postes bat déjà son plein. Paris, par exemple, verrait bien Mme Ashton secondée par un secrétaire général français. Le nom de l'actuel ambassadeur de France à Washington, Pierre Vimont, ancien Haut représentant de son pays auprès de l'UE, circule. Mais d'autres pays ont des visées sur ce poste-clé.
L'autre enjeu à trancher est celui des moyens dont Mme Ashton pourra disposer. "Pour avoir une politique européenne en matière d'affaires étrangères efficace, nous avons besoin de volonté politique. Et aussi, soyons honnêtes, de plus d'argent", souligne le Finlandais Alexander Stubb.
AFP/VNA/CVN