Malgré les efforts du gouvernement pour rassurer, le monde entier suit avec une inquiétude grandissante l'évolution d'une situation encore extrêmement mouvante et incertaine.
Face à cette menace nucléaire et aux dizaines de répliques parfois violentes qui se succèdent sans interruption depuis le terrible séisme de le 11 mars dans le Nord-Est, de nombreux États ont recommandé la prudence à leurs ressortissants.
La plupart des pays déconseillent de venir au Japon, notamment à Tokyo ou dans le Nord. Les femmes et les enfants sont encouragés à partir vers le Sud de l'archipel ou bien à l'étranger.
Depuis le 11 mars, la centrale nucléaire de Fukushima 1, située à seulement 250 km de Tokyo, la plus importante mégapole du monde avec 35 millions d'habitants, enchaîne les accidents, faisant craindre une fuite radioactive.
Les systèmes de refroidissement sont tombés successivement en panne dans trois des six réacteurs de cette centrale datant des années 1970.
Après plusieurs opérations destinées à stopper un début de fusion, deux explosions de vapeur d'hydrogène se sont produites samedi et le 14 mars au niveau des bâtiments abritant les réacteurs 1 et 3.
Dans le bâtiment 3, l'explosion a soufflé le 14 mars le toit, mais n'a pas affecté l'enceinte de confinement abritant le réacteur, a précisé l'opérateur Tokyo Electric Power (Tepco).
Un processus similaire s'est engagé autour du réacteur 2 mais une grosse explosion a été jugée improbable lundi soir par le gouvernement.
"Il n'y a absolument aucune possibilité d'un Tchernobyl", a affirmé le ministre de la Stratégie nationale, Koichiro Genba, en s'appuyant sur les experts de l'Agence de sûreté nucléaire.
L'accident de la centrale ukrainienne, en 1986, est considéré comme l'accident nucléaire le plus grave de l'histoire. Il a été évalué au niveau 7, le plus élevé, sur l'échelle des événements nucléaires et radiologiques (Ines), tandis que l'explosion survenue samedi à Fukushima a atteint le niveau 4.
Dans les zones dévastées par le séisme de magnitude 8,9 suivi du tsunami, les sauveteurs ont lancé "une course contre la montre désespérée pour sauver ceux qui pourraient être coincés sous les montagnes colossales de débris", a indiqué le porte-parole de la Croix-Rouge, Patrick Fuller.
Mais sans succès le 14 mars. Au contraire, ce sont environ 2.000 cadavres qui ont été retrouvés sur les côtes de la province de Miyagi, où le nombre de morts pourrait dépasser les 10.000, selon le chef de la police locale.
Les autorités ont également déployé d'énormes moyens pour porter secours aux 590.000 personnes évacuées, soit qu'elles aient perdu leur logement, soit parce qu'elles habitaient dans un rayon de 20 km autour de la centrale.
"Nous manquons surtout d'eau potable. Mais aussi de vivres et d'information", a témoigné Hiroshi Kameyama, le maire de la ville portuaire d'Ishinomaki, où les opérations de secours sont perturbées par les répliques et la crainte d'un nouveau tsunami.
Le Japon a mobilisé 100.000 soldats, soit 40% des effectifs de son armée, tandis que des équipes de sauveteurs étrangers arrivaient du monde entier.
"La capacité du Japon à se relever dépend de chacun d'entre nous", a déclaré le Premier ministre, Naoto Kan, qui porte depuis le 11 mars l'uniforme des services d'urgence. Le pays fait face, selon lui, à "sa plus grave crise en 65 ans, depuis la seconde guerre mondiale".
Cette situation a rendu nerveux les investisseurs, avertis par le gouvernement de "l'impact considérable" qu'aura le séisme sur l'économie.
L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a plongé de 6,18% le 14 mars et poussé à la baisse les autres places boursières.
Les principaux constructeurs nippons d'automobiles ont suspendu le 14 mars leur production dans tout le pays, à cause de difficultés d'approvisionnement.
La compagnie électrique Tepco, qui dessert l'Est du Japon, a commencé le 14 mars des coupures de courant planifiées alors que onze réacteurs étaient à l'arrêt. Le nucléaire produit environ un tiers de l'électricité de l'archipel.
La Banque du Japon a procédé à la plus importante injection de liquidités de son histoire en mettant 15.000 milliards de yens (131,6 milliards d'euros) sur le marché pour "assurer la stabilité des marchés financiers".
La situation au Japon a ravivé le débat sur le nucléaire civil dans de nombreux pays, dont l'Allemagne et la France. La Suisse a suspendu ses projets de renouvellement de centrales, tandis que l'Inde va vérifier la sécurité de tous ses réacteurs. Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a en revanche indiqué que Moscou ne comptait pas remettre en cause ses projets dans le nucléaire.
AFP/VNA/CVN